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  CHAPITRE HUIT ADIEU À LA LORIEN Cette nuit-là, la Compagnie fut de nouveau convoquée à la chambre de Celeborn, et le Seigneur et la Dame les y accueillirent avec des mots courtois.

Publié le 30/10/2013

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  CHAPITRE HUIT ADIEU À LA LORIEN Cette nuit-là, la Compagnie fut de nouveau convoquée à la chambre de Celeborn, et le Seigneur et la Dame les y accueillirent avec des mots courtois. Enfin, Celeborn parla de leur départ. -- Le moment est venu, dit-il, où ceux qui désirent poursuivre la Quête doivent endurcir leur coeur pour quitter ce pays. Ceux qui ne veulent pas aller plus loin peuvent rester quelque temps ici. Mais qu'il demeure ou qu'il parte, nul ne peut-être assuré de la paix. Car nous sommes arrivés maintenant au bord du destin. Ici, ceux qui désirent pourront attendre l'approche de l'heure jusqu'à ce que l'un ou l'autre des chemins du monde soit de nouveau accessible ou que nous les appelions à répondre à l'ultime nécessité de la Lorien. Ils pourront alors etourner dans leur propre pays ou aller au long séjour de ceux qui tombent au combat. Il y eut un silence. -- Ils ont tous décidé d'aller de l'avant, dit Galadriel, scrutant leurs yeux. -- Quant à moi, dit Boromir, le chemin de chez moi est en avant, et non en arrière. -- C'est vrai, dit Celeborn, mais toute cette Compagnie doit-elle vous accompagner à Minas Tirith ? -- Nous n'avons pas encore décidé de notre itinéraire, dit Aragorn. Au-delà de la Lothlorien, j'ignore ce que Gandalf avait l'intention de faire. En fait, je ne pense pas que lui-même eût aucun dessein très clair. -- Peut-être pas, dit Celeborn, mais en quittant ce pays, vous ne pourrez plus oublier le Grand Fleuve. omme certains d'entre vous le savent bien, il n'est pas franchissable par des voyageurs avec bagages entre la Lorien et le Gondor, hormis par bateau. Et les ponts d'Osgiliath ne sont-ils pas rompus, et l'Ennemi ne tient-il pas maintenant tous les points de débarquement ? « Sur quelle rive voyagerez-vous ? Le chemin de Minas Tirith se trouve de ce côté-ci, à l'ouest ; mais la route irecte de la Quête est à l'est du Fleuve, sur le bord le plus sombre. Quel bord allez-vous prendre maintenant ? « -- Si l'on tient compte de mon avis, ce sera le bord ouest et le chemin de Minas Tirith, répondit Boromir. ais je ne suis pas le chef de la Compagnie. Les autres ne dirent rien, et Aragorn eut l'air indécis et troublé. -- Je vois que vous ne savez que faire, dit Celeborn. Il ne m'appartient pas de choisir pour vous ; mais je vous aiderai comme je le pourrai. Il en est parmi vous qui savent manier une embarcation. Legolas, dont les amis connaissent la rapide Rivière de la Forêt, et Boromir de Gondor, et Aragorn le voyageur. -- Et un Hobbit ! s'écria Merry. Nous ne considérons pas tous les bateaux comme des chevaux sauvages. Les miens vivent sur les rives du Brandevin. -- Voilà qui est bien, dit Celeborn. Dans ce cas, je vais pourvoir votre Compagnie d'embarcations. Il les faut petites et légères, car si vous allez loin de l'eau, il y aura des endroits où vous serez obligés de les porter. Vous rriverez aux rapides de Sarn Gebir et peut-être enfin aux grandes chutes de Rauros, où le Fleuve tombe dans un ruit de tonnerre de Nen Hithoel ; et là, il y a d'autres dangers. Des embarcations rendront peut-être quelque emps votre voyage moins laborieux. Mais elles ne vous offriront pas de conseils : en fin de compte, il vous faudra les abandonner ainsi que le Fleuve pour vous tourner vers l'ouest - ou l'est. Aragorn remercia mille fois Celeborn. Le fait de ne pas avoir à décider de son chemin pendant quelques jours n'était pas la moindre raison du grand réconfort que lui apportait le don de bateaux. Les autres aussi parurent plus encouragés. Quels que fussent les périls à venir, il semblait meilleur de descendre le large cours de l'Anduin à leur rencontre que de cheminer péniblement, le dos courbé. Seul Sam restait indécis : lui du moins trouvait toujours les bateaux aussi mauvais que des chevaux sauvages, sinon pires, et ce n'étaient pas tous les dangers auxquels il avait survécu qui lui auraient donné une meilleure impression. -- Tout sera préparé pour vous et vous attendra au havre avant demain à midi, dit Celeborn. Je vous enverrai mes gens