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comme agent à l'étranger.

Publié le 01/11/2013

Extrait du document

comme agent à l'étranger. Or, mes amis, rappelez-vous que Pointe Pescade a surpris, dans la maison du moqaddem, une conversation entre Sîdi Hazam et lui. Dans cette conversation, le nom d'Antékirtta a été prononcé à plusieurs reprises, et Sarcany n'ignore pas que cette île appartient au docteur Antékirtt, c'est-à-dire à l'homme qu'il redoute, à celui qu'il faisait attaquer par Zirone sur les pentes de l'Etna. Donc, puisqu'il n'a pas réussi là-bas, en Sicile, nul doute qu'il essaie de réussir ici et dans de meilleures conditions ! - A-t-il une haine personnelle contre vous, monsieur le docteur, demanda Luigi, et vous connaît-il ? - Il est possible qu'il m'ait vu à Raguse, répondit le docteur. En tout cas, il ne peut ignorer que j'ai eu dans cette ville des relations avec la famille Bathory. De plus, l'existence de Pierre lui a été révélée au moment où Pointe Pescade allait enlever Sava de la maison de Sîdi Hazam. Tout cela a dû se lier dans son esprit, et il ne peut douter que Pierre et Sava n'aient trouvé un refuge dans Antékirtta. C'est donc plus qu'il n'en faut pour qu'il pousse contre nous toute la horde senoûsiste, dont nous n'aurions à attendre aucun quartier, si elle réussissait à s'emparer de notre île ! « Cette argumentation n'était que trop plausible. Que Sarcany ignorât encore que le docteur fût le comte Mathias Sandorf, cela était certain, mais il en savait assez pour vouloir lui arracher l'héritière du domaine d'Artenak. On ne s'étonnera donc pas qu'il eût excité le calife à préparer une expédition contre la colonie antékirttienne. Cependant, on était arrivé au 3 décembre, sans que rien eût encore indiqué une attaque imminente. D'ailleurs, cette joie de se sentir enfin réunis faisait illusion à tous, à l'exception du docteur. La pensée du mariage prochain de Pierre Bathory et de Sava Sandorf emplissait tous les coeurs et tous les esprits. C'était à qui essayerait de se persuader que les mauvais jours étaient passés et ne reviendraient plus. Pointe Pescade et Cap Matifou, il faut bien le dire, partageaient la sécurité générale. Ils étaient si heureux du bonheur des autres qu'ils vivaient dans un perpétuel enchantement de toutes choses. « C'est à ne pas le croire ! répétait Pointe Pescade. - Qu'est-ce qui n'est pas à croire ?... demandait Cap Matifou. - Que tu es devenu un bon gros rentier, mon Cap ! Décidément, il faudra que je pense à te marier ! - Me marier ! - Oui... avec une belle petite femme ! - Pourquoi petite ?... - C'est juste !... Une grande, une énorme belle femme !... Hein ! Madame Cap Matifou !... Nous irons te chercher ça chez les Patagones ! « Mais, en attendant le mariage de Cap Matifou, auquel on finirait bien par trouver une compagne digne de lui, Pointe Pescade s'occupait du mariage de Pierre et de Sava Sandorf. Avec l'autorisation du docteur, il méditait d'organiser une fête publique, avec jeux forains, chants et danses, décharges d'artillerie, grand banquet en plein air, sérénade aux nouveaux époux, retraite aux flambeaux, feu d'artifice. On pouvait s'en rapporter à lui ! C'était son élément ! Ce serait splendide ! On en parlerait longtemps ! On en parlerait toujours ! Tout cet élan fut arrêté en son germe. Pendant la nuit du 3 au 4 décembre - nuit calme, mais assombrie par d'épais nuages -, un timbre électrique résonna dans le cabinet du docteur Antékirtt, au Stadthaus. Il était dix heures du soir. À cet appel, le docteur et Pierre quittèrent le salon, dans lequel ils avaient passé la soirée avec Mme Bathory et Sava Sandorf. Arrivés dans le cabinet, ils reconnurent que l'appel venait du poste d'observation, établi sur le cône central d'Antékirtta. Demandes et réponses furent aussitôt faites par un appareil téléphonique. Les vigies