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satire - littérature.

Publié le 28/04/2013

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satire - littérature. 1 PRÉSENTATION satire (littérature), genre d'écrits en prose ou en vers, qui dépeignent les vices, les travers et les ridicules d'une société ou d'un personnage. 2 DÉFINITION DU GENRE La satire est un genre, mais il existe un ton ou un esprit « satirique « qui peuvent caractériser des oeuvres appartenant à un autre genre : au XVIIe siècle, les Satires de Boileau sont des illustrations exemplaires du genre satirique, mais il y a aussi une dimension satirique dans le théâtre de Molière (les Précieuses ridicules), dans les oeuvres de Scarron (le Roman comique) ou de Furetière (le Roman bourgeois) ou encore dans des écrits pamphlétaires, comme les mazarinades. De façon générale, le ton caractéristique de la satire joue un rôle dans les écrits polémiques, qu'il s'agisse des polémiques à proprement parler ou des pamphlets. La satire, comme genre, se distingue néanmoins de ce genre apparenté qu'est l'écrit polémique en ce qu'elle accorde moins de place à la dimension proprement argumentative, qui est tout à fait représentative du texte polémique. Ce dernier est un écrit persuasif, qui peut user de traits satiriques pour mieux disqualifier la thèse, l'institution ou le personnage qu'il incrimine, mais c'est la dimension de dénonciation et de discussion qui y prédominent. Par rapport au pamphlet, la satire se caractérise par un ton plus léger et une violence verbale moindre. La littérature pamphlétaire, en tant que littérature d'humeur et littérature de circonstance, liée à un moment ou à une conjoncture spécifiques, se définit par sa propension à dresser un tableau apocalyptique ou outré de ce qu'elle dénonce. Le pamphlet use, le cas échéant, d'une argumentation ad hominem qui peut aller jusqu'à l'injure pure et simple : les écrits de Léon Bloy contre Zola (Mercure de France, 1894), ou contre Jules Vallès et Paul Bourget dans Propos d'un entrepreneur de démolition (1884) sont exemplaires à cet égard. La satire, elle, se caractérise par la prédominance de l'élément narratif ou anecdotique, souvent absent du pamphlet et du texte polémique. Elle est descriptive. La peinture satirique des moeurs brosse un tableau outré des vices qu'elle stigmatise. La satire est par excellence une oeuvre d'inspiration moraliste. Elle implique de plus que l'énonciateur soit absent du monde représenté, qui est un univers grotesque : il y est clairement énoncé que ni l'énonciateur ni le lecteur n'ont à voir avec ce monde-là ; l'univers représenté dans la satire est carnavalesque, et il est dépeint de l'extérieur. C'est cette mise à distance qui autorise le rire. 3 HISTOIRE DU GENRE Il n'y a pas de genre satirique à proprement parler dans la Grèce antique, mais il y a une composante satirique, notamment dans les comédies d'Aristophane. 3.1 La satire latine C'est à la littérature latine qu'il revient d'avoir constitué la satire en genre. Les premiers textes satiriques en vers sont dus à Caius Lucilius, mais ce sont Horace et Juvénal qui ont illustré le genre et qui en ont durablement fixé un certain nombre de traits canoniques. Les Satires d'Horace reprennent les thèmes de Lucilius et sa critique des moeurs romaines, tandis que les seize Satires en vers de son contemporain Juvénal sont une dénonciation plus violente de la corruption qui régnait