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Le Tartuffe de Molière: Un pamphlet anticlérical ?

Publié le 22/02/2012

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Dans Tartuffe tout se tient et la fable politique est indissociable de la satire anticléricale. Les ennemis de Molière lui reprochaient d'avoir fait oeuvre d'impiété en tournant en dérision les prêtres et la religion. La question de savoir si Tartuffe était un ecclésiastique ou un laïc a joué un rôle si important dans cette affaire. Après la première représentation du 12 mai 1664, Roullé et quelques autres ont accusé Molière d'avoir, en habillant en prêtre son faux dévot, jeté le discrédit sur l'ensemble du clergé. C'est pourquoi le principal remaniement que Molière ait apporté à sa pièce pour la faire accepter, a été de changer l'« état » de son imposteur. Dans L'Hypocrite, il portait le rabat, il était de que l'on appelait « un petit collet ».

« De l'humanisme au libertinage Depuis le début du siècle une violente controverse opposait les dévots et les libertins.

Ceux-ci au fond étaient leshéritiers des humanistes de la période précédente dont ils avaient radicalisé les positions critiques à l'égard dudogmatisme religieux.On ne sait si Molière suivit ou non les cours du philosophe Gassendi qui se réclamait de Lucrèce et d'Epicure.

Pourconnaître sa pensée réelle, il nous reste seulement à interroger son oeuvre.

Tartuffe est plein d'enseignement à cetégard, moins d'ailleurs par la figure de Tartuffe, l'imposteur, que par celle d'Orgon, la dupe.Le comique attaché au premier repose, certes, sur le contraste entre sa sensualité, sa gourmandise, ses élansirrépressibles de concupiscence et la spiritualité fervente dont il fait profession dans ses fonctions de directeur deconscience.

Mais le ridicule du second va beaucoup plus loin car il provient d'une absence de jugement, d'unecrédulité qui procèdent, qu'on le veuille ou non, de la nature même du sentiment religieux, de la «dévotion» quil'animent.

C'est donc bien le mécanisme mental de la foi qui est à l'origine de son comportement aberrant.Le personnage de Tartuffe nous éclaire peu sur les idées personnelles de l'auteur, mise à part une satire au premierdegré dont les motivations sont essentiellement d'ordre politique.

Molière, en effet, par précaution, s'est ingénié àséparer nettement l'hypocrite du dévot, en sorte que la dévotion n'est que le terrain sur lequel s'exerce l'hypocrisieet peut donc apparaître comme secondaire.En revanche, il faut chercher la véritable signification de l'oeuvre dans l'opposition entre Cléante et Orgon, entre ledéfenseur d'une morale humaniste et le pratiquant fanatique d'une religion qui recommande l'abandon de toutes lesaffections humaines.Parfois, au détour d'une conversation, il semble que l'auteur soulève un coin du voile sur ses intentions profondes.Ainsi dans un passage de la scène 5 du premier acte, Orgon se félicite de l'enseignement de Tartuffe qui lui apprend«à n'avoir affection pour rien»: « De toutes amitiés il détache mon âme;Et je verrais mourir frère, enfants, mère et femme,Que je m'en soucierais autant que de cela.» A quoi le sage Cléante répond : Les sentiments humains, mon frère, que voilà!» L'hypocrisie de Tartuffe ici n'est pas en cause, ni l'usage pervers qu'il peut faire des préceptes de l'Eglise, mais lefond même d'un enseignement, celui du Christ, qui, appliqué avec cette entièreté, menace de détruire tout liensocial et familial.

Une morale humaniste, celle de Cléante, s'oppose à la passion religieuse d'Orgon, aveuglé par desidées dont Tartuffe n'est que le porte-parole.. »

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