dans la matinée pour vous aider aux préparatifs du voyage. Et maintenant, nous vous souhaiterons à tous une bonne nuit et un sommeil paisible. -- Bonsoir, mes amis ! dit Galadriel. Dormez en paix. Ne vous troublez pas le coeur outre mesure en pensant à la route cette nuit. Peut-être les chemins que foulera chacun de vous sont-ils déjà tracés devant vos pieds, bien que vous ne les voyiez pas. Bonsoir ! La Compagnie prit alors congé, et tous regardèrent leur tente. Legolas les accompagna, car ce devait être leur dernière nuit en Lothlorien et, malgré les paroles de Galadriel, ils désiraient tenir conseil ensemble. Ils débattirent longuement de la conduite à suivre et de la meilleure façon d'accomplir leur dessein concernant l'Anneau, mais ils ne parvinrent à aucune décision. Il était évident que la majorité d'entre eux désiraient se rendre d'abord à Minas Tirith et échapper au moins un moment à la terreur de l'Ennemi. Ils auraient volontiers suivi un guide sur le Fleuve et jusqu'à l'ombre de Mordor, mais Frodon ne dit rien, et ragorn avait encore l'esprit indécis. Son propre plan, alors que Gandalf demeurait avec eux, avait été d'accompagner Boromir et, avec son épée, e contribuer à la délivrance du Gondor. Car il pensait que le message des rêves était un mandat, et que l'heure tait enfin venue où l'héritier d'Elendil paraîtrait pour disputer la domination à Sauron. Mais, dans la Moria, le ardeau de Gandalf avait été transféré sur lui ; et il savait qu'il ne pouvait à présent abandonner l'Anneau, si rodon refusait en fin de compte d'aller avec Boromir. Et pourtant quelle aide pouvait-il, lui ou quiconque dans a Compagnie, apporter à Frodon, hormis celle de l'accompagner aveuglément dans les ténèbres ? -- J'irai à Minas Tirith, seul s'il le faut, car c'est mon devoir, dit Boromir. Après quoi, il garda un moment le silence, assis les yeux fixés sur Frodon ; on eût dit qu'il s'efforçait de lire es pensées du Semi-Homme. Enfin, il reprit la parole, comme en un débat avec lui-même : -- Si votre seul but est de détruire l'Anneau, dit-il, la guerre et les armes sont assez inutiles, et les Hommes e Minas Tirith ne sont d'aucun secours. Mais si vous désirez détruire le pouvoir armé du Seigneur Ténébreux, 'est alors folie que d'aller sans force dans son domaine ; et folie de rejeter... Il s'arrêta, comme s'apercevant soudain qu'il exprimait sa pensée à haute voix. -- Ce serait folie de sacrifier des vies, veux-je dire, acheva-t-il. Il s'agit de choisir entre défendre une place orte et marcher ouvertement dans les bras de la mort. Du moins est-ce ainsi que je vois la question. Frodon aperçut quelque chose de nouveau et d'étrange dans les yeux de Boromir, et il le dévisagea fixement. a pensée de Boromir différait manifestement de celle qu'il avait exprimée dans ses derniers mots. Ce serait folie e rejeter... quoi ? L'Anneau du Pouvoir ? Il avait déjà dit quelque chose de ce genre au Conseil, mais il avait lors accepté la correction d'Elrond. Frodon regarda Aragorn, mais celui-ci semblait plongé dans ses propres ensées, et il ne montra aucunement qu'il avait écouté les paroles de Boromir. Et ainsi s'acheva leur débat. erry et Pippin dormaient déjà, et Sam dodelinait de la tête. La nuit s'avançait.   Au matin, tandis qu'ils commençaient à emballer leurs minces effets, des Elfes qui parlaient leur langue inrent leur apporter de nombreux présents de nourriture et de vêtements pour le voyage. La nourriture était rincipalement sous forme de galettes, faites d'une farine légèrement dorée d'un côté et couleur de crème à 'intérieur. Gimli prit un des gâteaux et le regarda avec incertitude : -- Du cram, dit-il à mi-voix, après avoir cassé un coin croustillant et l'avoir grignoté. Son expression se transforma vite, et il mangea tout le reste de la galette avec délectation. -- Assez, assez ! s'écrièrent les Elfes en riant. Vous avez déjà mangé de quoi affronter une longue journée de marche. -- Je croyais que ce n'était qu'une sorte de cram, tel que le font les hommes du Val pour leurs voyages dans e désert, dit le Nain. -- C'est bien cela, répondirent-ils. Mais nous appelons cela du lembas ou pain de route, et c'est plus fortifiant que toute nourriture faite par les Hommes, et c'est plus agréable que le cram, de tous points de vue. -- Certes oui, dit Gimli. C'est même meilleur que les gâteaux