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Cinna Après un sceptre acquis, la douceur de régner.

Publié le 12/04/2014

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Cinna Après un sceptre acquis, la douceur de régner. Considérez d'ailleurs que vous régnez dans Rome, Où, de quelque façon que votre cour vous nomme, On hait la monarchie ; et le nom d'empereur, Cachant celui de roi, ne fait pas moins d'horreur. Ils passent pour tyran quiconque s'y fait maître, Qui le sert, pour esclave, et qui l'aime, pour traître ; Qui le souffre a le coeur lâche, mol, abattu, Et pour s'en affranchir tout s'appelle vertu. Vous en avez, seigneur, des preuves trop certaines : On a fait contre vous dix entreprises vaines ; Peut-être que l'onzième est prête d'éclater, Et que ce mouvement qui vous vient agiter N'est qu'un avis secret que le ciel vous envoie, Qui pour vous conserver n'a plus que cette voie. Ne vous exposez plus à ces fameux revers : Il est beau de mourir maître de l'univers ; Mais la plus belle mort souille notre mémoire, Quand nous avons pu vivre et croître notre gloire. CINNA Si l'amour de pays doit ici prévaloir, C'est son bien seulement que vous devez vouloir ; Et cette liberté, qui lui semble si chère, N'est pour Rome, seigneur, qu'un bien imaginaire, Plus nuisible qu'utile, et qui n'approche pas De celui qu'un bon prince apporte à ses États. Avec ordre et raison les honneurs il dispense, Avec discernement punit et récompense, Et dispose de tout en juste possesseur, Sans rien précipiter, de peur d'un successeur. Mais quand le peuple est maître, on n'agit qu'en tumulte : La voix de la raison jamais ne se consulte ; Les honneurs sont vendus aux plus ambitieux, L'autorité livrée aux plus séditieux. Ces petits souverains qu'il fait pour une année, Voyant d'un temps si cour leur puissance bornée, Des plus heureux desseins font avorter le fruit, De peur de le laisser à celui qui les suit ; Comme ils ont peu de part au bien dont ils ordonnent, Dans le champ du public largement ils moissonnent, Assurés que chacun leur pardonne aisément, Espérant à son tour un pareil traitement : Le pire des États, c'est l'État populaire. AUGUSTE Et toutefois le seul qui dans Rome peut plaire. ACTE II 15 Cinna Cette haine des rois que depuis cinq cents ans Avec le premier lait sucent tous ses enfants, Pour l'arracher des coeurs, est trop enracinée. MAXIME Oui, seigneur, dans son mal Rome est trop obstinée ; Son peuple, qui s'y plaît, en fuit la guérison : Sa coutume l'emporte, et non pas la raison ; Et cette vieille erreur, que Cinna veut abattre, Est une heureuse erreur dont il est idolâtre, Par qui le monde entier, asservi sous ses lois, L'a vu cent fois marcher sur la tête des rois, Son épargne s'enfler du sac de leurs provinces. Que lui pouvaient de plus donner les meilleurs princes ? J'ose dire, seigneur, que par tous les climats Ne sont pas bien reçus toutes sortes d'États ; Chaque peuple a le sien conforme à sa nature, Qu'on ne saurait changer sans lui faire injure : Telle est la loi du ciel, dont la sage équité Sème dans l'univers cette diversité. Les Macédoniens aiment la monarchie, Et le reste des Grecs la liberté publique : Les Parthes, les Persans veulent des souverains ; Et le seul consulat est bon pour les Romains. CINNA Il est vrai que du ciel la prudence infinie Départ à chaque peuple un différent génie ; Mais il n'est pas moins vrai que cet ordre des cieux Change selon les temps comme selon les lieux. Rome a reçu des rois ses murs et sa naissance ; Elle tient des consuls sa gloire et sa puissance, Et reçoit maintenant de vos rares bontés Le comble souverain de ses prospérités. Sous vous, l'État n'est plus en pillage aux armées ; Les portes de Janus par vos mains sont fermées, Ce que sous ses consuls on n'a vu qu'une fois, Et qu'a fait voir comme eux le second de ses rois. MAXIME Les changements d'États que fait l'ordre céleste Ne coûtent point de sang, n'ont rien qui soit funeste. ACTE II 16

« Cette haine des rois que depuis cinq cents ans Avec le premier lait sucent tous ses enfants, Pour l'arracher des coeurs, est trop enracinée.

MAXIME Oui, seigneur, dans son mal Rome est trop obstinée ; Son peuple, qui s'y plaît, en fuit la guérison : Sa coutume l'emporte, et non pas la raison ; Et cette vieille erreur, que Cinna veut abattre, Est une heureuse erreur dont il est idolâtre, Par qui le monde entier, asservi sous ses lois, L'a vu cent fois marcher sur la tête des rois, Son épargne s'enfler du sac de leurs provinces.

Que lui pouvaient de plus donner les meilleurs princes ? J'ose dire, seigneur, que par tous les climats Ne sont pas bien reçus toutes sortes d'États ; Chaque peuple a le sien conforme à sa nature, Qu'on ne saurait changer sans lui faire injure : Telle est la loi du ciel, dont la sage équité Sème dans l'univers cette diversité.

Les Macédoniens aiment la monarchie, Et le reste des Grecs la liberté publique : Les Parthes, les Persans veulent des souverains ; Et le seul consulat est bon pour les Romains.

CINNA Il est vrai que du ciel la prudence infinie Départ à chaque peuple un différent génie ; Mais il n'est pas moins vrai que cet ordre des cieux Change selon les temps comme selon les lieux.

Rome a reçu des rois ses murs et sa naissance ; Elle tient des consuls sa gloire et sa puissance, Et reçoit maintenant de vos rares bontés Le comble souverain de ses prospérités.

Sous vous, l'État n'est plus en pillage aux armées ; Les portes de Janus par vos mains sont fermées, Ce que sous ses consuls on n'a vu qu'une fois, Et qu'a fait voir comme eux le second de ses rois.

MAXIME Les changements d'États que fait l'ordre céleste Ne coûtent point de sang, n'ont rien qui soit funeste.

Cinna ACTE II 16. »

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