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16 Coiffée d'une perruque courte que serrait un bandeau se terminant

Publié le 30/10/2013

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16 Coiffée d'une perruque courte que serrait un bandeau se terminant par deux flottants dont les extrémités reposaient sur ses épaules, portant une longue tunique moulante serrée à la taille par une ceinture rouge, Néfertari se purifia les mains avec de l'eau provenant du lac sacré et pénétra dans le naos du temple d'Amon pour y rendre effective la présence de la divinité en lui offrant les essences subtiles du repas du soir. Dans sa fonction d'épouse du dieu, la reine agissait au titre de fille de la lumière, issue de la puissance créatrice qui façonnait sans cesse l'univers. La reine referma les portes du naos, les scella, sortit du temple et suivit les ritualistes qui la guidèrent vers la Maison de Vie de Pi-Ramsès où, en tant qu'incarnation de la déesse lointaine, à la fois mort et mère, elle tenterait de conjurer les forces du mal. Si l'oeil du Soleil devenait sa propre vision, elle perpétuerait la vie et assurerait la pérennité des cycles naturels ; le tranquille bonheur des jours dépendait de sa capacité à transformer en harmonie et en sérénité la force destructrice que charriaient les vents dangereux. Un prêtre présenta un arc à la reine, une prêtresse quatre flèches. Néfertari banda l'arc, tira la première flèche vers l'est, la deuxième vers le nord, la troisième vers le sud et la quatrième vers l'ouest. Ainsi exterminerait-elle les ennemis invisibles qui menaçaient Ramsès.   Le chambellan de Touya attendait Néfertari. -- La reine mère souhaite vous voir au plus vite. Une chaise à porteurs transporta la grande épouse royale. Mince dans sa longue robe de lin finement plissée, la taille prise dans une ceinture à pans rayés, parée de bracelets d'or et d'un collier de lapis-lazuli à six rangs, Touya était d'une élégance souveraine. -- Ne sois pas inquiète, Néfertari ; un messager, en provenance de Canaan, vient d'apporter d'excellentes nouvelles. Ramsès s'est rendu maître de la totalité de la province, l'ordre est rétabli. -- Quand rentre-t-il ? -- Il ne le précise pas. -- Autrement dit, l'armée continue vers le Nord. -- C'est probable. -- Auriez-vous agi de la sorte ? -- Sans hésitation, répondit Touya. -- Au nord de Canaan, se trouve la province d'Amourrou qui marque la frontière entre la zone d'influence égyptienne et celle des Hittites. -- Séthi l'avait voulu ainsi, afin d'éviter la guerre. -- Si les troupes hittites ont franchi cette frontière... -- Ce sera l'affrontement, Néfertari. -- J'ai lancé les flèches aux quatre orients. -- Si le rite a été accompli, que craignons-nous ?   Chénar détestait Améni. Être contraint, chaque matin, de rencontrer ce petit scribe malingre et prétentieux pour obtenir des informations sur l'expédition de Ramsès, quel insupportable pensum ! Lorsque lui, Chénar, régnerait, Améni nettoierait les écuries d'un régiment de province et y perdrait le peu de santé qu'il possédait. Seule satisfaction : jour après jour, la mine déconfite du secrétaire particulier de Pharaon ne cessait de s'allonger, signe indubitable que l'armée égyptienne piétinait. Le frère aîné du roi prenait un air navré et promettait qu'il prierait les dieux afin que le destin redevînt favorable. Peu occupé au ministère des Affaires étrangères, mais faisant savoir qu'il travaillait avec acharnement, Chénar évitait tout contact direct avec le marchand syrien Raia. En ces temps d'inquiétude, il eût été choquant qu'un personnage de la stature de Chénar se préoccupât d'acheter des vases rares provenant de l'étranger. Aussi se contentait-il des messages elliptiques de Raia, dont la teneur était plutôt réjouissante. D'après les observateurs syriens à la solde des Hittites, Ramsès était tombé dans le piège tendu par les Cananéens. Trop présomptueux, le pharaon avait obéi à sa fougue naturelle, oubliant que ses adversaires avaient le génie de l'intrigue. Chénar avait résolu la petite énigme qui agitait la cour : qui avait volé le châle de Néfertari et la jarre de poissons séchés de la Maison de Vie d'Héliopolis ? Le coupable ne pouvait être que le jovial intendant de la maison royale, Romé. Aussi, avant de se rendre à son obligatoire rendez-vous avec Améni, avait-il