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Alexandre Jardin Bille en tête - Sujet non corrigé

Publié le 21/01/2020

Extrait du document

Alexandre Jardin

Bille en tête

Gallimard, 1986

Derrière les hauts murs de la cour de récréation, je fulminais1 contre mon père. En m’exilant, il me privait d’oxygène. En me faisant quitter Paris il confisquait mes rêves de grandeur. Je dépérissais. Durant les rares week-ends où je rentrais à Paris, je respirais l’air de la capitale, l’air du 5 temps. Mais les dimanches soirs arrivaient toujours. Je devais retourner au collège faire l’enfant. Quand donc serais-je grand ? Je voulais vivre tout haut et non plus chuchoter ma vie dans les couloirs d’une école.

À la pension, les garçons s’étaient faits loups pour survivre. Il y avait des bandes, des faibles, des forts et des souffre-douleur : tout ce qu’il faut 10 pour rendre la vie infernale. La violence de nos rapports était contenue par le règlement du collège. Cette école chrétienne dans la forme enseignait l’amour du prochain à coups de trique1 2. C’était ce qu’on appelle un bon établissement.

Mon frère Philippe, lui, était resté avec mon père. Ils vivaient à Paris 15 tous les deux dans un appartement triste. Philippe ressemblait à mon père, moi à notre mère qui était morte depuis longtemps. Son corps s’en était allé là où tout se désassemble, me laissant seul comme un domino qui cherche son double. Le cancer avait dévoré sa vie et du même coup la gaieté de notre famille. Les rires s’étaient tus. La maison sentait la mort, zo Le soleil n’y pénétrait plus. Les rideaux étaient toujours tirés, le théâtre était fermé. On ne jouait plus chez moi, on se souvenait. [...]

J’ai feint3 la gaieté pour dissimuler4 ma gravité. J’étais comme une toupie qui tourne pour rester debout. Ma rage de vivre m’a rendu insupportable. Papa m’a exilé en pension. Maman était partie pour le ciel sans laisser 25 d’adresse. A huit ans je ne savais plus où j’habitais. A seize ans, j’avais déjà un passé. Il aurait fallu un avenir, un futur qui commençât tout de suite.

Roman

1. Fulminais : m’emportais violemment en proférant des menaces.

2. Trique : bâton utilisé comme arme pour frapper, matraque.

3. Feint : fait semblant.

4. Dissimuler ; tenir caché, ne pas laisser paraître.

« ROMAN • SUJET 1 • Questions (15 points) 1.

REGARD DU NARRATEUR SUR LA PENSION 6 POINTS • 1.

Donnez le sens des trois mots ou expressions soulignés: -«Je dépérissais» (ligne 3) ; « les garçons s'étaient faits loups pour survivre » (ligne 8) ; -«souffre-douleur» (ligne 9).

(3 points) • 2.

Quelle atmosphère règne à la pension ? Relevez quatre expressions justifiant votre réponse.

(3 points) Il.

REGARD DU NARRATEUR SUR LE PASSÉ 9 POINTS • 3.

Relevez dans le texte quatre mots ou expressions du champ lexical de la mort.

Indiquez à chaque fois le numéro des lignes.

(2 points) • 4.

À la suite de quel drame le narrateur est-il envoyé en pension ? Quel âge a-t-il lors de son départ ? (2 points) IJo.

5.

«Papa m'a exilé en pension » (ligne 24).

Pourquoi des deux enfants, Philippe et le narrateur, est-ce seulement le narrateur qui est envoyé en pension ? Justifiez votre réponse en vous aidant des troisième et quatrième paragraphes du texte.

(2 points) • 6.

« Quand donc serais-je grand ? » (ligne 6) a) Donnez le type de cette phrase.

À qui s'adresse le narrateur ? (2 points) b) Pourquoi désire+il tant devenir grand? (lignes 5-7 et ligne 26).

(1 point) • Réécriture (5 points) Réécrivez le texte depuis «Je devais>> (ligne 5), jusqu'à« école>> (ligne 7) en employant la troisième personne du singulier« il».

Vous ferez toutes les modifications qui s'imposent.. »

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