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Cinq Semaines En Ballon CHAPITRE XL Inquietudes du docteur Fergusson.

Publié le 12/04/2014

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Cinq Semaines En Ballon CHAPITRE XL Inquietudes du docteur Fergusson.Direction persistante vers le sud.Un nuage de sauterelles.Vue de Jenne.Vue de Sego.Changement de vent.Regrets de Joe. Le lit du fleuve etait alors partage par de grandes eles en branches etroites d'un courant fort rapide. Sur l'une d'entre elles s'elevaient quelques cases de bergers; mais il fut impossible d'en faire un relevement exact, car la vitesse du Victoria s'accroissait toujours. Malheureusement, il inclinait encore plus au sud et franchit en quelques instants le lac Debo. Fergusson chercha a diverses elevations, en forcant extremement sa dilatation, d'autres courants dans l'atmosphere, mais en vain. Il abandonna promptement cette maneuvre, qui augmentait encore la deperdition de son gaz, en le pressant contre les parois fatiguees de l'aerostat. Il ne dit rien, mais il devint fort inquiet. Cette obstination du vent a le rejeter vers la partie meridionale de l'Afrique dejouait ses calculs. Il ne savait plus sur qui ni sur quoi compter. S'il n'atteignait pas les territoires anglais ou francais, que devenir au milieu des barbares qui infestaient les cotes de Guinee? Comment y attendre un navire pour retourner en Angleterre? Et la direction actuelle du vent le chassait sur le royaume de Dahomey, parmi les peuplades les plus sauvages, a la merci d'un roi qui, dans les fetes publiques, sacrifiait des milliers de victimes humaines! La, on serait perdu. D'un autre cote, le ballon se fatiguait visiblement, et le docteur le sentait lui manquer! Cependant, le temps se levant un peu, il espera que la fin de la pluie amenerait un changement dans les courants atmospheriques. Il fut donc desagreablement ramene au sentiment de la situation par cette reflexion de Joe: " Bon! disait celui-ci, voici la pluie qui va redoubler, et cette fois, ce sera le deluge, s'il faut en juger par ce nuage qui s'avance! Encore un nuage! dit Fergusson. Et un fameux! repondit Kennedy. Comme je n'en ai jamais vu, repliqua Joe, avec des aretes tirees au cordeau. Je respire, dit le docteur en deposant sa lunette. Ce n'est pas un nuage Par exemple! fit Joe. Non! c'est une nuee! Eh bien? Mais une nuee de sauterelles. Ca, des sauterelles! Des milliards de sauterelles qui vont passer sur ce pays comme une trombe, et malheur a lui, car si elles s'abattent, il sera devaste! Je voudrais bien voir cela! CHAPITRE XL 153 Cinq Semaines En Ballon Attends un peu, Joe; dans dix minutes, ce nuage nous aura atteints et tu en jugeras par tes propres yeux. " Fergusson disait vrai; ce nuage epais, opaque, d'une etendue de plusieurs milles, arrivait avec un bruit assourdissant, promenant sur le sol son ombre immense, c'etait une innombrable legion de ces sauterelles auxquelles on a donne le nom de criquets. A cent pas du Victoria, elles s'abattirent sur un pays verdoyant; un quart d'heure plus tard, la masse reprenait son vol, et les voyageurs pouvaient encore apercevoir de loin les arbres, les buissons entierement denudes, les prairies comme fauchees. On eut dit qu'un subit hiver venait de plonger la campagne dans la plus profonde sterilite. " Eh bien, Joe! Eh bien! Monsieur, c'est fort curieux, mais fort naturel. Ce qu'une sauterelle ferait en petit, des milliards le font en grand. C'est une effrayante pluie, dit le chasseur, et plus terrible encore que la grele par ses devastations. Et il est impossible de s'en preserver, repondit Fergusson; quelque. fois les habitants ont eu l'idee d'incendier des forets, des moissons meme pour arreter le vol de ces insectes; mais les premiers rangs, se precipitant dans les flammes, les eteignaient sous leur masse, et le reste de la bande passait irresistiblement. Heureusement, dans ces contrees, il y a une sorte de compensation a leurs ravages; les indigenes recueillent ces insectes en grand nombre et les mangent avec plaisir. Ce sont les crevettes de l'air, " dit Joe, qui, " pour s'instruire," ajouta-t-il, regretta de n'avoir pu en gouter. Le pays devint plus marecageux vers le soir; les forets firent place des bouquets d'arbres isoles; sur les bords du fleuve, on distinguait quelques plantations de tabac et des marais gras de fourrages. Dans une grande ele apparut alors la ville de Jenne, avec les deux tours de sa mosquee de terre, et l'odeur infecte qui s'echappait de millions de nids d'hirondelles accumules sur ses murs. Quelques cimes de baobabs, de mimoras et de dattiers percaient entre les maisons; meme a la nuit, l'activite paraissait tres grande. Jenne est en effet une ville fort commercante; elle fournit a tous les besoins de Tembouctou; ses barques sur le fleuve, ses caravanes par les chemins ombrages, y transportent les diverses productions de son industrie. " Si cela n'eut pas du prolonger notre voyage, dit le docteur, j'aurais tente de descendre dans cette ville; il doit s'y trouver plus d'un Arabe qui a voyage en France ou en Angleterre, et auquel notre genre de locomo-tion n'est peut-etre pas etranger. Mais ce ne serait pas prudent. Remettons cette visite a notre prochaine excursion, dit Joe en riant, D'ailleurs, si je ne me trompe, mes amis, le vent a une legere tendance a souffler de l'est; il ne faut pas perdre une pareille occasion. " Le docteur jeta quelques objets devenus inutiles, des bouteilles vides et une caisse de viande qui n'etait plus d'aucun usage; il reussit a maintenir le Victoria dans une zone plus favorable a ses projets. A quatre heures du matin, les premiers rayons du soleil eclairaient Sego, la capitale du Bambarra, parfaitement reconnaissable aux quatre villes qui la composent, a ses mosquees mauresques, et au va-et-vient incessant des bacs qui transportent les habitants dans les divers quartiers. Mais les voyageurs ne furent pas plus vus qu'ils ne virent; ils fuyaient rapidement et directement dans le nord-ouest, et les inquietudes du docteur se calmaient peu a peu. " Encore deux jours dans cette direction, et avec cette vitesse nous atteindrons le fleuve du Senegal. Et nous serons en pays ami? demanda le chasseur. CHAPITRE XL 154