signalaient, dans le sud-est de l'île, l'approche d'une flottille d'embarcations qui n'apparaissait que très confusément encore au milieu des ténèbres. « Il faut convoquer le Conseil «, dit le docteur. Moins de dix minutes après, le docteur, Pierre, Luigi, les capitaines Narsos et Ködrik et les chefs de la milice arrivaient au Stadthaus. Là, communication leur fut faite de l'avis envoyé par les vigies de l'île. Un quart d'heure plus tard, après s'être rendus au port, tous s'arrêtaient à l'extrémité de la grande jetée sur lequel brillait le feu du môle. De ce point, peu élevé au-dessus du niveau de la mer, il eût été impossible de distinguer cette flottille que des observateurs, postés sur le cône central, avaient pu apercevoir. Mais, en éclairant vivement l'horizon du sud-est, il serait sans doute possible de reconnaître le nombre de ces embarcations et dans quelles conditions elles cherchaient à accoster. N'était-ce pas un inconvénient d'indiquer ainsi la situation de l'île ? Le docteur ne le pensa pas. Si c'était l'ennemi attendu, il ne venait pas en aveugle, il connaissait le gisement d'Antékirtta, rien ne pourrait l'empêcher de l'atteindre. Les appareils furent donc mis en activité, et grâce à la puissance de deux faisceaux électriques projetés au large, l'horizon s'illumina soudain sur un vaste secteur. Les vigies ne s'étaient point trompées. Deux cents embarcations, pour le moins, s'avançaient en ligne, des chébeks, des polacres, des trabacolos, des sacolèves, d'autres moins importantes. Nul doute que ce fût la flottille des Senoûsistes, que ces pirates avaient recrutée dans tous les ports du littoral. La brise manquant, c'était à l'aviron qu'ils se dirigeaient vers l'île. Pour cette traversée, relativement courte, entre Antékirtta et la Cyrénaïque, ils avaient pu se passer de l'aide du vent. Le calme de la mer devait même servir leurs desseins, puisqu'il leur permettrait d'effectuer un débarquement dans des conditions plus favorables. En ce moment, cette flottille se trouvait encore à quatre ou cinq milles dans le sud-est. Elle ne pouvait donc accoster avant le lever du soleil. Il eût été imprudent de le faire d'ailleurs, soit pour forcer l'entrée du port, soit pour opérer une descente sur la côte méridionale d'Antékirtta, insuffisamment défendue, comme il a été dit. Lorsque cette première reconnaissance eût été faite, les appareils électriques s'éteignirent, et l'espace fut replongé dans l'ombre. Il n'y avait plus qu'à attendre le jour. Cependant, par ordre du docteur, tous les hommes de la milice vinrent prendre leur poste. Il fallait être prêt à porter les premiers coups, desquels dépendrait peut-être l'issue de l'entreprise. Il était certain, maintenant, que les assaillants ne pouvaient plus songer à surprendre l'île, puisque cette projection de lumière avait permis de reconnaître leur direction et leur nombre. Pendant ces dernières heures de la nuit, on veilla avec le plus grand soin. À maintes reprises, l'horizon fut encore illuminé, - ce qui permit de reconnaître plus exactement la position de la flottille. Que les assaillants fussent nombreux, cela ne pouvait faire doute. Qu'ils fussent pourvus d'un matériel suffisant pour avoir raison des batteries d'Antékirtta, rien de moins certain. Peut-être même manquaient-ils absolument d'artillerie. Mais, par le chiffre de combattants que le chef de l'expédition pouvait jeter à la fois sur plusieurs points de l'île, les Senoûsistes devaient être redoutables. Enfin le jour se fit peu à peu, et les premiers rayons du soleil vinrent dissiper les basses brumes de l'horizon. Tous les regards se portèrent au large, vers l'est et vers le sud d'Antékirtta. La flottille se développait alors en une longue ligne arrondie, qui tendait à se refermer sur l'île. Il n'y avait pas moins de deux cents embarcations, dont quelques-unes jaugeaient de trente à

« poste d’observation, établisurlecône central d’Antékirtta.

Demandesetréponses furent aussitôt faitesparunappareil téléphonique. Les vigies signalaient, danslesud-est del’île, l’approche d’uneflottille d’embarcations qui n’apparaissait quetrès confusément encoreaumilieu desténèbres. « Il faut convoquer leConseil », ditledocteur. Moins dedix minutes après,ledocteur, Pierre,Luigi,lescapitaines NarsosetKödrik etles chefs de lamilice arrivaient auStadthaus.

Là,communication leurfutfaite del’avis envoyé parles vigies del’île.

Unquart d’heure plustard, après s’être rendus auport, touss’arrêtaient à l’extrémité delagrande jetéesurlequel brillait lefeu dumôle. De cepoint, peuélevé au-dessus duniveau delamer, ileût étéimpossible dedistinguer cette flottille quedesobservateurs, postéssurlecône central, avaientpuapercevoir.

Mais,en éclairant vivement l’horizondusud-est, ilserait sansdoute possible dereconnaître lenombre de ces embarcations etdans quelles conditions ellescherchaient àaccoster. N’était-ce pasuninconvénient d’indiquerainsilasituation del’île ? Ledocteur nelepensa pas. Si c’était l’ennemi attendu,ilne venait pasenaveugle, ilconnaissait legisement d’Antékirtta, rien nepourrait l’empêcher del’atteindre. Les appareils furentdoncmisenactivité, etgrâce àla puissance dedeux faisceaux électriques projetés aularge, l’horizon s’illumina soudainsurunvaste secteur. Les vigies nes’étaient pointtrompées.

Deuxcents embarcations, pourlemoins, s’avançaient en ligne, deschébeks, despolacres, destrabacolos, dessacolèves, d’autresmoinsimportantes.

Nul doute quecefût laflottille desSenoûsistes, quecespirates avaient recrutée danstouslesports du littoral.

Labrise manquant, c’étaitàl’aviron qu’ilssedirigeaient versl’île.Pour cette traversée, relativement courte,entreAntékirtta etlaCyrénaïque, ilsavaient pusepasser de l’aide duvent.

Lecalme delamer devait même servirleursdesseins, puisqu’illeurpermettrait d’effectuer undébarquement dansdesconditions plusfavorables. En cemoment, cetteflottille setrouvait encoreàquatre oucinq milles danslesud-est.

Ellene pouvait doncaccoster avantlelever dusoleil.

Ileût étéimprudent delefaire d’ailleurs, soit pour forcer l’entrée duport, soitpour opérer unedescente surlacôte méridionale d’Antékirtta, insuffisamment défendue,commeila été dit. Lorsque cettepremière reconnaissance eûtétéfaite, lesappareils électriques s’éteignirent, et l’espace futreplongé dansl’ombre.

Iln’y avait plusqu’à attendre lejour. Cependant, parordre dudocteur, tousleshommes delamilice vinrent prendre leurposte. Il fallait êtreprêt àporter lespremiers coups,desquels dépendrait peut-êtrel’issuede l’entreprise.

Il était certain, maintenant, quelesassaillants nepouvaient plussonger àsurprendre l’île, puisque cetteprojection delumière avaitpermis dereconnaître leurdirection etleur nombre. Pendant cesdernières heuresdelanuit, onveilla avecleplus grand soin.Àmaintes reprises, l’horizon futencore illuminé, –ce qui permit dereconnaître plusexactement laposition dela flottille.

Que lesassaillants fussentnombreux, celanepouvait fairedoute.

Qu’ilsfussent pourvus d’un matériel suffisant pouravoir raison desbatteries d’Antékirtta, riendemoins certain.

Peut-être même manquaient-ils absolumentd’artillerie.Mais,parlechiffre decombattants quelechef de l’expédition pouvaitjeteràla fois surplusieurs pointsdel’île, lesSenoûsistes devaientêtre redoutables.

Enfin lejour sefitpeu àpeu, etles premiers rayonsdusoleil vinrent dissiper lesbasses brumes de l’horizon. Tous lesregards seportèrent aularge, versl’est etvers lesud d’Antékirtta. La flottille sedéveloppait alorsenune longue lignearrondie, quitendait àse refermer surl’île. Il n’y avait pasmoins dedeux cents embarcations, dontquelques-unes jaugeaientdetrente à. »

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