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de le suivre, mais il eut bientôt perdu ses traces.

Publié le 01/11/2013

Extrait du document

de le suivre, mais il eut bientôt perdu ses traces. Pierre allait à l'aventure, comme s'il eût été fou, à travers les rues les plus désertes de la ville, le long des murailles de Raguse. Une heure après, on le rapportait, mourant, dans la maison de Mme Bathory. Un coup de poignard lui avait traversé la partie supérieure du poumon gauche. Il n'y avait pas de doute possible : Pierre, arrivé au paroxysme du désespoir, s'était frappé luimême ! Pointe Pescade, dès qu'il eut appris ce malheur, se hâta de courir au bureau du télégraphe. Une heure après, le docteur Antékirtt recevait à Cattaro la nouvelle du suicide du jeune homme. Il serait difficile de peindre la douleur de Mme Bathory, lorsqu'elle se retrouva devant son fils, qui n'avait peut-être plus que quelques heures à vivre. Mais l'énergie de la mère se raidit contre les faiblesses de la femme. Avant tout, des soins. Des pleurs, plus tard. Un médecin fut mandé. Il arriva aussitôt, il visita le blessé, il écouta le souffle faible et intermittent de sa poitrine, il sonda sa blessure, il lui mit le premier appareil, il lui donna tous les secours de son art, mais il ne conservait aucun espoir. Quinze heures après, l'état du jeune homme s'était encore aggravé par suite d'une hémorragie très considérable, et sa respiration, à peine sensible, menaçait de s'éteindre dans un dernier soupir. Mme Bathory était tombée à genoux, priant Dieu de lui conserver son fils ! En ce moment, la porte de la chambre s'ouvrit... Le docteur Antékirtt apparut et s'avança vers le lit du mourant. Mme Bathory allait s'élancer vers lui : il la retint d'un geste. Alors le docteur se pencha sur Pierre et l'examina avec attention, sans prononcer une seule parole. Puis, il le regarda avec une irrésistible fixité. Comme s'il se fût dégagé de ses yeux une puissance magnétique, il semblait faire pénétrer dans ce cerveau où la pensée allait s'éteindre, sa propre vie avec sa propre volonté. Soudain, Pierre se redressa à demi. Ses paupières se soulevèrent, il regarda le docteur... Il retomba inanimé. Mme Bathory se précipita sur son fils, jeta un cri et s'évanouit dans les bras du vieux Borik. À ce moment, le docteur ferma les yeux du jeune mort ; puis, il se releva, quitta la chambre, et on aurait pu l'entendre murmurer cette sentence, empruntée aux légendes indiennes : « La mort ne détruit pas, elle ne rend qu'invisible ! « Chapitre 8 Une rencontre dans le Stradone Cette mort avait fait grand bruit par la ville ; mais personne ne put soupçonner la véritable cause du suicide de Pierre Bathory, ni surtout que Sarcany et Silas Toronthal eussent une part dans ce malheur. C'était le lendemain, 6 juillet, que devait se célébrer le mariage de Sava Toronthal et de Sarcany. La nouvelle de ce suicide, accompli dans des circonstances si émouvantes, Mme Toronthal ni sa fille n'en eurent connaissance. Silas Toronthal, d'accord avec Sarcany, avait pris ses précautions à cet égard. Il avait été convenu également que le mariage se ferait très simplement. On prétexterait un deuil dans la famille de Sarcany. Cela n'allait sans doute pas avec les habitudes fastueuses de Silas Toronthal ; mais, en cette circonstance, il crut qu'il valait mieux faire les choses sans bruit. Les nouveaux mariés ne devaient rester que quelques jours à Raguse ; puis ils partiraient pour Tripoli, où Sarcany résidait d'habitude, disait-on. Il n'y aurait donc point réception à l'hôtel du Stradone, ni pour la lecture du contrat, qui assurait un apport considérable à la jeune fille, ni après la cérémonie religieuse de l'église des Franciscains, qui suivrait immédiatement la cérémonie civile. Ce jour-là, pendant que les derniers préparatifs du mariage se faisaient à l'hôtel Toronthal, deux hommes se promenaient, en causant, de l'autre côté du Stradone. Ces deux hommes étaient Cap Matifou et Pointe Pescade. En revenant à Raguse, le docteur Antékirtt avait ramené Cap Matifou. Sa présence n'était plus nécessaire à Cattaro, et si les deux amis, les « deux jumeaux « comme disait Pointe Pescade, furent absolument heureux de se revoir, qui pourrait en douter ? Quant au docteur, en arrivant à Raguse, il avait fait cette première apparition dans la maison de la rue Marinella ; puis, il s'était retiré dans un modeste hôtel du faubourg de Plocce, où il attendait que le mariage de Sarcany et de Sava Toronthal fût accompli pour donner suite à ses projets. Le lendemain, pendant une seconde visite à Mme Bathory, il avait lui-même aidé à coucher Pierre dans son cercueil, et il était rentré à son hôtel, après avoir envoyé Pointe Pescade et Cap Matifou surveiller le Stradone. Or, rien n'empêchait Pointe Pescade de causer, pendant qu'il était tout yeux et tout oreilles. « Je te trouve engraissé, mon Cap ! disait-il en se haussant pour tâter la poitrine de l'Hercule. - Oui... et toujours solide ! - Je m'en suis aperçu à ton accolade. - Mais, la pièce dont tu me parlais ?... demanda Cap Matifou, qui tenait à son rôle. - Elle marche, elle marche !... Vois-tu, c'est que l'action est très compliquée ! - Compliquée ? - Oui !... Ce n'est point une comédie, c'est un drame, et le début est même très empoignant ! « Pointe Pescade se tut. Un coupé, mené rapidement, venait de s'arrêter devant l'hôtel du Stradone. La porte s'ouvrit aussitôt et se referma sur le coupé, dans lequel Pointe Pescade avait reconnu Sarcany. « Oui... très empoignant, reprit-il, et cela s'annonce même comme un grand succès ! - Et le traître ?... demanda Cap Matifou, que ce personnage semblait intéresser plus directement. - Eh bien... le traître triomphe, en ce moment, comme cela se fait toujours dans une pièce bien charpentée !... Mais patience !... Attendons le dénouement. - À Cattaro, dit Cap Matifou, j'ai bien cru que j'allais... - Entrer en scène ?

