Devoir de Philosophie

Respecter autrui, est-ce s'interdire de le juger ?

Publié le 10/02/2004

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interdire

« Les êtres raisonnables sont appelés des personnes, parce que leur nature les désigne déjà comme des fins en soi, c'est à dire comme quelque chose qui ne peut pas être employé simplement comme moyen, quelque chose qui, par suite, limite d'autant toute faculté d'agir comme bon nous semble (et qui est un objet de respect). «   Kant, Fondements de la métaphysique des moeurs. ·         On voit ici que Kant voit dans l'autre une valeur, digne de respect, qui nous empêche d'agir contre notre propre bien. Si autrui limite notre faculté d'agir comme bon nous semble, c'est aussi parce que nous voyons en lui ce que nous pouvons, ou non pouvons pas, faire.   3.      Alors, si respect et jugement sont semblables, pourquoi le sentiment du respect ne vaut vraiment envers autrui, envers l'inconnu, que lorsque j'arrive à ne porter sur lui aucun jugement ?   ·         Autrui est un autre moi-même. Différent de moi, je peux m'y référer dans les actes et les paroles. Nous avons pu voir que le jugement que l'on portait sur autrui était ce qui permettait de le respecter. Alors pourquoi se demander s'il en vaut pas mieux s'interdire de juger ?

Analyse.

·         Le sujet qui nous est présenté ici nous met face à plusieurs notion importantes en philosophique : autrui, le respect, le jugement. Il nous faudra donc, dans un premier temps, apporter une définition de ceux-ci :

o   Autrui. Pour définir autrui de façon sommaire, nous devons admettre en l’autre une tension, entre son identité avec nous et son altérité. On ne peut définir en effet autrui comme étant soi-même absolument, sans quoi il n’a plus lieu d’être : c’est moi. On ne peut non plus y voir un autre absolument différent, au risque de l’exclure.

o   Le respect. C’est avant tout une pise en considération. Lorsque l’on respecte autrui, on prend en considération ses actes et ses paroles. Par le respect, il faut aussi entendre une reconnaissance de valeur à l’autre, qui modifie notre conduite vis-à-vis de lui.

o   Juger. Lorsque l’on juge, on estime. Juger, c’est trancher, donner une valeur, dire si ce que l’on juge est bon ou mauvais. Juger une personne consiste à se faire une opinion sur elle. Par le jugement, nous portons donc une considération sur les personnes, sur ce qu’elles sont, ou sur ce que nous supposons qu’elles soient.

·         Nous voyons de suite le problème engendré par notre question. Lorsque l’on respecte quelqu’un c’est qu’o l’en juge digne. Comment, alors, pourrions-nous respecter quelqu’un sans le juger ?

·         De plus, nous avons un dernier terme à prendre en compte. L’interdiction. Notre question porte ne effet sur le choix conscient de se priver d’un jugement envers autrui pour pouvoir le respecter.

·         C’est à la fois dans la nature de cet interdit, et dans la signification du mot respect que nous devrons trouver les réponses à ce sujet.

 

Problématisation.

L’homme n’aime pas porter le regard sur ses semblables. Peut-être parce qu’il s’y voit, il juge très souvent sévèrement autrui, s’empêchant de lui porter, finalement, le respect qui lui est dû. Mais alors, respecter autrui, est-ce s’interdire de le juger ?

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« « Il est [...] au fond des âmes un principe inné de justice et devertu, sur lequel, malgré nos propres maximes, nous jugeons nosactions et celles d'autrui comme bonnes ou mauvaises, et c'est àce principe que je donne le nom de conscience.

» Rousseau, Émileou De l'éducation. · Selon Rousseau, nous portons un jugement en conscience.

Ce jugement nous permet donc d'évaluer, de dire ce qui est bon oumal, selon nous.

Si nous refusons de porter ce jugement, nousrefusons, du même coup de prendre conscience des choses, d'êtreconscient de ce qui se produit. · Et, si le refus de juger tout actes, les siens comme ceux des autres et présent, comment admettre que l'on puisse encorerespecter quoi que ce soit ? 2.

Qu'est ce que le respect, si ce n'est un jugement ? · Il est tout de même assez difficile d'admettre que le refus de juger, l'interdiction que l'on se donne à soi-même de porter un jugement, puisse donner lieu aurespect. · Le respect, dans ce qui le définit, n'et-il pas la marque même du jugement ? On respecte quelqu'un parce que l'on constate en lui une valeur qui, selon nous, correspond à ce qui est bon. · Respecter quelqu'un, c'est reconnaître en lui une valeur.

Cette reconnaissance est un jugement, spécifiquement.

On ne peut séparer le respect du jugement.

Si l'on respect, ou non d'ailleurs, unepersonne, c'est qu'on l'a d'abord jugée. « Les êtres raisonnables sont appelés des personnes, parce queleur nature les désigne déjà comme des fins en soi, c'est à direcomme quelque chose qui ne peut pas être employé simplementcomme moyen, quelque chose qui, par suite, limite d'autant toutefaculté d'agir comme bon nous semble (et qui est un objet derespect).

» Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs . · On voit ici que Kant voit dans l'autre une valeur, digne de respect, qui nous empêche d'agir contre notre propre bien.

Siautrui limite notre faculté d'agir comme bon nous semble, c'estaussi parce que nous voyons en lui ce que nous pouvons, ounon pouvons pas, faire. Le devoir est une loi de la raison. «Agis de telle sorte que tu traites l'humanité aussi bien dans tapersonne que dans la personne de tout autre toujours en mêmetemps comme une fin et jamais simplement comme un moyen.»Kant, Fondements de la métaphysique des moeurs (1785). • L'impératif catégorique de Kant est distinct ducommandement christique quant à son fondement.

En effet lecommandement d'amour du Christ vient de l'extérieur et est fondé sur un commandement antérieur quiprescrit l'obéissance inconditionnelle au Christ.

L'impératif kantien vient, lui, de la raison.

C'est ennous-mêmes que nous le trouvons, comme une structure de notre propre esprit, qui fonde notremoralité.• Que ce soit un «impératif» ne signifie pas que nous soyons contraints à nous y plier, mais il est ennous comme une règle selon laquelle nous pouvons mesurer si nos actions sont morales ou non (d'oùla «mauvaise conscience»).• Il se distingue aussi par sa portée.

En effet, traiter les autres «comme une fin» ne signifie pasnécessairement les «aimer».

C'est à la fois moins exigeant, car il s'agit «seulement» de les respecter,en reconnaissant en eux la dignité humaine.

Mais c'est aussi plus exigeant, car il faut maintenir lerespect même quand on n'aime pas! C'est là que le «devoir» est ressenti comme tel. 3.

Alors, si respect et jugement sont semblables, pourquoi le sentiment du respect ne vaut vraiment envers autrui, envers l'inconnu, que lorsque j'arrive à ne porter sur lui aucun jugement ? · Autrui est un autre moi-même.

Différent de moi, je peux m'y référer dans les actes et les paroles.. »

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