de miel des Beornides, et ça c'est un grand éloge, car les Beornides sont les meilleurs boulangers que je connaisse ; mais ils ne distribuent pas très volontiers leurs gâteaux aux voyageurs, de nos jours. Vous êtes des hôtes très prévenants ! -- Nous ne vous invitons pas moins à épargner la nourriture, dirent-ils. Mangez-en peu à la fois, et seulement selon les besoins. Car ces choses vous sont données pour servir quand tout le reste fera défaut. Les gâteaux garderont leur fraîcheur bien des jours, s'ils ne sont pas brisés et qu'on les laisse dans leur enveloppe de euilles, comme nous les avons apportés. Un seul peut garder un voyageur sur pied pour une journée entière de dur labeur, fût-il l'un des grands Hommes de Minas Tirith. Les Elfes défirent alors les paquets de vêtements qu'ils avaient apportés et en distribuèrent à chaque membre de la Compagnie. Pour chacun, ils avaient prévu un capuchon et un manteau, fait à sa taille d'une étoffe soyeuse, légère mais chaude, que tissaient les Galadhrim. La couleur en était difficile à définir : ils semblaient gris, avec un reflet du crépuscule sous les arbres ; mais bougés ou placés dans une autre lumière, ils devenaient du vert des feuilles dans l'ombre, du brun des champs en friche la nuit ou de l'argent sombre de l'eau sous les étoiles. Chaque manteau s'agrafait autour du cou par une broche semblable à une feuille verte veinée d'argent. -- Sont-ce là des manteaux magiques ? demanda Pippin, les regardant avec étonnement. -- Je ne sais ce que vous entendez par-là, répondit le chef des Elfes. Ce sont de beaux vêtements, et le tissu en est bon, car il a été fabriqué dans ce pays. Ce sont certainement des habits elfiques, si c'est ce que vous voulez dire. Feuille et branche, eau et pierre : ils ont la couleur et la beauté de toutes ces choses dans le crépuscule de la Lorien que nous aimons ; car nous mettons la pensée de ce que nous aimons dans tout ce que nous fabriquons. Ce sont toutefois des vêtements, non des armures, et ils ne détourneront ni flèche ni lame. Mais ils devraient vous être de grand service : ils sont légers à porter et assez chauds ou frais selon les besoins. Et vous les trouverez très utiles pour vous cacher à la vue d'yeux hostiles, que vous marchiez parmi les pierres ou parmi les arbres. Vous êtes, assurément, en particulière faveur auprès de la Dame ! Car c'est elle-même et ses suivantes qui ont tissé cette étoffe ; et jamais auparavant nous n'avons vêtu des étrangers du costume des nôtres.   Après leur repas du matin, la Compagnie fit ses adieux à la pelouse près de la source. Tous avaient le coeur lourd ; car c'était un bel endroit, et il leur était devenu comme leur propre pays, bien qu'ils ne pussent faire le compte des jours et des nuits qu'ils y avaient passé. Comme ils se tenaient un moment à regarder l'eau blanche u soleil, Haldir s'avança vers eux sur l'herbe verte de la clairière. Frodon l'accueillit avec joie. -- Je suis revenu des Défenses du Nord, dit l'Elfe, et je suis envoyé à présent pour vous servir de nouveau de uide. La Vallée des Rigoles Sombres est emplie de vapeur et de nuages de fumée, et les montagnes sont troublées. Il y a des bruits dans les profondeurs de la terre. Si quelqu'un d'entre vous avait pensé rentrer par le nord, vous n'auriez pu passer de ce côté. Mais, allons ! Votre chemin est maintenant en direction du sud. Pendant leur traversée du Caras Galadhron, les chemins verts étaient déserts ; mais dans les arbres audessus de leur tête, de nombreuses voix murmuraient et chantaient. Eux-mêmes marchaient en silence. Enfin, sous la conduite de Haldir, ils descendirent les pentes méridionales de la colline, et ils arrivèrent de nouveau à la grande porte éclairée de lanternes et au pont blanc ; ils sortirent par là et quittèrent la cité des Elfes. Puis ils abandonnèrent la route pavée pour prendre un chemin qui s'en allait dans un épais bosquet de mallornes et qui continuait en serpentant au travers de bois onduleux à l'ombre argentée ; et ils descendaient ainsi toujours, au sud et à l'ouest vers les rives du Fleuve. Ils avaient parcouru une dizaine de milles et la mi-journée approchait, quand ils se trouvèrent devant un haut mur vert. Passant par une trouée, ils sortirent soudain des arbres. Devant eux s'étendait une longue pelouse d'herbe luisante, émaillée d'elanors