Devoir de Philosophie

44 Le capitaine Kenzor avait trop bu.

Publié le 30/10/2013

Extrait du document

44 Le capitaine Kenzor avait trop bu. Trois jours de permission dans la capitale, c'était l'occasion d'oublier les rigueurs de la vie militaire et de 'étourdir en s'enivrant de vin et de femmes. Grand, moustachu, la voix rauque, il méprisait les filles et ne les jugeait bonnes qu'à donner du plaisir. Lorsque le vin embrumait son cerveau, Kenzor éprouvait l'envie irrésistible de faire l'amour. Et ce soir-là, à cause d'un cru corsé, il lui fallait des sensations fortes et immédiates. En sortant de la taverne, il tituba et prit la direction d'un bordel. Le capitaine ne sentit même pas la morsure du froid. Il espérait qu'une vierge serait disponible et qu'elle serait bien effarouchée. La déflorer ne serait que plus amusant. Un homme l'aborda avec respect. -- Puis-je vous parler, capitaine ? -- Qu'est-ce que tu veux, toi ? -- Vous proposer une merveille, répondit Acha. Kenzor sourit. -- Tu vends quoi ? -- Une jeune vierge. L'oeil du capitaine Kenzor s'alluma. -- Combien ? -- Dix morceaux d'étain de première qualité. -- C'est cher ! -- La marchandise est exceptionnelle. -- Je la veux tout de suite. -- Elle est disponible. -- Je n'ai que cinq morceaux d'étain sur moi. -- Vous me paierez le solde demain matin. -- Tu me fais confiance ? -- Après celle-là, j'aurai d'autres vierges à vous proposer. -- Tu es un homme précieux, toi... Allons-y, je suis pressé. Kenzor était si excité que les deux hommes marchèrent d'un bon pas. Dans les ruelles endormies de la ville basse, pas âme qui vive. Acha poussa la porte de la modeste demeure. Bien coiffée, la paysanne s'était vêtue avec les habits neufs que lui avait achetés Acha. Émoustillé, le capitaine Kenzor la détailla du regard. -- Dis donc, marchand... Elle n'est pas un peu trop âgée pour être vierge ? D'une violente ruade, Acha poussa Kenzor contre un mur ; à demi assommé, l'officier perdit presque onscience. L'Égyptien en profita pour lui subtiliser son épée courte dont il planta la pointe dans la nuque de enzor. -- Qui... qui es-tu ? bredouilla le Hittite. -- Toi, tu es officier de liaison entre l'armée et le palais. Ou bien tu réponds à mes questions, ou bien je te tue. Kenzor essaya de se dégager, la pointe de l'épée s'enfonça dans sa chair et fit jaillir du sang. L'excès de vin rivait le capitaine de ses forces, il était à la merci de son agresseur. Épouvantée, la paysanne se réfugia dans un angle de la pièce. -- Quand l'attaque contre l'Egypte aura-t-elle lieu, interrogea Acha, et pourquoi les Hittites fabriquent-ils utant de chars ? Kenzor grimaça. L'homme disposait déjà d'informations sérieuses. -- L'attaque... Secret militaire. -- Si tu te tais, tu emporteras ce secret dans ta tombe. -- Tu n'oseras pas... -- Tu te trompes, Kenzor. Je n'hésiterai pas à te supprimer et je tuerai autant de gradés qu'il le faudra pour btenir la vérité. La pointe de l'épée s'enfonça davantage, arrachant un cri de douleur à l'officier. La paysanne détourna le egard. -- La date de l'attaque, seul l'empereur la connaît... Moi, je ne suis pas informé. -- Mais tu connais la raison pour laquelle l'armée hittite aura besoin d'un si grand nombre de chars. La nuque douloureuse, embrumé par l'ivresse, le capitaine Kenzor murmura quelques mots, comme s'il se arlait à lui-même. Acha eut l'ouïe assez fine pour les entendre et n'eut pas besoin de lui faire répéter son effarante déclaration. -- Es-tu devenu fou ? demanda-t-il, rageur, à Kenzor. -- Non, c'est la vérité... -- Impossible ! -- C'est la vérité. Acha était abasourdi. Il venait d'obtenir un renseignement d'une importance capitale, un renseignement qui pouvait changer le sort du monde. D'un geste précis et violent, l'Égyptien enfonça la pointe de l'épée dans la nuque du capitaine Kenzor, qui ourut sur le coup. -- Retourne-toi, ordonna Acha à la paysanne. -- Non, laisse-moi, va-t'en ! L'épée tendue, il s'approcha de sa maîtresse. -- Désolé, ma belle, il m'est impossible de te laisser vivre. -- Je n'ai rien vu, rien entendu ! -- En es-tu bien sûre ? -- Il marmonnait, je n'ai rien entendu, je te jure ! Elle se mit à genoux. -- Ne me tue pas, je t'en supplie ! Je te serai utile, pour sortir de la ville ! Âcha hésita. La paysanne n'avait pas tort. Les portes de la capitale étant fermées pendant la nuit, il lui fallait attendre le petit matin pour les franchir en compagnie de son épouse. Elle lui servirait à passer inaperçu, et il la supprimerait au détour d'un chemin creux. Acha s'assit auprès du cadavre. Incapable de dormir, il ne songeait qu'à prendre au plus tôt la route de l'Egypte et à tirer profit de sa découverte.   