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Les traductions

Publié le 12/02/2018

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Les traductions

Des quelques romans grecs mis en français au xvie siècle, les plus notables sont l'Histoire Aethiopique d'Héliodore, Les Amours pastorales de Daphnis et Chloé de Lon­gus,tous deux traduits par Amyot,l'un en 1547,l'autreen l559, et ClitophonetLeucippe d'Achille Tatius, traduit incomplètement en 1545 par Claude Colet, en 1556 par Jacques de Roquemaure et complètement en 1568 par Belleforest; le texte de Tatius avait d'abord été traduit en latin. L'influence de ces romans, à la date où ils sont publiés, se confond avec celles des premiers romans espagnols, mais elle se main¬tiendra plus longtemps et sera encore sensible au xvme siècle; on sait que Racine songea à écrire une tragédie de Théagène et Chariclée, et que Daphnis et Chloé, après avoir inspiré des gravures galantes au libertin duc d'Orléans, serviront en partie de modèles à l'auteur de Paul et Virginie. Les épisodes qui encombrent la littérature romanesque du xvne siècle, amours contrariées d'adolescents, tempêtes, naufrages, voyages chez des peuples étrangers, enlèvements par des pirates, découverte par le héros ou l'héroïne de son illustre naissance, n'ont pas leur unique source dans ces œuvres, mais leur empruntent une sorte d'autorité. Peut­être faut-il faire remonter à l'Histoire Aethiopique tout le symbolisme solennel et décoratif, les cérémonies religieuses, les fêtes où triomphent les parfaits amoureux, les personnages de prêtres ou de sages vieillards qui sont si fréquents dans les romans sentimentaux, à la fin du xvie et au début du xvne siècle. Mais les Amadis en offraient aussi des exemples, et, de façon plus systématique, L' Hypnérotomachie de l'italien Francesco Colonna, traduite ou plutôt adaptée par Jean Martin en 1546.

Ni le Satiricon de Pétrone, ni L'Ane d'or d'Apulée n'avaient été ignorés du Moyen Age; leur influence sur le roman réaliste français est certaine, sans que les traductions françaises publiées au xvie siècle aient fait époque '• Ce n'est pas aux

œuvres antiques que le roman français doit son renouveau. .

« Il serait exagéré de dire qu'il le doit à l'Espagne et à l'Italie : en fait, le roman moderne, si l'on fait commencer les temps modernes à la Rena issance, se développe à peu près simultanément dans les trois pays latins avec l'ensemble de leurs litté­ ratures nationales.

Beaucoup d'œuvres furent lues en France dans leur texte original ou dans des traductions latines avant d'être mises en fran çais ; beaucoup aussi furent ref ondues, augment ées, abrégées, remaniées de telle sorte par les prétendus traduc­ teurs qu'elles devinrent en fran çais des œuvres originales :le texte italien ou espagnol est un point de départ, une matière première que le traducteur adapte au goût fr an çais ; une œuvre étrangère n'est assimilée que dans la mesure où elle s'accorde avec le génie du pays dans lequel elle est introduite, avec sa tradition littéraire et l'évolution de son goût.

Certains textes, venus trop tôt, n'ont trouvé leurs lec­ teurs que grâce à des rééditions ou à des traductions nouvelles faites à un momeJJ,t plus opportun.

La traduction du Décameron par Premie rfait, en 1414 , ne fut pas sans influence comme nous l'avons vu, mais c'est surtout la traduction faite en 15 45 par Antoine Le Maçon, à la demande de Marguerite de Navarre., qui toucha le public français parce qu'il pouvait y voir désormais une image de sa vie de société et de ses conversations ; le succès de Lazarillo de Tors ne date pas de la première traduction, faite en 1561, mais de la traduction de 1601 contemporaine de la mode qui introduisit en France de nombreux romans picaresques espagnols; de même encore, la Diana de Montemayor traduite en 1578 par N.

Collin resta sans écho ou presque, tandis que la traduction de 1603, par S.G.

Pavillon, accompagna la floraison du roman sentimental en France et prépara L' As trée.

G.

Reynier 1 cite et analyse de nombreus es œuvres qui ont été traduites ou adaptées, en prose et en vers, avant ou après les guerres de religion : de Boccace, outre l'ensemble du Déca méron, la Pre mière nouvelle de la quatrième partie, sous dif érents titres (Traicté des deux amants, Histoire de Tancredus, etc.); le Philocope (en italien Filocolo), La Complaincte très piteuse de Flamette, ou Com plainte des tristes amours de Fla mmette ; d' Aeneas Sylvius (le pape Pie II), un petit roman latin, His toire d' Eurialus et de Lucrèce ; de Cerviceo, le Péré grin ; les épopées romanesques de l'Arioste et du Boiardo, plus tard du Tasse; les recueils de nouvelles comiques, tragiques ou galantes de Pogge, Bandello, Straparole, Doni, Cinthio, etc.

On tra­ duisit de l'espagnol, parfois d'après des versions italiennes, La Prison d'amour et V Amant mal traicté de s'amye (ou Petit traité de Arnalde et Lucend a), de Diego de San Pedro (dix-sept éditions en un siècle) ; Le Jugement d'amour (ou Histoire d'A urelio et d'Isabelle) et La Déplorable fin de Fla mette, de Juan de Flores ; La Question d'amour, sous le titre de Déba t des deux gentilzhommes espagnolz sur le fa ict d'amour ; la Com plainte que fait un Amant contre Amour et sa Dame, de Juan de Segura, etc.

En 1540, Herberay des Essarts commença à traduire Amad is de Gaule : il eut des continuate urs, et la série, un moment interrom­ pue par les guerres de religion, déferla en trois vagues, d'Espagne d'abord, d'Italie ensuite, les douze premiers livres de 1540 à 1556, les livres XIII-XXI de 1571 à 1581, les livres XXII, XXIII et XXIV en 1615, plus le XVIe livre imaginé par Nicolas de Montreux, les versions différentes des livres XIX et XX, les autres r ?mans de même inspiration, Palmerin d'Olive, Prima/ éon de Grèce, Palmerin I.

Le Roman sentimental avant "L'Astrée ".. »

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