dorés, qui étincelaient au soleil. La pelouse se terminait par une langue troite entre des lisières brillantes : sur la droite et à l'ouest, coulait en scintillant le Cours d'Argent ; sur la auche et à l'est, le Grand Fleuve roulait ses larges eaux, profondes et sombres. Sur les rives opposées, les bois se oursuivaient à perte de vue en direction du sud, mais les bords mêmes étaient déserts et nus. Nul mallorne 'élevait ses rameaux couverts d'or en dehors du Pays de Lorien. Sur la rive du Cours d'Argent, à quelque distance du confluent des deux rivières, il y avait un petit ppontement blanc en pierre et en bois. À côté, étaient amarrées de nombreuses barques et embarcations iverses. Certaines étaient peintes de couleur vive et d'autres resplendissaient d'or, d'argent et de vert, mais la lupart étaient blanches ou grises. Trois petits bateaux gris avaient été préparés pour les voyageurs, et les Elfes y nstallèrent leurs paquets. Ils y ajoutèrent des rouleaux de cordes, trois par embarcation. Celles-ci paraissaient inces, mais solides, soyeuses au toucher, et de teinte grise comme les manteaux elfiques. -- Qu'est-ce que cela ? demanda Sam, en maniant un rouleau qui gisait sur le gazon. -- Des cordes, évidemment ! répondit un Elfe des bateaux. Ne voyagez jamais au loin sans corde ! Et une qui oit longue, solide et légère - comme celles-ci. Elles peuvent être utiles dans bien des cas. -- Ce n'est pas la peine de me le dire ! s'écria Sam. Je suis venu sans, et je m'en suis fait du souci sans arrêt. ais je me demandais de quoi celles-ci étaient faites, car j'en connais un bout sur la confection des cordes : c'est e famille, comme qui dirait. -- Elles sont faites de hithlain, répondit l'Elfe ; mais il n'y a pas le temps maintenant de vous instruire en 'art de leur fabrication. Si nous avions su que cela vous intéressait, nous vous aurions beaucoup appris. Mais à résent, hélas ! à moins que vous ne reveniez quelque jour, il faudra vous contenter de notre cadeau. Qu'il vous erve bien ! -- Allons ! dit Haldir. Tout est prêt maintenant. Embarquez ! Mais prenez garde au début ! -- Observez bien ce conseil ! dirent les autres Elfes. Ces barques sont de construction légère ; elles sont rtificieuses et différentes de celles des autres gens. Elles ne couleront pas, quel que soit leur chargement ; mais lles sont indociles, quand on ne sait pas les manier. Il serait sage de vous habituer à y monter et à descendre, ici ù il y a un appontement, avant de vous lancer sur la rivière.   La Compagnie se répartit ainsi : Aragorn, Frodon et Sam étaient dans un bateau ; Boromir, Merry et Pippin dans un autre ; et dans le troisième se trouvaient Legolas et Gimli, maintenant grands amis. Dans cette dernière embarcation étaient chargés la plupart des provisions et des paquets. Les barques étaient muées et dirigées au moyen de courtes pagaies à large palette en forme de feuille. Quand tout fut prêt, Aragorn les mena pour un ssai sur le Cours d'Argent. Le courant était rapide, et ils progressaient lentement. Sam, assis à l'avant, les mains agrippées au rebord, regardait le rivage d'un oeil nostalgique. Le scintillement du soleil sur l'eau l'éblouissait. Comme ils dépassaient le pré vert de la Langue, les arbres se resserrèrent jusqu'au bord de la rivière. De-ci de-là, des feuilles dorées se balançaient sur les rides de l'eau. L'air était très lumineux et immobile, et tout était silencieux, hormis le chant grêle et lointain des alouettes. Ils tournèrent un brusque coude de la rivière, et là, ils virent, descendant majestueusement vers eux, un cygne de grande taille. L'eau ondulait de part et d'autre de son poitrail blanc sous le col recourbé. Son bec brillait comme de l'or bruni et ses yeux étincelaient comme du jais serti de pierres jaunes ; ses immenses ailes blanches étaient à demi levées. Une musique l'accompagnait dans sa descente de la rivière ; et soudain ils s'aperçurent que c'était un navire construit et sculpté avec tout l'art elfique à l'image d'un oiseau. Deux Elfes vêtus de blanc le irigeaient au moyen de pagaies noires. Au milieu du vaisseau était assis Celeborn, et derrière lui se tenait aladriel, grande et blanche, un bandeau de fleurs d'or ceignait ses cheveux ; dans sa main, elle tenait une arpe, et elle chantait. Triste et doux était le son de sa voix dans l'air clair et frais :

« auraient volontiers suiviunguide surleFleuve etjusqu’à l’ombre deMordor, maisFrodon nedit rien, et Aragorn avaitencore l’esprit indécis. Son propre plan,alorsqueGandalf demeurait aveceux,avait étéd’accompagner Boromiret,avec sonépée, de contribuer àla délivrance duGondor.

Carilpensait quelemessage desrêves étaitunmandat, etque l’heure était enfin venue oùl’héritier d’Elendil paraîtrait pourdisputer ladomination àSauron.

Mais,danslaMoria, le fardeau deGandalf avaitététransféré surlui ; etilsavait qu’ilnepouvait àprésent abandonner l’Anneau,si Frodon refusait enfin decompte d’alleravecBoromir.

Etpourtant quelleaidepouvait-il, luiouquiconque dans la Compagnie, apporteràFrodon, hormiscelledel’accompagner aveuglémentdanslesténèbres ? — J’irai àMinas Tirith, seuls’illefaut, carc’est mon devoir, ditBoromir. Après quoi,ilgarda unmoment lesilence, assislesyeux fixéssurFrodon ; oneût ditqu’il s’efforçait delire les pensées duSemi-Homme.

Enfin,ilreprit laparole, comme enun débat aveclui-même : — Si votre seulbutestdedétruire l’Anneau, dit-il,laguerre etles armes sontassez inutiles, etles Hommes de Minas Tirithnesont d’aucun secours.

Maissivous désirez détruire lepouvoir arméduSeigneur Ténébreux, c’est alors foliequed’aller sansforce danssondomaine ; etfolie derejeter… Il s’arrêta, commes’apercevant soudainqu’ilexprimait sapensée àhaute voix. — Ce serait foliedesacrifier desvies, veux-je dire,acheva-t-il.

Ils’agit dechoisir entredéfendre uneplace forte etmarcher ouvertement danslesbras delamort.

Dumoins est-ceainsiquejevois laquestion. Frodon aperçut quelque chosedenouveau etd’étrange danslesyeux deBoromir, etille dévisagea fixement. La pensée deBoromir différaitmanifestement decelle qu’ilavait exprimée danssesderniers mots.Ceserait folie de rejeter… quoi ?L’Anneau duPouvoir ? Ilavait déjàditquelque chosedecegenre auConseil, maisilavait alors accepté lacorrection d’Elrond.Frodonregarda Aragorn, maiscelui-ci semblait plongédanssespropres pensées, etilne montra aucunement qu’ilavait écouté lesparoles deBoromir.

