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À UN CHANCELIER DE LUCQUES (minute) Une lettre adressée à Messer Jacobo Corbino, chanoine pisan, étant tombée entre les mains d'un mien ami et celui-ci me l'ayant remise, je l'ai ouverte, conformément à mon devoir.

Publié le 01/10/2013

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À UN CHANCELIER DE LUCQUES (minute) Une lettre adressée à Messer Jacobo Corbino, chanoine pisan, étant tombée entre les mains d'un mien ami et celui-ci me l'ayant remise, je l'ai ouverte, conformément à mon devoir. Et j'ai été frappé d'étonnement non pas tant de ce qu'elle renferme que du fait que vous avez pu en être l'auteur. J'étais persuadé qu'il était indigne d'un homme grave tel que vous l'êtes, et investi d'une charge officielle telle que la vôtre, d'écrire chose qui disconvînt aux devoirs de cette charge. Je vous laisse juger vous-même s'il convient à un secrétaire de votre Magnifique Seigneurie de chercher à marquer d'infamie une République aussi puissante que la nôtre. De tout le mal que vous pouvez dire de n'importe quelle puissance d'Italie, ce sont vos Seigneurs qui seront les premiers à pâtir : vous êtes leur langue, ils concluront toujours que vos médisances ont leur assentiment, et c'est ainsi que vous attirez sur eux une haine imméritée. Ce n'est pas tant pour purger notre cité des calomnies dont vous la souillez que j'ai décidé de vous écrire, que pour vous donner le charitable avertissement d'être à l'avenir plus raisonnable. Je crois être tenu de vous le donner, puisque l'un et l'autre nous sommes soumis à la même fortune. Entre autres choses qui nous peignent l'homme tel qu'il est, il n'est pas négligeable de voir jusqu'où peut aller, d'une part sa crédulité, de l'autre son astuce à forger les contes dont il veut persuader autrui : de sorte qu'on peut le taxer tantôt de légèreté quand il gobe des sor-

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