L'hiver nubien, passé la fraîcheur du petit jour, était enchanteur. Sur la berge, Ramsès avait aperçu un lion et ses femelles. Des singes, grimpés au sommet des palmiers doums, avaient salué le passage du bateau royal de leurs cris perçants. Lors d'une escale, les villageois avaient offert au monarque et à sa suite des bananes sauvages et du lait ; à l'occasion de la fête improvisée, Ramsès s'était entretenu avec le chef de la tribu, un vieux sorcier à la chevelure blanchie par quatre-vingt-dix années d'une existence paisible, occupée à soigner les siens. Lorsque le vieillard voulut s'agenouiller, Ramsès l'en empêcha en le prenant par le bras. -- Ma vieillesse est illuminée... Les dieux m'auront permis de voir Pharaon ! Mon devoir n'est-il pas de 'incliner devant lui et de lui rendre hommage ? -- C'est à moi de vénérer ta sagesse. -- Je ne suis qu'un sorcier de village ! -- Quiconque a respecté la Règle de Maât le temps de sa vie est plus digne de respect qu'un faux sage, enteur et injuste. -- N'êtes-vous pas le maître des Deux Terres et de la Nubie ? Moi, je ne règne que sur quelques familles. -- J'ai pourtant besoin de ta mémoire. Pharaon et le sorcier s'assirent sous le palmier qui servait de parasol au vieillard, lorsque le soleil se faisait rop ardent. -- Ma mémoire... Elle est remplie de ciels bleus, de jeux d'enfants, de sourires de femmes, de bonds de azelles et de crues bienfaisantes. Tout cela, Pharaon, vous en êtes responsable, à présent ! Sans vous, mes ouvenirs n'existeraient plus, et les générations futures ne produiraient que des êtres sans coeur. -- Te souviens-tu d'un lieu béni où la déesse de l'amour a créé une pierre miraculeuse, un lieu perdu au oeur de la Nubie ? Avec sa canne, le sorcier dessina une sorte de carte sur le sable. -- Le père de mon père avait rapporté une pierre comme celle-là dans mon village. En la touchant, les emmes retrouvaient la santé. Malheureusement, des nomades l'ont emportée. -- De quel endroit provenait-elle ? La canne désigna un point précis, sur le cours du Nil. -- De cet endroit mystérieux, à la naissance de la province de Koush. -- Que souhaites-tu pour ton village ? -- Rien d'autre que ce qui est. Mais n'est-ce pas une grande exigence ? Protégez-nous, Pharaon, et gardez la ubie intacte. -- La Nubie a parlé par ta voix, et je l'ai entendue.   Le bateau royal sortit de la province d'Ouaouat et pénétra dans celle de Koush où, grâce aux interventions e Séthi et de Ramsès, régnait une paix que ne contestaient plus les tribus, toujours prêtes à s'affronter mais edoutant la réaction des soldats de Pharaon. Ici naissait une terre sauvage et grandiose, dont seul le Nil assurait la survie. De part et d'autre du fleuve, la ande de terre cultivée était mince, mais palmiers et palmiers doums donnaient de l'ombre aux cultivateurs qui uttaient contre le désert. Soudain, des falaises. Ramsès eut la sensation que le Nil repoussait toute présence humaine et que la nature s'enfermait en elleême, dans un espace grandiose. Une envoûtante odeur de mimosa atténua cette impression de fin du monde. Deux saillies montagneuses, aux ondulations presque parallèles, s'avançaient vers le fleuve, séparées par n vallon rempli de sable. Au pied des avancées de grès, des acacias en fleur. « Une crique au sable d'or, là où la ontagne se sépare et s'unit...« Comme s'il sortait d'un long sommeil, comme s'il s'arrachait à un envoûtement qui avait trop longtemps bscurci son regard, Ramsès reconnut enfin le site. Pourquoi n'y avait-il pas songé plus tôt ? -- Accostons, ordonna-t-il. C'est ici, ce ne peut être qu'ici... Nue, Lotus plongea dans le fleuve et nagea jusqu'à la berge. Le corps scintillant de gouttelettes argentées, lle courut, avec la souplesse d'une gazelle, jusqu'à un Nubien endormi à l'ombre des arbres. Elle le réveilla, le uestionna, courut de nouveau en direction de la montagne, ramassa un morceau de roche et retourna vers le ateau. Ramsès avait les yeux fixés sur la falaise. Abou Simbel... C'était bien Abou Simbel, l'union de la puissance et de la magie, le site où il avait décidé de âtir des temples, le domaine d'Hathor qu'il avait négligé et oublié.

