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  Chapitre XII De chapitre en chapitre, ce livre a atteint une grande frontière nommée 1900.

Publié le 30/10/2013

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  Chapitre XII De chapitre en chapitre, ce livre a atteint une grande frontière nommée 1900. Cent ans de plus, barattés et moulus, pétrifiés par le calcaire du souvenir. Cent ans que les hommes modelaient à leur guise et, plus l'époque était lointaine, plus elle était riche et pleine de signification. C'était le bon vieux temps, heureux, doux et simple, jeune et audacieux, celui qui avait laissé la plus belle empreinte sur les neiges du monde. Les vieillards, qui ne savaient pas si leurs pas chancelants les conduiraient jusqu'à la frontière du siècle, considéraient avec dédain ces années étrangères. Car le monde changeait et la douceur de vivre avait disparu et la vertu avec elle. L'inquiétude s'emparait d'un monde corrodé. Qu'allait-on perdre ? Les bonnes manières, la facilité et la beauté ? Les dames n'étaient plus des dames. La parole d'un homme n'avait plus de valeur. Où était l'époque où les messieurs fermaient les boutons de leur braguette ? Les chaudières de la liberté s'exténuaient. L'enfance même n'avait plus sa saveur d'antan. Le seul souci, alors, était de trouver une bonne pierre, pas exactement ronde, mais aplatie, usée par l'eau, pour la lancer avec une fronde taillée dans une vieille chaussure. Où sont donc allées les bonnes pierres et la simplicité ? Dans la mémoire floue de l'homme, les sensations du plaisir et de la douleur anciens ne subsistent qu'à l'état d'images, mais elles ne contractent plus la gorge. Un caillou dans l'eau de la mémoire et l'homme adulte reçoit la petite fille avec laquelle il jouait au docteur. Mais ce n'est qu'une image ondulante. Il oublie, il veut oublier l'émotion acide qui ronge la bile et qui, enfant, le jetait contre terre au milieu de la folle avoine pour tambouriner le sol en sanglotant : « Christ ! Christ ! « Mais oui, l'homme oublie. « Pourquoi ce gosse se roule-t-il dans l'herbe ? Il va attraper un rhume ! « Ah ! Les fraises et les framboises n'ont plus le goût d'antan et les cuisses des femmes ne nous excitent plus. Et quelques hommes s'installaient confortablement dans le nid de la mort, comme des poules couveuses. L'histoire fut sécrétée par les glandes d'un million d'historiens. Il nous faut sortir de ce siècle tumultueux, disaient certains, sortir de cette tricherie, de ce siècle assassin d'émeutes et de mort secrète, de ce siècle de lutte pour la terre, conquise par n'importe quel moyen. Rappelez-vous notre petite nation bordée d'océans, déchirée par les problèmes, grandie trop vite, et qui s'éveillait quand les Britanniques nous attaquèrent à nouveau. Nous les battîmes, mais cela ne nous apporta pas grand-chose. Il ne nous restait qu'une Maison Blanche brûlée et dix mille veuves de guerre sur la liste des pensionnés. Et puis les soldats partirent vers le Mexique et ce fut une douloureuse partie de campagne. Pourquoi va-t-on pique-niquer au milieu des orties et des fourmis alors qu'on est si bien chez soi... Ça, personne n'est fichu de vous le dire. La guerre du Mexique eut tout de même du bon. Nous conquîmes d'énormes terres à l'Ouest, nous doublâmes notre superficie, et ce fut un excellent terrain d'entraînement pour les généraux qui, lorsque la triste entretuerie se déchaîna, avaient appris comment s'y prendre pour que ça soit vraiment horrible. Et puis il y eut les discussions. Peut-on avoir un esclave ? Si vous l'avez acheté de bonne foi, pourquoi pas ? Bientôt, ils vous diront qu'un homme n'a pas le droit de posséder un cheval. Qui s'attaque à ce qui m'appartient ? Et nous en étions là, comme un homme qui déchirerait son propre visage et qui saignerait dans sa propre barbe. Cela aussi se termina et nous nous relevâmes lentement du sol ensanglanté et nous partîmes vers l'Ouest. Alors ce furent le boom, les faillites, les banqueroutes et la crise. De grands voleurs patentés arrivèrent qui firent les poches de tous ceux qui avaient des poches. Au diable, ce siècle pourri ! Qu'il en finisse et que l'on referme la porte sur lui. Refermons-le comme un livre et lisons autre chose. Un nouveau chapitre, une nouvelle vie. L'homme pourra se laver les mains lorsqu'il aura claqué le couvercle sur ce siècle puant. Ce qui nous attend est beau. Elles sont intactes, ces cent nouvelles années, toutes propres. Les cartes ne sont pas biseautées et le premier qui triche... eh bien ! Nous le crucifierons la tête en bas audessus des latrines. Oui, mais les fraises et les framboises n'ont plus le goût d'antan et les cuisses des femmes ne nous excitent plus.

« Si vous l’avez acheté debonne foi,pourquoi pas ? Bientôt, ilsvous diront qu’unhomme n’apas ledroit deposséder uncheval.

Qui s’attaque àce qui m’appartient ? Et nous enétions là,comme unhomme quidéchirerait sonpropre visageetqui saignerait danssapropre barbe. Cela aussi setermina etnous nousrelevâmes lentement dusol ensanglanté etnous partîmes versl’Ouest. Alors cefurent leboom, lesfaillites, lesbanqueroutes etlacrise. De grands voleurs patentés arrivèrent quifirent lespoches detous ceux quiavaient des poches.

Au diable, cesiècle pourri ! Qu’il enfinisse etque l’on referme laporte surlui.

Refermons-le commeunlivre et lisons autrechose.

Unnouveau chapitre, unenouvelle vie.L’homme pourraselaver les mains lorsqu’il auraclaqué lecouvercle surcesiècle puant.

Cequi nous attend estbeau. Elles sontintactes, cescent nouvelles années,toutespropres.

Lescartes nesont pas biseautées etlepremier quitriche… ehbien ! Nouslecrucifierons latête enbas au- dessus deslatrines. Oui, mais lesfraises etles framboises n’ontpluslegoût d’antan etles cuisses des femmes nenous excitent plus.. »

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