« Chapitre 8 Une rencontre dansleStradone Cette mortavaitfaitgrand bruitparlaville ; maispersonne neput soupçonner lavéritable cause dusuicide dePierre Bathory, nisurtout queSarcany etSilas Toronthal eussentunepart dans cemalheur. C’était lelendemain, 6juillet, quedevait secélébrer lemariage deSava Toronthal etde Sarcany.

La nouvelle decesuicide, accompli dansdescirconstances siémouvantes, Mme Toronthal nisa fille n’en eurent connaissance.

SilasToronthal, d’accordavecSarcany, avaitprissesprécautions à cet égard. Il avait étéconvenu également quelemariage seferait trèssimplement.

Onprétexterait un deuil danslafamille deSarcany.

Celan’allait sansdoute pasavec leshabitudes fastueuses de Silas Toronthal ; mais,encette circonstance, ilcrut qu’il valait mieux faireleschoses sansbruit. Les nouveaux mariésnedevaient resterquequelques joursàRaguse ; puisilspartiraient pour Tripoli, oùSarcany résidaitd’habitude, disait-on.Iln’y aurait doncpoint réception àl’hôtel du Stradone, nipour lalecture ducontrat, quiassurait unapport considérable àla jeune fille,ni après lacérémonie religieusedel’église desFranciscains, quisuivrait immédiatement la cérémonie civile. Ce jour-là, pendant quelesderniers préparatifs dumariage sefaisaient àl’hôtel Toronthal, deux hommes sepromenaient, encausant, del’autre côtéduStradone. Ces deux hommes étaientCapMatifou etPointe Pescade. En revenant àRaguse, ledocteur Antékirtt avaitramené CapMatifou.

Saprésence n’étaitplus nécessaire àCattaro, etsiles deux amis, les« deux jumeaux » commedisaitPointe Pescade, furent absolument heureuxdeserevoir, quipourrait endouter ? Quant audocteur, enarrivant àRaguse, ilavait faitcette première apparition danslamaison de la rue Marinella ; puis,ils’était retirédansunmodeste hôteldufaubourg dePlocce, oùil attendait quelemariage deSarcany etde Sava Toronthal fûtaccompli pourdonner suiteàses projets. Le lendemain, pendantuneseconde visiteàMme Bathory, ilavait lui-même aidéàcoucher Pierre danssoncercueil, etilétait rentré àson hôtel, aprèsavoirenvoyé PointePescade etCap Matifou surveiller leStradone. Or, rien n’empêchait PointePescade decauser, pendant qu’ilétait toutyeux ettout oreilles. « Je tetrouve engraissé, monCap ! disait-il ensehaussant pourtâter lapoitrine del’Hercule. – Oui… ettoujours solide ! – Je m’en suisaperçu àton accolade. – Mais, lapièce donttume parlais ?… demandaCapMatifou, quitenait àson rôle. – Elle marche, ellemarche !… Vois-tu,c’estquel’action esttrès compliquée ! – Compliquée ? – Oui !… Cen’est point unecomédie, c’estundrame, etledébut estmême trèsempoignant ! » Pointe Pescade setut.

Uncoupé, menérapidement, venaitdes’arrêter devantl’hôteldu Stradone.

Laporte s’ouvrit aussitôt etse referma surlecoupé, danslequel Pointe Pescade avait reconnu Sarcany. « Oui… trèsempoignant, reprit-il,etcela s’annonce mêmecomme ungrand succès ! – Et letraître ?… demandaCapMatifou, quecepersonnage semblaitintéresser plus directement.

– Eh bien… letraître triomphe, encemoment, commecelasefait toujours dansunepièce bien charpentée !… Maispatience !… Attendonsledénouement. – À Cattaro, ditCap Matifou, j’aibien cruque j’allais… – Entrer enscène ?. »

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