Anabase, l' [Xénophon]

Anabase, l' [Xénophon], récit historique de Xénophon évoquant la « retraite des Dix Mille « Grecs d’Asie Mineure à la fin du v^e siècle av. J.-C.

Citoyen d'Athènes mais partisan de Sparte durant la guerre du Péloponnèse, Xénophon a lui-même participé aux événements qu'il relate. Son œuvre, l'Anabase (Kyrous anabasis, « la montée de Cyrus «), a été rédigée à Scillonte vers 375 av. J.-C. et se divise en sept parties.

Dans le Livre I, Xénophon présente une armée de mercenaires grecs engagée aux côtés de Cyrus le Jeune dans ses guerres dynastiques ; après la mort de celui-ci à la bataille de Counaxa (mars 401 av. J.-C.), les soldats se retrouvent sans commandement au cœur de l'empire Perse. Xénophon s'impose comme chef, au terme de longues dissensions (Livre II), et engage les Dix Mille dans une pénible errance : harcelés par les Perses en Mésopotamie (Livre III), aux prises avec l'hiver dans les montagnes d'Arménie, les mercenaires atteignent finalement la mer Noire (Livre IV) dont ils longent les côtes, livrant bataille contre les souverains locaux (Livres V et VI), avant d'arriver à Byzance et, de là, rejoindre la terre grecque à Pergame (Livre VII).

Bien plus que de se livrer à une rigoureuse réflexion historique critique, Xénophon relate en fait une expérience personnelle et s'y attribue une place centrale. L'Anabase s'autorise de nombreuses digressions, est rempli de discussions animées, enrichi d'analyses psychologiques des généraux dans leurs hésitations, ou des soldats dans leurs découragements et leurs faiblesses. L’ouvrage est également riche de portraits, comme celui de Cyrus mourant sur le champ de bataille, et de tableaux des peuples et des cités asiatiques rencontrés — et souvent combattus — ce qui en fait un texte très varié, débordant du stricte cadre de l'étude historique. L’Anabase apparaît ainsi comme un récit vivant, doté de brillants épisodes (comme les retrouvailles avec la mer à Trapezonte après la traversée de l'Arménie) et de récits de combats haletants dans un esprit de quasi-reportage par son immédiateté et sa précision, mettant en scène les mercenaires dans leurs gestes les plus quotidiens et leurs émotions les plus humaines, dans leurs bassesses (les pillages) et leurs héroïsmes (fraternité d'arme et sacrifice).

Aussi, malgré ses simplifications, ses raccourcis et ses inexactitudes, l'Anabase a connu une grande fortune grâce à l'ampleur de l'aventure humaine qu'il dépeint — un voyage de deux ans, en deux cent quinze étapes, sur 34 650 stades — et au ton plaisant et particulièrement vivant qu'il adopte.