dans la société romaine. À la même époque (Ier-IIe siècle), Martial donnait de cinglants recueils d'épigrammes, mêlant raillerie et invective. C'est d'ailleurs à Martial que l'on doit l'évolution de l'épigramme -- originairement court poème commémoratif -- vers la satire (au XVIe siècle, les épigrammes de Marot seront également des pièces satiriques, même si la dimension commémorative y subsiste). L'oeuvre fameuse de Pétrone, le Satiricon (v. 60), sans être une satire à proprement parler puisqu'il s'agit d'un roman en prose et en vers, est un texte d'un réalisme cru et d'une étonnante liberté de ton et de style, qui décrit les tribulations de deux jeunes gens, Ascylte et Encolpe, et de leur esclave Giton dans la Rome décadente du Ier siècle. 3.2 La satire médiévale Pendant la période médiévale, la satire est représentée par le genre de la sotie, farce allégorique et bouffonne (notons que la sotie est une forme littéraire datée, appartenant en propre au Moyen Âge). Les soties mettent en scène un peuple imaginaire et grotesque, celui des sots, miroir carnavalesque de la société médiévale. Quant aux fabliaux, ce sont de petits récits en vers octosyllabes, qui visent à ridiculiser les femmes, leurs amants et les maris jaloux ; leur dimension satirique est bouffonne et lourdement appuyée. Au XIVe siècle, les Contes de Cantorbéry, de Chaucer et le Décaméron, de Boccace sont des contes à la fois grivois et satiriques. 3.3 La satire du XVIe au XVIIIe siècle À la Renaissance, nombre de textes célèbres intègrent à un titre quelconque des éléments satiriques, sans se réduire au genre de la satire ; tel est le cas dans l'oeuvre de Rabelais (Gargantua, Pantagruel, le Tiers Livre, le Quart Livre), dans celle d'Érasme (Éloge de la folie), dans le Don Quichotte, de Cervantès, dans la Nef des fous (1494), de Sebastian Brandt, et dans certains aspects des comédies de Shakespeare. Au XVIIe siècle, les comédies les plus en vogue comportent une dimension satirique, qu'il s'agisse de celles de Molière (le Médecin malgré lui, les Précieuses ridicules, l'École des femmes, les Femmes savantes, l'Avare) ou de celles de Ben Jonson (Volpone ou le Renard, Épicène ou la Femme silencieuse, l'Alchimiste, la Foire de la Saint-Barthélemy). Mais à l'âge classique, ce sont les Satires de Boileau (1666-1705), inspirées de celles d'Horace et de Juvénal, qui illustrent le genre proprement dit. Ces Satires sont dirigées contre des auteurs contemporains, Quinault, Pradon, Mlle de Scudéry, et elles ridiculisent la poésie épique de l'académicien Chapelain. Boileau affirme plaisamment que la postérité ne retiendra le nom d'un autre académicien, Charles Cotin (auteur de poèmes précieux dont Molière aurait fait le modèle de Trissotin dans les Femmes savantes) que parce qu'il aura été sa victime. La dimension épigrammatique des Satires, brillantes et pleines de verve, s'accompagne d'un propos moral. Dans les Caractères de La Bruyère, la satire inventorie les ridicules et les travers de la cour, perçue comme une région dont les habitants ont une apparence, des rites et des moeurs étranges. Les personnages que décrit La Bruyère sont classés par types, de façon à former une galerie de portraits de courtisans, de coquettes, de femmes galantes, d'écrivains envieux et d'inutiles oisifs, miroirs des ridicules de la vie de cour et de la vanité de la condition humaine. L'oeuvre était initialement conçue comme une suite aux Caractères de