Devoir de Philosophie

« CARTES ET FIGURES DE LA TERRE »

Publié le 06/12/2011

Extrait du document

 

Au fil des siècles, la cartographie a conquis rang de discipline scientifique. Aujourd'hui, le cartographe ne signe plus son oeuvre une oeuvre qui se voudrait une sorte de calque objectif de la nature. Pourtant, la cartographie contemporaine reflète toujours les a priori, les préoccupations et les rêves de l'esprit humain. C'est aussi à un voyage à travers ceux-ci que nous conviait l'exposition « Cartes et figures de la terre «.

« Ce caractère symbolique et mystique d'une par­ tie de la cartographie explique sans doute le souci artistique de ses auteurs; parce qu'elle est aussi moyen de glorifier l'œuvre divine, la carte doit être belle.

Elle doit l'être aussi quand elle glorifie plus ou moins ouvertement un ordre politique.

Au nr siècle, Eumène, parlant d'une carte du monde peinte sur un portique d'Autun, écrivait : « La jeunesse doit.

..

contempler toutes !As-terres, toutes les mers et toutes les cités, peuples et nations que nos princes invaincus (les empereurs) ramènent à la prospérité par leur piété ou terrassent par leur vaillance ...

>>; à côté d'une cartographie « scientifi­ que "• s'est donc développée, à la fin de l'empire romain, une cartographie destinée avant tout à vanter la grandeur de cet empire.

Dans les siècles qui suivent, les figures de la terre se font tour à tour ou simple reflet de l'ordre politique et social ou même parfois objet de pro­ pagande.

Dans la première catégorie, on peut citer le plan de Paris tracé en 1652 par J.

Comboust.

C'est, comme celui-ci l'écrit, sans doute par souci de clarté cartogra­ phique et par manque de temps qu'il n'a pas dessiné « les maisons bourgeoises "· Mais son application à faire figu­ rer « au naturel les églises et hôtels de conséquence ...

avec leurs jardins et parterres , n'est-il pas la marque d'une adhésion totale à l'ordre social d'Ancien régime ? Les propriétés de l'Eglise et de la Noblesse méritent seules de figurer sur le plan car seuls ces deux ordres sont honorables.

Toujours en France, au XVIIe siècle, les rois, soucieux de la défense des frontières, encouragent les cartographes à dresser des plans des places fortes et de leurs abords immédiats.

La carte se fait auxiliaire des opérations militaires et reflet des préoccupations guerrières des souverains.

Parfois même, comme dans •• les glorieuses conquêtes de Louis le Grand où sont représentés les cartes, pro­ fils, plans des villes avec leurs attaques, combats, batailles, etc.

», elle devient instrument de glorifi­ cation d'une politique d'expansion.

C'est encore sous le règne de Louis XIV que naît l'idée d'établir une carte homogène de notre pays; soixante cinq ans sont nécessaires pour faire ce que l'on appelle la carte de Cassini.

On y remar­ que l'un des soucis constants de la cartographie française depuis trois siècles : attester des systèmes de souveraineté sur le sol français; y figurent les limites des juridictions civiles et religieuses comme celles des circonscriptions administratives.

Comparez-là avec n'importe quelle carte routière actuelle; le découpage administratif a changé mais il figure toujours limites de départements et de cantons sont scrupuleusement signalées à l'atten­ tion du voyageur.

Aujourd'hui comme autrefois, le cartographe projette sur son œuvre les besoins et les préoccupations de la société dans laquelle il vit.

La cartographie incarne à la fois la continuité et les -changements dans les mentalités.

Son évolu­ tion actuelle vers une plus grande abstraction, la multiplicité des thèmes qu'elle aborde, reflètent notre besoin de tout inventorier, le souci de préci­ sion de sociétés désireuses de maîtriser le dévelop­ pement économique et les échanges.

En même temps, la carte reste, dans bien des cas, reflet et objet de nos rêves.

· La carte, reflet et objet de nos rêves Certes, le temps n'est plus où, pour combler le manque de connaissances, le cartographe meu­ blait les espaces inconnus de figures imagihaires.

Ainsi, pendant des siècles l'Afrique est apparue · comme un monde peuplé d'êtres et de bêtes étranges.

De la même façon, la terre australe a parfois été figurée sous les aspects plus exotiques; dans le somptueux atlas offert à Coligny, grand amiral de France en 1555, c'est une contrée ver­ doyante où s'ébattent de curieux animaux et des indigènes emplumés.

La mappemonde de Desce­ liers (1546), sans être aussi imaginative, ne se prive pas de faire appel aux éléments figuratifs pour peupler les espaces inconnus.

Des indications écrites, souvent fantaisistes, peuvent également combler les blancs occasionnés par l'absence de connaissances géographiques.

Ainsi, dans l'Atlas Catalan (1375), on apprend que. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles