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Ce livre, sur lequel Charles était courbé, était celui qu'il avait déposé chez Henri !

Publié le 04/11/2013

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Ce livre, sur lequel Charles était courbé, était celui qu'il avait déposé chez Henri ! Un cri sourd lui échappa. - Ah ! c'est vous, d'Alençon ? dit Charles, soyez le bienvenu, et venez voir le plus beau livre de vénerie qui soit amais sorti de la plume d'un homme. Le premier mouvement de d'Alençon fut d'arracher le livre des mains de son frère ; mais une pensée nfernale le cloua à sa place, un sourire effrayant passa sur ses lèvres blêmies, il passa la main sur ses yeux omme un homme ébloui. Puis revenant un peu à lui, mais sans faire un pas en avant ni en arrière : - Sire, demanda d'Alençon, comment donc ce livre se trouve-t-il dans les mains de Votre Majesté ? - Rien de plus simple. Ce matin, je suis monté chez Henriot pour voir s'il était prêt ; il n'était déjà plus chez ui : sans doute il courait les chenils et les écuries ; mais, à sa place, j'ai trouvé ce trésor que j'ai descendu ici pour e lire tout à mon aise. Et le roi porta encore une fois son pouce à ses lèvres, et une fois encore fit tourner la page rebelle. - Sire, balbutia d'Alençon dont les cheveux se hérissèrent et qui se sentit saisir par tout le corps d'une ngoisse terrible ; Sire, je venais pour vous dire... - Laissez-moi achever ce chapitre, François, dit Charles, et ensuite vous me direz tout ce que vous voudrez. oilà cinquante pages que je lis, c'est à dire que je dévore. - Il a goûté vingt-cinq fois le poison, pensa François. Mon frère est mort ! Alors il pensa qu'il y avait un Dieu u ciel qui n'était peut-être point le hasard. François essuya de sa main tremblante la froide rosée qui dégouttait sur son front, et attendit silencieux, omme le lui avait ordonné son frère, que le chapitre fût achevé. XIX - La chasse au vol   Charles lisait toujours. Dans sa curiosité, il dévorait les pages ; et chaque page, nous l'avons dit, soit à cause de l'humidité à laquelle elles avaient été longtemps exposées, soit pour tout autre motif, adhérait à la page suivante. D'Alençon considérait d'un oeil hagard ce terrible spectacle dont il entrevoyait seul le dénouement. - Oh ! murmura-t-il, que va-t-il donc se passer ici ? Comment ! je partirais, je m'exilerais, j'irais chercher un trône imaginaire, tandis que Henri, à la première nouvelle de la maladie de Charles, reviendrait dans quelque ville forte à vingt lieues de la capitale, guettant cette proie que le hasard nous livre, et pourrait d'une seule enjambée être dans la capitale ; de sorte qu'avant que le roi de Pologne eût seulement appris la nouvelle de la mort de mon frère, la dynastie serait déjà changée : c'est impossible ! C'étaient ces pensées qui avaient dominé le premier sentiment d'horreur involontaire qui poussait François à arrêter Charles. C'était cette fatalité persévérante qui semblait garder Henri et poursuivre les Valois, contre aquelle le duc allait encore essayer une fois de réagir. En un instant tout son plan venait de changer à l'égard de Henri. C'était Charles et non Henri qui