Etainsi s’acheva leurdébat. Merry etPippin dormaient déjà,etSam dodelinait delatête.

Lanuit s’avançait.   Au matin, tandisqu’ilscommençaient àemballer leursminces effets,desElfes quiparlaient leurlangue vinrent leurapporter denombreux présentsdenourriture etde vêtements pourlevoyage.

Lanourriture était principalement sousforme degalettes, faitesd’une farine légèrement doréed’uncôtéetcouleur decrème à l’intérieur.

Gimlipritundes gâteaux etleregarda avecincertitude : — Du cram , dit-il àmi-voix, aprèsavoircassé uncoin croustillant etl’avoir grignoté. Son expression setransforma vite,etilmangea toutlereste delagalette avecdélectation. — Assez, assez !s’écrièrent lesElfes enriant.

Vousavezdéjàmangé dequoi affronter unelongue journée de marche.

— Je croyais quecen’était qu’une sortede cram , tel que lefont leshommes duVal pour leurs voyages dans le désert, ditleNain. — C’est biencela, répondirent-ils.

Maisnousappelons celadu lembas ou pain deroute, etc’est plus fortifiant quetoute nourriture faiteparlesHommes, etc’est plusagréable quele cram , de tous points devue. — Certes oui,ditGimli.

C’estmême meilleur quelesgâteaux demiel desBeornides, etça c’est ungrand éloge, carlesBeornides sontlesmeilleurs boulangers quejeconnaisse ; maisilsne distribuent pastrès volontiers leursgâteaux auxvoyageurs, denos jours.

Vousêtesdeshôtes trèsprévenants ! — Nous nevous invitons pasmoins àépargner lanourriture, dirent-ils.Mangez-en peuàla fois, et seulement selonlesbesoins.

Carceschoses voussontdonnées pourservir quand toutlereste feradéfaut.

Les gâteaux garderont leurfraîcheur biendesjours, s’ilsnesont pasbrisés etqu’on leslaisse dansleurenveloppe de feuilles, commenouslesavons apportés.

Unseul peut garder unvoyageur surpied pour unejournée entièrede dur labeur, fût-ill’undesgrands Hommes deMinas Tirith. Les Elfes défirent alorslespaquets devêtements qu’ilsavaient apportés eten distribuèrent àchaque membre delaCompagnie.

Pourchacun, ilsavaient prévuuncapuchon etun manteau, faitàsa taille d’une étoffe soyeuse, légèremaischaude, quetissaient lesGaladhrim.

Lacouleur enétait difficile àdéfinir : ilssemblaient gris, avec unreflet ducrépuscule souslesarbres ; maisbougés ouplacés dansuneautre lumière, ilsdevenaient du vert desfeuilles dansl’ombre, dubrun deschamps enfriche lanuit oudel’argent sombredel’eau sousles étoiles.

Chaque manteau s’agrafait autourducou parune broche semblable àune feuille verteveinée d’argent. — Sont-ce làdes manteaux magiques ? demandaPippin,lesregardant avecétonnement. — Je nesais ceque vous entendez par-là,répondit lechef desElfes.

Cesont debeaux vêtements, etletissu en est bon, carilaété fabriqué danscepays.

Cesont certainement deshabits elfiques, sic’est ceque vous voulez dire.

Feuille etbranche, eauetpierre : ilsont lacouleur etlabeauté detoutes ceschoses danslecrépuscule dela Lorien quenous aimons ; carnous mettons lapensée deceque nous aimons danstoutceque nous fabriquons. Ce sont toutefois desvêtements, nondesarmures, etils ne détourneront niflèche nilame.

Maisilsdevraient vous êtredegrand service : ilssont légers àporter etassez chauds oufrais selon lesbesoins.

Etvous les trouverez trèsutiles pourvouscacher àla vue d’yeux hostiles, quevous marchiez parmilespierres ouparmi les arbres.

Vousêtes,assurément, enparticulière faveurauprès delaDame ! Carc’est elle-même etses suivantes qui ont tissé cette étoffe ; etjamais auparavant nousn’avons vêtudesétrangers ducostume desnôtres.  . »

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