convoqué le gros homme sous un prétexte futile. Bedonnant, les joues rebondies, affligé d'un triple menton, Romé accomplissait son travail à la perfection. ent à se déplacer, il était un maniaque de l'hygiène et du détail, goûtait lui-même les plats servis à la famille oyale et maniait son personnel avec rudesse. Nommé à ce poste difficile par le monarque en personne, il avait ait taire les critiques et imposé ses exigences à l'ensemble des serviteurs du palais. Ne pas lui obéir se traduisait ur-le-champ par une révocation. -- Que puis-je pour vous, seigneur ? demanda Romé à Chénar. -- Mon intendant ne te l'a-t-il pas dit ? -- Il a évoqué un problème de préséance lors d'un banquet, mais je ne vois pas... -- Si nous parlions de la jarre de poissons séchés volée dans un entrepôt de la Maison de Vie d'Héliopolis ? -- La jarre... mais je ne sais rien... -- Et le châle de la reine Néfertari ? -- J'en ai été informé, bien sûr, et j'ai déploré cet affreux scandale, mais... -- As-tu recherché le coupable ? -- Ce n'est pas à moi de mener les investigations, seigneur Chénar ! -- Tu es pourtant bien placé, Romé. -- Non, je ne pense pas... -- Mais si, réfléchis ! Tu es l'homme clé du palais, celui auquel aucun incident ne saurait échapper. -- Vous me surestimez. -- Pourquoi as-tu commis ces méfaits ? -- Moi ? Vous ne supposez pas que... -- Je ne suppose pas, j'en suis sûr. A qui as-tu remis le châle de la reine et la jarre de poissons ? -- Vous m'accusez à tort ! -- Je connais les hommes, Romé. Et je possède des preuves. -- Des preuves... -- Pourquoi as-tu pris de tels risques ? Le visage décomposé de Romé, la rougeur malsaine qui avait envahi son front et ses joues, la flaccidité accentuée de ses chairs étaient autant d'indices révélateurs. Chénar ne s'était pas trompé. -- Ou bien tu as été payé très cher, ou bien tu hais Ramsès. Dans un cas comme dans l'autre, un grave délit. -- Seigneur Chénar... Je... La détresse du gros homme était presque touchante. -- Comme tu es un excellent intendant, je veux bien oublier ce déplorable incident. Mais si j'ai besoin de toi, dans l'avenir, il ne faudra pas te montrer ingrat. Améni rédigeait son rapport quotidien à l'intention de Ramsès. Sa main était sûre et rapide. -- Puis-je vous importuner quelques instants ? demanda Chénar, affable. -- Vous ne m'importunez pas. Vous et moi obéissons au roi, qui a exigé de nous une mise au point quotidienne. Le scribe posa sa palette sur le sol. -- Vous semblez épuisé, Améni. -- Ce n'est qu'une apparence. -- Ne devriez-vous pas vous préoccuper davantage de votre santé ? -- Seule celle de l'Egypte me préoccupe. -- Auriez-vous... de mauvaises nouvelles ? -- Au contraire. -- Pourriez-vous être plus explicite ? -- J'ai attendu d'en avoir la confirmation avant de vous parler des succès de Ramsès. Comme nous avons été abusés par de faux messages que transportaient des pigeons voyageurs, j'ai appris à me montrer prudent. -- Une idée des Hittites ? -- Elle a failli nous coûter cher ! Nos forteresses cananéennes étaient tombées entre les mains de rebelles. Si le roi avait dispersé ses forces, nos pertes auraient été désastreuses. -- Par bonheur, ce ne fut pas le cas... -- La province de Canaan est de nouveau soumise, l'accès à la côte libre. Le gouverneur a juré de demeurer le fidèle sujet de Pharaon. -- Superbe succès... Ramsès vient d'accomplir un grand exploit et de repousser la menace hittite. Je suppose que l'armée a pris le chemin du retour. -- Secret militaire. -- Comment, secret militaire ? Je suis ministre des Affaires étrangères, ne l'oubliez pas ! -- Je ne dispose pas d'autres informations. -- Impossible ! -- C'est pourtant ainsi. Furieux, Chénar se retira. Améni éprouvait des remords. Non à cause de son attitude envers Chénar, mais parce qu'il s'interrogeait sur la manière expéditive avec laquelle il avait traité le cas Serramanna. Certes, les indices accumulés contre le Sarde étaient accablants, mais le scribe n'avait-il pas été trop crédule ? En proie à l'exaltation accompagnant le départ de l'armée, Améni ne s'était pas montré aussi exigeant qu'à l'ordinaire. Il aurait dû vérifier preuves et témoignages qui avaient conduit le mercenaire en prison. Démarche probablement inutile, mais que la rigueur lui imposait. Irrité contre lui-même, Améni reprit le dossier Serramanna.

« se contentait-il desmessages elliptiques deRaia, dontlateneur étaitplutôt réjouissante.

D’aprèsles observateurs syriensàla solde desHittites, Ramsèsétaittombé danslepiège tendu parlesCananéens.

Trop présomptueux, lepharaon avaitobéiàsa fougue naturelle, oubliantquesesadversaires avaientlegénie de l’intrigue. Chénar avaitrésolu lapetite énigme quiagitait lacour : quiavait volélechâle deNéfertari etlajarre de poissons séchésdelaMaison deVie d’Héliopolis ? Lecoupable nepouvait êtrequelejovial intendant dela maison royale,Romé.Aussi,avantdeserendre àson obligatoire rendez-vous avecAméni, avait-ilconvoqué le gros homme sousunprétexte futile. Bedonnant, lesjoues rebondies, affligéd’untriple menton, Roméaccomplissait sontravail àla perfection. Lent àse déplacer, ilétait unmaniaque del’hygiène etdu détail, goûtait lui-même lesplats servis àla famille royale etmaniait sonpersonnel avecrudesse.

Nomméàce poste difficile parlemonarque enpersonne, ilavait fait taire lescritiques etimposé sesexigences àl’ensemble desserviteurs dupalais.

Nepas luiobéir setraduisait sur-le-champ parune révocation. — Que puis-je pourvous, seigneur ? demandaRoméàChénar. — Mon intendant netel’a-t-il pasdit ? — Il aévoqué unproblème depréséance lorsd’un banquet, maisjene vois pas… — Si nous parlions delajarre depoissons séchésvoléedansunentrepôt delaMaison deVie d’Héliopolis ? — La jarre… maisjene sais rien… — Et lechâle delareine Néfertari ? — J’en aiété informé, biensûr,etj’ai déploré cetaffreux scandale, mais… — As-tu recherché lecoupable ? — Ce n’estpasàmoi demener lesinvestigations, seigneurChénar ! — Tu espourtant bienplacé, Romé. — Non, jene pense pas… — Mais si,réfléchis ! Tuesl’homme clédupalais, celuiauquel aucunincident nesaurait échapper. — Vous mesurestimez. — Pourquoi as-tucommis cesméfaits ? — Moi ? Vousnesupposez pasque… — Je nesuppose pas,j’ensuis sûr.Aqui as-tu remis lechâle delareine etlajarre depoissons ? — Vous m’accusez àtort ! — Je connais leshommes, Romé.Etjepossède despreuves. — Des preuves… — Pourquoi as-tuprisdetels risques ? Le visage décomposé deRomé, larougeur malsaine quiavait envahi sonfront etses joues, laflaccidité accentuée deses chairs étaient autantd’indices révélateurs. Chénar nes’était pastrompé. — Ou bientuas été payé trèscher, oubien tuhais Ramsès.

Dansuncas comme dansl’autre, ungrave délit. — Seigneur Chénar…Je… La détresse dugros homme étaitpresque touchante. — Comme tuesun excellent intendant, jeveux bienoublier cedéplorable incident.Maissij’ai besoin de toi, dans l’avenir, ilne faudra pastemontrer ingrat. Améni rédigeait sonrapport quotidien àl’intention deRamsès.

Samain étaitsûreetrapide. — Puis-je vousimportuner quelquesinstants ? demandaChénar,affable. — Vous nem’importunez pas.Vous etmoi obéissons auroi, quiaexigé denous unemise aupoint quotidienne. Lescribe posasapalette surlesol. — Vous semblez épuisé,Améni.. »

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