avait lu le ivre empoisonné ; Henri devait partir, mais partir condamné. Du moment où la fatalité venait de le sauver ncore une fois, il fallait que Henri restât ; car Henri était moins à craindre prisonnier à Vincennes ou à la astille, que le roi de Navarre à la tête de trente mille hommes. Le duc d'Alençon laissa donc Charles achever son chapitre ; et lorsque le roi releva la tête : - Mon frère, lui dit-il, j'ai attendu parce que Votre Majesté l'a ordonné, mais c'était à mon grand regret, parce ue j'avais des choses de la plus haute importance à vous dire. - Ah ! au diable ! dit Charles, dont les joues pâles s'empourpraient peu à peu, soit qu'il eût mis une trop rande ardeur à sa lecture, soit que le poison commençât à agir ; au diable ! si tu viens encore me parler de la ême chose, tu partiras comme est parti le roi de Pologne. Je me suis débarrassé de lui, je me débarrasserai de oi, et plus un mot là-dessus. - Aussi, mon frère, dit François, ce n'est point de mon départ que je veux vous entretenir, mais de celui d'un utre. Votre Majesté m'a atteint dans mon sentiment le plus profond et le plus délicat, qui est mon dévouement our elle comme frère, ma fidélité comme sujet, et je tiens à lui prouver que je ne suis pas un traître, moi. - Allons, dit Charles en s'accoudant sur le livre, en croisant ses jambes l'une sur l'autre, et en regardant 'Alençon en homme qui fait contre ses habitudes provision de patience ; allons, quelque bruit nouveau, quelque ccusation matinale ? - Non, Sire. Une certitude, un complot que ma ridicule délicatesse m'avait seule empêché de vous révéler. - Un complot ! dit Charles, voyons le complot. - Sire, dit François, tandis que Votre Majesté chassera au vol près de la rivière, et dans la plaine du Vésinet, e roi de Navarre gagnera la forêt de Saint-Germain, une troupe d'amis l'attend dans cette forêt et il doit fuir avec eux. - Ah ! je le savais bien, dit Charles. Encore une bonne calomnie contre mon pauvre Henriot ! Ah ça ! en inirez-vous avec lui ? - Votre Majesté n'aura pas besoin d'attendre longtemps au moins pour s'assurer si ce que j'ai l'honneur de lui dire est ou non une calomnie. - Et comment cela ? - Parce que ce soir notre beau-frère sera parti. Charles se leva. - Écoutez, dit-il, je veux bien une dernière fois encore avoir l'air de croire à vos intentions ; mais je vous en avertis, toi et ta mère, cette fois c'est la dernière. Puis haussant la voix : - Qu'on appelle le roi de Navarre ! ajouta-t-il. Un garde fit un mouvement pour obéir ; mais François l'arrêta d'un signe. - Mauvais moyen, mon frère, dit-il ; de cette façon vous n'apprendrez rien. Henri niera, donnera un signal, ses complices seront avertis et disparaîtront ; puis ma mère et moi nous serons accusés non seulement d'être des visionnaires, mais encore des calomniateurs. - Que demandez-vous donc alors ? - Qu'au nom de notre fraternité, Votre Majesté m'écoute, qu'au nom de mon dévouement qu'elle va reconnaître, elle ne brusque rien. Faites en sorte, Sire, que le véritable coupable, que celui qui depuis deux ans trahit d'intention Votre Majesté, en attendant qu'il la trahisse de fait, soit enfin reconnu coupable par une

