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Apollinaire, Le Guetteur mélancolique.

Publié le 24/03/2011

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Vous dont je ne sais pas le nom ô ma voisine Mince comme une abeille ô fée apparaissant Parfois à la fenêtre et quelquefois glissant Serpentine onduleuse à damner ô voisine Et pourtant sœur des fleurs ô grappe de glycine. En robe verte vous rappelez Mélusine. Et vous marchez à petits pas comme dansant Et quand vous êtes en robe bleu-pâlissant Vous semblez Notre-Dame des fleurs ô voisine Madone dont la bouche est une capucine    Sinueuse comme une chaîne de monts bleus Et lointains délicate et longue comme un ange Fille d'enchantements mirage fabuleux Une fée autrefois s'appelait Mélusine O songe de mensonge avril miraculeux.    Tremblante et sautillante ô vous l'oiselle étrange Vos cheveux feuilles mortes après la vendange Madone d'automne et des printemps fabuleux Une fée autrefois s'appelait Mélusine Êtes-vous Mélusine ô fée ô ma voisine.    Apollinaire, Le Guetteur mélancolique.    Vous ferez de ce poème un commentaire composé en étudiant, en particulier, les procédés par lesquels le poète transfigure une réalité somme toute banale et crée, non sans humour, une atmosphère de féerie.    Quelques pistes.    Dans la lettre à Lou, le mythe d'Éros modernisé par les réalités de la guerre de 1914, ici irruption de l'image de Mésuline dans la vie quotidienne. Jeux de toutes sortes, et notamment de sons (« onduleuse à damner «, « ô songe de mensonge «). Comme dans la lettre à Lou, un sentiment qui occupe tout entier et qui pourtant n'est pas pris au sérieux.

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« Divers détails laissent apparaitre cette opposition.

Pour commencer, le thème de la royauté est introduit au vers 3 :« Ô mon cœur mon orgueil je sais je suis le roi ».

C'est le mot « orgueil » qui annonce le thème de la royauté.Puisque le poète a de l'orgueil, il est donc un roi.

Cette impression est renforcé par la suite du vers : « je sais je suisle roi ».

Bien qu'il affirme qu'il est un roi, cette phrase reste très ambiguë sans la ponctuation.

Il sait donc il est leroi ? Il sait qu'il est le roi ? Ou, Il sait car il est le roi ? On ne sait pas sur quoi porte le « je sais ».

Toutefois cetteambiguïté peut donner un caractère omniscient au poète, car quoi qu'il en soit, il fini par savoir quelque chose etcela marque le triomphe du poète roi.

En outre, ce roi semble aussi être un amant délaissé : « Le roi que n'aime pasla belle aux cheveux d'or » (v.4).

On voit ici un subordonné relative qui caractérise le nom roi.

Cela évoque le faitque le roi est un « perdant », un amant délaissé bien qu'il soit pourtant un roi.

De plus, dans le sonnet, les rimespermettent de révéler d'un roi qui sait exprimer les joies de l'amour : « joie » (v.1) rime avec « roi » (v.3).

Toutefois,les rimes du sonnet soulignent aussi l'existence d'un amant malheureux qui s'oppose au roi heureux : « toi » (v.6) quirime avec « froids » (v.8).

On remarque que qui caractérisent le roi heureux sont antithétique par rapport à cellesqui définissent l'amant malheureux.

En effet « joie » s'oppose à « froids ».

On perçoit donc aisément l'opposition quiexiste entre un roi qui est en quelque sorte omniscient et qui sait exprimer les joies de l'amour et un amant délaisséqui est malheureux et donc, non chaleureux.Enfin, on remarque dans ce sonnet une opposition entre l'amour et la trahison.

En effet, plusieurs argumentsévoquent cette contradiction.

D'abord, on repère dans le sonnet, le champ lexical de l'amour : « belle » (v.1) ; «joie » (v.1) ; « aimer » (v.2) ; « doux » (v.

1) ; « poupin » (v.1).

Ce champ lexical s'oppose à celui de la trahison :« triste (v.1) ; « trahi » (v.2) ; « pitié » (v.6) ; « étonné » (v.7) ; « rage » (v.8) ; « pleurer » (v.10) ; « déroute »(v.10).

De plus cette opposition est évoquée dès le début du sonnet par l'antithèse du vers 1, comme si le poètevoulait nous montrer la souffrance que de connaitre l'amour puis d'être trahi engendre : « Ô mon cœur j'ai connu latriste et belle joie.

Enfin cette opposition est révélée par le chiasme du vers 2 qui permet au poète de renforcercette opposition.

Il cherche ici à insister sur le bonheur qu'est l'amour, mais aussi sur le fait que d'être par la suitetrahi est une véritable épreuve.

On découvre ici que le poète fait par son jeu d'opposition la confirmation qu'il aconnu une expérience malheureuse, et qui oppose l'amour à la trahison.

Le jeu d'opposition permet donc derenforcer la puissance de ce chagrin.

Toutefois, cela est à contraster car par l'usage de cette structure complexe,cela permet de sublimer le vécue du poète. Il est donc très clair ici que le poète a connu une expérience douloureuse et que celui veut exprimer son chagrin,mais il ne comprend pas pourquoi il est dans un tel état, et, c'est en cela que réside le problème car tant qu'il n'ensera pas capable, il ne pourra pas s'exprimer.

Pourtant, celui-ci trouve avec l'expression poétique le moyen de lefaire.

Il crée un structure complexe fondée sur un jeu d'opposition qui lui permet de transformé son passémalheureux en un présent maitrisé, un poème artistique.

Il a finalement trouvé le moyen de s'exprimer, de sublimerson vécu.

Si le poète a ainsi prouvé que la poésie a pour vocation de transmuter la réalité –on ne peut que songerau poème de Baudelaire « Correspondances » qui illustre parfaitement cette fonction- il demeure toutefois uneinterrogation : Est-ce là l'unique fonction de l'expression poétique ?. »

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