Théophraste. Le XVIIIe siècle a été un âge d'or de la satire. Liée à l'esprit des Lumières, en tant que celui-ci se définissait d'abord comme un esprit d'examen, un esprit critique, la satire devient non plus seulement le moyen d'une critique des moeurs, mais aussi celui d'une critique philosophique et politique qui trouve ses racines dans les oeuvres des moralistes du XVIIe siècle. Les textes de Montesquieu (les Lettres persanes, 1721) ou de Voltaire (Romans et contes, 1748) reprennent sur des modes divers les thèmes de la critique des moeurs européennes. En Angleterre, les plus brillantes réussites du genre datent de cette époque, avec les satires de Pope (Dunciade, 1728-1743) ou celles de Joseph Addison. Fielding, Smollett, Swift, ont également écrit des romans satiriques : la Vie de Jonathan Wild le Grand (1743), de Fielding, par exemple, était dirigée contre Horace Walpole, tandis que le Voyage de Humphry Clinker (1771), de Smollett, et les Voyages de Gulliver, de Swift, sont des satires qui dépassent largement les ambitions propres au genre. Les Aventures de Joseph Andrews, de Fielding (1742), parodient quant à elles le moralisme et le sentimentalisme d'un fameux roman de Samuel Richardson, Paméla ou la Vertu récompensée, datant de 1740 (un premier texte de Fielding, paru anonymement, Justification de la vie de Mrs Shamela Andrews, raillait déjà l'oeuvre de Richardson). 3.4 La satire aux XIXe et XXe siècles Au XIXe siècle, après son apogée, la satire revit dans certaines oeuvres polémiques, comme les Châtiments, de Victor Hugo. Les textes pamphlétaires de Barbey d'Aurevilly, de Zola, de Léon Bloy puisent à l'occasion dans des thèmes propres à la satire, mais leur violence verbale, leur goût pour les dénonciations belliqueuses et l'invective les éloignent de la dénonciation plaisante des ridicules et des tableaux carnavalesques spécifiques à la verve satirique. En Angleterre, la dimension satirique n'est pas absente des textes de certains romantiques, comme Blake, alors qu'elle n'existe guère dans les oeuvres des romantiques français si ce n'est, ponctuellement, chez Musset et Hugo. À la suite de Fielding, Jane Austen écrit une parodie de roman gothique, Northanger Abbey (1818). Les romans de Dickens, comme ceux de Thackeray, comportent des traits satiriques, sans que la gravité du propos social soit altérée par la légèreté des descriptions. Plus tard, les pièces de George Bernard Shaw, L'argent n'a pas d'odeur (1892), la Profession de Mme Warren (1893), le Héros et le Soldat (1894) et Pygmalion (1912), ou celles d'Oscar Wilde, plus humoristiques et plus désabusées (De l'importance d'être constant, 1895), renouvelleront les thèmes de la satire sociale caractéristiques de la comédie de moeurs (dont l'apogée avait coïncidé, au XVIIIe siècle, avec les pièces de Sheridan, comme l'École de la médisance, 1777, ou le Critique ou la Tragédie en répétition, 1779). Au XXe siècle, la satire en tant que genre a vécu, et c'est la permanence de l'esprit satirique dans des oeuvres appartenant à des genres divers qu'il faut désormais évoquer. Gide, par exemple, a donné le sous-titre de sotie à l'un de ses romans, les Caves du Vatican, et il y a indéniablement des traits satiriques dans les Faux-Monnayeurs, sans que l'on puisse considérer qu'on a affaire là à une renaissance de la satire, laquelle demeure, en tant que genre, une forme datée. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

« Mais à l'âge classique, ce sont les Satires de Boileau (1666-1705), inspirées de celles d'Horace et de Juvénal, qui illustrent le genre proprement dit.

Ces Satires sont dirigées contre des auteurs contemporains, Quinault, Pradon, Mlle de Scudéry, et elles ridiculisent la poésie épique de l'académicien Chapelain.

Boileau affirme plaisamment que la postérité ne retiendra le nom d'un autre académicien, Charles Cotin (auteur de poèmes précieux dont Molière aurait fait le modèle de Trissotin dans les Femmes savantes) que parce qu'il aura été sa victime.

La dimension épigrammatique des Satires, brillantes et pleines de verve, s'accompagne d'un propos moral. Dans les Caractères de La Bruyère, la satire inventorie les ridicules et les travers de la cour, perçue comme une région dont les habitants ont une apparence, des rites et des mœurs étranges.

Les personnages que décrit La Bruyère sont classés par types, de façon à former une galerie de portraits de courtisans, de coquettes, de femmes galantes, d'écrivains envieux et d'inutiles oisifs, miroirs des ridicules de la vie de cour et de la vanité de la condition humaine.

L'œuvre était initialement conçue comme une suite aux Caractères de Théophraste.

Le XVIII e siècle a été un âge d'or de la satire.

Liée à l'esprit des Lumières, en tant que celui-ci se définissait d'abord comme un esprit d'examen, un esprit critique, la satire devient non plus seulement le moyen d'une critique des mœurs, mais aussi celui d'une critique philosophique et politique qui trouve ses racines dans les œuvres des moralistes du XVII e siècle.

Les textes de Montesquieu (les Lettres persanes, 1721) ou de Voltaire (Romans et contes, 1748) reprennent sur des modes divers les thèmes de la critique des mœurs européennes. En Angleterre, les plus brillantes réussites du genre datent de cette époque, avec les satires de Pope (Dunciade, 1728-1743) ou celles de Joseph Addison.

Fielding, Smollett, Swift, ont également écrit des romans satiriques : la Vie de Jonathan Wild le Grand (1743), de Fielding, par exemple, était dirigée contre Horace Walpole, tandis que le Voyage de Humphry Clinker (1771), de Smollett, et les Voyages de Gulliver, de Swift, sont des satires qui dépassent largement les ambitions propres au genre. Les Aventures de Joseph Andrews, de Fielding (1742), parodient quant à elles le moralisme et le sentimentalisme d'un fameux roman de Samuel Richardson, Paméla ou la Vertu récompensée, datant de 1740 (un premier texte de Fielding, paru anonymement, Justification de la vie de Mrs Shamela Andrews, raillait déjà l'œuvre de Richardson). 3. 4 La satire aux XIX e et XX e siècles Au XIX e siècle, après son apogée, la satire revit dans certaines œuvres polémiques, comme les Châtiments, de Victor Hugo.

Les textes pamphlétaires de Barbey d'Aurevilly, de Zola, de Léon Bloy puisent à l'occasion dans des thèmes propres à la satire, mais leur violence verbale, leur goût pour les dénonciations belliqueuses et l'invective les éloignent de la dénonciation plaisante des ridicules et des tableaux carnavalesques spécifiques à la verve satirique. En Angleterre, la dimension satirique n'est pas absente des textes de certains romantiques, comme Blake, alors qu'elle n'existe guère dans les œuvres des romantiques français si ce n'est, ponctuellement, chez Musset et Hugo.

À la suite de Fielding, Jane Austen écrit une parodie de roman gothique, Northanger Abbey (1818). Les romans de Dickens, comme ceux de Thackeray, comportent des traits satiriques, sans que la gravité du propos social soit altérée par la légèreté des descriptions.

Plus tard, les pièces de George Bernard Shaw, L'argent n'a pas d'odeur (1892), la Profession de Mme Warren (1893), le Héros et le Soldat (1894) et Pygmalion (1912), ou celles d'Oscar Wilde, plus humoristiques et plus désabusées (De l'importance d'être constant, 1895), renouvelleront les thèmes de la satire sociale caractéristiques de la comédie de mœurs (dont l'apogée avait coïncidé, au XVIII e siècle, avec les pièces de Sheridan, comme l'École de la médisance, 1777, ou le Critique ou la Tragédie en répétition, 1779). Au XXe siècle, la satire en tant que genre a vécu, et c'est la permanence de l'esprit satirique dans des œuvres appartenant à des genres divers qu'il faut désormais évoquer.

Gide, par exemple, a donné le sous-titre de sotie à l'un de ses romans, les Caves du Vatican, et il y a indéniablement des traits satiriques dans les Faux-Monnayeurs, sans que l'on puisse considérer qu'on a affaire là à une renaissance de la satire, laquelle demeure, en tant que genre, une forme datée. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation.

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