« Épouvantée, lapaysanne seréfugia dansunangle delapièce. — Quand l’attaquecontrel’Egypte aura-t-elle lieu,interrogea Acha,etpourquoi lesHittites fabriquent-ils autant dechars ? Kenzor grimaça.

L’homme disposaitdéjàd’informations sérieuses. — L’attaque… Secretmilitaire. — Si tutetais, tuemporteras cesecret danstatombe. — Tu n’oseras pas… — Tu tetrompes, Kenzor.Jen’hésiterai pasàte supprimer etjetuerai autant degradés qu’illefaudra pour obtenir lavérité. La pointe del’épée s’enfonça davantage, arrachantuncridedouleur àl’officier.

Lapaysanne détournale regard. — La datedel’attaque, seull’empereur laconnaît… Moi,jene suis pasinformé. — Mais tuconnais laraison pourlaquelle l’arméehittiteaurabesoin d’unsigrand nombre dechars. La nuque douloureuse, embruméparl’ivresse, lecapitaine Kenzormurmura quelquesmots,comme s’ilse parlait àlui-même. Acha eutl’ouïe assezfinepour lesentendre etn’eut pasbesoin delui faire répéter soneffarante déclaration. — Es-tu devenufou ?demanda-t-il, rageur,àKenzor. — Non, c’estlavérité… — Impossible ! — C’est lavérité. Acha étaitabasourdi.

Ilvenait d’obtenir unrenseignement d’uneimportance capitale,unrenseignement qui pouvait changer lesort dumonde. D’un geste précis etviolent, l’Égyptien enfonçalapointe del’épée danslanuque ducapitaine Kenzor,qui mourut surlecoup. — Retourne-toi, ordonnaAchaàla paysanne. — Non, laisse-moi, va-t’en ! L’épée tendue, ils’approcha desamaîtresse. — Désolé, mabelle, ilm’est impossible detelaisser vivre. — Je n’airien vu,rien entendu ! — En es-tubiensûre ? — Il marmonnait, jen’ai rien entendu, jete jure ! Elle semit àgenoux. — Ne metue pas, jet’en supplie ! Jeteserai utile, poursortir delaville ! Âcha hésita.

Lapaysanne n’avaitpastort.

Lesportes delacapitale étantfermées pendant lanuit, illui fallait attendre lepetit matin pourlesfranchir encompagnie deson épouse.

Elleluiservirait àpasser inaperçu, et illa supprimerait audétour d’unchemin creux. Acha s’assit auprès ducadavre.

Incapable dedormir, ilne songeait qu’àprendre auplus tôtlaroute de l’Egypte etàtirer profit desadécouverte.   L’hiver nubien, passélafraîcheur dupetit jour, étaitenchanteur.

Surlaberge, Ramsès avaitaperçu unlion et ses femelles.

Dessinges, grimpés ausommet despalmiers doums,avaientsaluélepassage dubateau royalde leurs crisperçants. Lors d’une escale, lesvillageois avaientoffertaumonarque etàsa suite desbananes sauvages etdu lait ; à l’occasion delafête improvisée, Ramsèss’étaitentretenu aveclechef delatribu, unvieux sorcier àla chevelure blanchie parquatre-vingt-dix annéesd’uneexistence paisible,occupéeàsoigner lessiens. Lorsque levieillard vouluts’agenouiller, Ramsèsl’enempêcha enleprenant parlebras.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles