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CH. BAUDELAIRE (1821-1867). L'albatros

Publié le 21/06/2011

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baudelaire

  Nous n'avons de Baudelaire qu'un seul recueil de vers, les Fleurs du mal, publié en 1857. Quelques pièces d'une singulière hardiesse firent scandale, et la réputation du poète fut en grande partie fondée sur le procès que lui attira cette publication. Mais Baudelaire vaut mieux que son équivoque popularité. Il a, comme l'a dit Victor Hugo, doté l'art d'un frisson nouveau, en introduisant dans la poésie, avant Verlaine et Mallarmé, certaines nuances parfois exquises, parfois très réalistes. Il annonce le Symbolisme; et sa versification est aussi impeccable que celle des meilleurs Parnassiens.

L'albatros (1837).

Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers, Qui suivent, indolents compagnons de voyage, Le navire glissant sur les gouffres amers. A peine les ont-ils déposés sur les planches, Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux, Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches, Comme des avirons traîner à côté d'eux. Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule! Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid! L'un agace son bec avec un brûle-gueule, L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait! Le Poète est semblable au prince des nuées Qui hante la tempête et se rit de l'archer; Exilé sur le sol au milieu des huées, Ses ailes de géant l'empêchent de marcher. QUESTIONS D'EXAMEN

I. — L'ensemble. Poésie dans laquelle Baudelaire montre, à l'aide d'un symbole, toute la gaucherie du poète, qui, cessant de planer dans les hautes régions de l'idéal, se trouve en butte aux railleries de ses adversaires. — Faites ressortir la justesse du symbole (le poète comparé à l'albatros...) ; Ne pensez-vous pas qu'on peut étendre à tous les hommes de génie la constatation faite par Baudelaire au sujet du poète? (à préciser) ; Baudelaire ne paraît-il pas avoir puisé l'image de l'albatros dans les souvenirs du voyage qu'il fit, ses études terminées, à Madagascar, à Ceylan et aux Indes? (Oui, — et un assez grand nombre de ses poésies rappellent les impressions étranges que laissèrent en lui la traversée des mers australes et son séjour dans les pays équatoriaux...).

II. — L'analyse de la poésie. — Distinguez les deux parties de la poésie : a) Le symbole ; — b) L'idée qui s'en dégage; Montrez que l'idée,—très juste par elle-même, tire du symbole encore plus de netteté et plus de force; 30 Baudelaire a souvent recours aux symboles; indiquez quelques-unes de ses poésies où il use de ce procédé (Les phares, — Les hiboux, —La cloche fêlée, — Le couvercle, etc...).

III. — Le style ; — les expressions. — Faites ressortir les qualités du style, dans cette poésie : la clarté, la pureté (Forme très soignée.... On a dit avec justesse que Baudelaire avait « la religion de la forme «...), — la sobriété (aucun mot inutile; aucune expression qui ne contribue à faire ressortir l'idée que le poète veut mettre en lumière...), — l'harmonie...; Montrez la justesse de l'expression : indolents compagnons de voyage; Marquez nettement le contraste indiqué dans la 3e strophe; Quelles sont les périphrases employées dans le morceau pour désigner l'albatros? Expliquez les expressions : et se rit de l'archer, — au milieu des huées.

IV. — La grammaire. — Indiquez un synonyme de chacun des mots suivants : veule, — hante, - huées; Distinguez les propositions contenues dans la dernière strophe; nature et, s'il y a lieu, fonction de chacune d'elles.

Rédaction. — Décrivez une mouette votant au-dessus des bords de la mer.   

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