« XIX –La chasse auvol  Charles lisaittoujours.

Danssacuriosité, ildévorait lespages ; etchaque page,nousl’avons dit,soit àcause de l’humidité àlaquelle ellesavaient étélongtemps exposées,soitpour toutautre motif, adhérait àla page suivante.

D’Alençon considérait d’unœilhagard ceterrible spectacle dontilentrevoyait seulledénouement. – Oh !murmura-t-il, queva-t-il doncsepasser ici ?Comment !je partirais, jem’exilerais, j’iraischercher un trône imaginaire, tandisqueHenri, àla première nouvelledelamaladie deCharles, reviendrait dansquelque ville forte àvingt lieues delacapitale, guettantcetteproie quelehasard nouslivre, etpourrait d’uneseule enjambée êtredans lacapitale ; desorte qu’avant queleroi dePologne eûtseulement apprislanouvelle dela mort demon frère, ladynastie seraitdéjàchangée : c’estimpossible ! C’étaient cespensées quiavaient dominé lepremier sentiment d’horreurinvolontaire quipoussait François à arrêter Charles.

C’étaitcettefatalité persévérante quisemblait garderHenrietpoursuivre lesValois, contre laquelle leduc allait encore essayer unefoisderéagir. En uninstant toutsonplan venait dechanger àl’égard deHenri.

C’étaitCharles etnon Henri quiavait lule livre empoisonné ; Henridevait partir, maispartir condamné.

Dumoment oùlafatalité venaitdelesauver encore unefois, ilfallait queHenri restât ; carHenri étaitmoins àcraindre prisonnier àVincennes ouàla Bastille, queleroi deNavarre àla tête detrente millehommes. Le duc d’Alençon laissadoncCharles achever sonchapitre ; etlorsque leroi releva latête : – Mon frère, luidit-il, j’aiattendu parcequeVotre Majesté l’aordonné, maisc’était àmon grand regret, parce que j’avais deschoses delaplus haute importance àvous dire. – Ah !au diable !dit Charles, dontlesjoues pâless’empourpraient peuàpeu, soitqu’il eûtmis une trop grande ardeuràsa lecture, soitque lepoison commençât àagir ; audiable !si tu viens encore meparler dela même chose, tupartiras commeestparti leroi dePologne.

Jeme suis débarrassé delui, jeme débarrasserai de toi, etplus unmot là-dessus. – Aussi, monfrère, ditFrançois, cen’est point demon départ quejeveux vousentretenir, maisdecelui d’un autre.

VotreMajesté m’aatteint dansmonsentiment leplus profond etleplus délicat, quiestmon dévouement pour ellecomme frère,mafidélité comme sujet,etjetiens àlui prouver quejene suis pasuntraître, moi. – Allons, ditCharles ens’accoudant surlelivre, encroisant sesjambes l’unesurl’autre, eten regardant d’Alençon enhomme quifait contre seshabitudes provisiondepatience ; allons,quelque bruitnouveau, quelque accusation matinale ? – Non, Sire.Unecertitude, uncomplot quemaridicule délicatesse m’avaitseuleempêché devous révéler. – Un complot !dit Charles, voyonslecomplot. – Sire, ditFrançois, tandisqueVotre Majesté chassera auvol près delarivière, etdans laplaine duVésinet, le roi deNavarre gagneralaforêt deSaint-Germain, unetroupe d’amisl’attend danscette forêtetildoit fuiravec eux.

–Ah !je lesavais bien,ditCharles.

Encoreunebonne calomnie contremonpauvre Henriot !Ah ça!en finirez-vous aveclui ? – Votre Majesté n’aurapasbesoin d’attendre longtemps aumoins pours’assurer sice que j’ail’honneur de lui dire estounon unecalomnie. – Et comment cela ? – Parce quecesoir notre beau-frère seraparti.

Charles seleva. – Écoutez, dit-il,jeveux bienunedernière foisencore avoirl’airdecroire àvos intentions ; maisjevous en avertis, toietta mère, cettefoisc’est ladernière. Puis haussant lavoix : – Qu’on appelle leroi deNavarre !ajouta-t-il. Un garde fitun mouvement pourobéir ; maisFrançois l’arrêtad’unsigne. – Mauvais moyen,monfrère, dit-il ; decette façon vousn’apprendrez rien.Henri niera,donnera unsignal, ses complices serontavertis etdisparaîtront ; puismamère etmoi nous serons accusés nonseulement d’êtredes visionnaires, maisencore descalomniateurs. – Que demandez-vous doncalors ? – Qu’au nomdenotre fraternité, VotreMajesté m’écoute, qu’aunomdemon dévouement qu’elleva reconnaître, ellenebrusque rien.Faites ensorte, Sire,quelevéritable coupable, quecelui quidepuis deuxans trahit d’intention VotreMajesté, enattendant qu’illatrahisse defait, soitenfin reconnu coupable parune. »

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