« \24Attends un peu, Joe; dans dix minutes, ce nuage nous aura atteints et tu en jugeras par tes propres yeux.

" Fergusson disait vrai; ce nuage epais, opaque, d'une etendue de plusieurs milles, arrivait avec un bruit assourdissant, promenant sur le sol son ombre immense, c'etait une innombrable legion de ces sauterelles auxquelles on a donne le nom de criquets.

A cent pas du Victoria, elles s'abattirent sur un pays verdoyant; un quart d'heure plus tard, la masse reprenait son vol, et les voyageurs pouvaient encore apercevoir de loin les arbres, les buissons entierement denudes, les prairies comme fauchees.

On eut dit qu'un subit hiver venait de plonger la campagne dans la plus profonde sterilite. " Eh bien, Joe! \24Eh bien! Monsieur, c'est fort curieux, mais fort naturel.

Ce qu'une sauterelle ferait en petit, des milliards le font en grand. \24C'est une effrayante pluie, dit le chasseur, et plus terrible encore que la grele par ses devastations. \24Et il est impossible de s'en preserver, repondit Fergusson; quelque.

fois les habitants ont eu l'idee d'incendier des forets, des moissons meme pour arreter le vol de ces insectes; mais les premiers rangs, se precipitant dans les flammes, les eteignaient sous leur masse, et le reste de la bande passait irresistiblement. Heureusement, dans ces contrees, il y a une sorte de compensation a leurs ravages; les indigenes recueillent ces insectes en grand nombre et les mangent avec plaisir. \24Ce sont les crevettes de l'air, " dit Joe, qui, " pour s'instruire," ajouta-t-il, regretta de n'avoir pu en gouter. Le pays devint plus marecageux vers le soir; les forets firent place des bouquets d'arbres isoles; sur les bords du fleuve, on distinguait quelques plantations de tabac et des marais gras de fourrages.

Dans une grande ele apparut alors la ville de Jenne, avec les deux tours de sa mosquee de terre, et l'odeur infecte qui s'echappait de millions de nids d'hirondelles accumules sur ses murs.

Quelques cimes de baobabs, de mimoras et de dattiers percaient entre les maisons; meme a la nuit, l'activite paraissait tres grande.

Jenne est en effet une ville fort commercante; elle fournit a tous les besoins de Tembouctou; ses barques sur le fleuve, ses caravanes par les chemins ombrages, y transportent les diverses productions de son industrie. " Si cela n'eut pas du prolonger notre voyage, dit le docteur, j'aurais tente de descendre dans cette ville; il doit s'y trouver plus d'un Arabe qui a voyage en France ou en Angleterre, et auquel notre genre de locomo-tion n'est peut-etre pas etranger.

Mais ce ne serait pas prudent. \24Remettons cette visite a notre prochaine excursion, dit Joe en riant, \24D'ailleurs, si je ne me trompe, mes amis, le vent a une legere tendance a souffler de l'est; il ne faut pas perdre une pareille occasion.

" Le docteur jeta quelques objets devenus inutiles, des bouteilles vides et une caisse de viande qui n'etait plus d'aucun usage; il reussit a maintenir le Victoria dans une zone plus favorable a ses projets.

A quatre heures du matin, les premiers rayons du soleil eclairaient Sego, la capitale du Bambarra, parfaitement reconnaissable aux quatre villes qui la composent, a ses mosquees mauresques, et au va-et-vient incessant des bacs qui transportent les habitants dans les divers quartiers.

Mais les voyageurs ne furent pas plus vus qu'ils ne virent; ils fuyaient rapidement et directement dans le nord-ouest, et les inquietudes du docteur se calmaient peu a peu. " Encore deux jours dans cette direction, et avec cette vitesse nous atteindrons le fleuve du Senegal. \24Et nous serons en pays ami? demanda le chasseur.

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