Contes de la bécasse "Eh bien, et pour té ?
Publié le 11/04/2014
Extrait du document
«
Six mois après, comme elle allait voir ses parents, un dimanche, son père l'examina curieusement, puis
demanda :
"T'es-ti point grosse ?"
Elle restait stupide regardant son ventre, répétant : "Mais non, je n' crois point."
Alors, il l'interrogea, voulant tout savoir :
"Dis-mé, si vous n'avez point, quéque soir, mêlé vos sabots ?
\24\24Oui, je les ons mêlés l' premier soir et puis l's autres.
\24\24Mais alors t'es pleine, grande futaille."
Elle se mit à sangloter, balbutiant : "J' savais ti, mé ? J' savais ti, mé ?"
Le père Malandain la guettait, l'oeil éveillé, la mine satisfaite.
Il demanda :
"Quéque tu ne savais point ?"
Elle prononça, à travers ses pleurs : "J' savais ti, mé, que ça se faisait comme ça, d's' éfants !"
Sa mère rentrait.
L'homme articula, sans colère : "La v'là grosse, à c't' heure."
Mais la femme se fâcha, révoltée d'instinct, injuriant à pleine gueule sa fille en larmes, la traitant de
"manante" et de "traînée".
Alors le vieux la fit taire.
Et comme il prenait sa casquette pour aller causer de leurs affaires avec maît'
Césaire Omont, il déclara :
"All' est tout d' même encore pu sotte que j'aurais cru.
All' n' savait point c' qu'all' faisait, c'te niente."
Au prône du dimanche suivant, le vieux curé publiait les bans de M.
Onufre-Césaire Omont avec
Céleste-Adélaïde Malandain.
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LA REMPAILLEUSE
A Léon Hennique.
C'était à la fin du dîner d'ouverture de chasse chez le marquis de Bertrans.
Onze chasseurs, huit jeunes
femmes et le médecin du pays étaient assis autour de la grande table illuminée, couverte de fruits et de fleurs.
On vint à parler d'amour, et une grande discussion s'éleva, l'éternelle discussion, pour savoir si on pouvait
aimer vraiment une fois ou plusieurs fois.
On cita des exemples de gens n'ayant jamais eu qu'un amour
sérieux ; on cita aussi d'autres exemples de gens ayant aimé souvent, avec violence.
Les hommes, en général,
prétendaient que la passion, comme les maladies, peut frapper plusieurs fois le même être, et le frapper à le
tuer si quelque obstacle se dresse devant lui.
Bien que cette manière de voir ne fût pas contestable, les
femmes dont l'opinion s'appuyait sur la poésie bien plus que sur l'observation, affirmaient que l'amour, Contes de la bécasse
Contes de la bécasse 30.
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