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Delille Les jardins

Publié le 03/03/2011

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   Le poète s'adresse aux paysagistes chargés de l'entretien et de la décoration des jardins.    Observez comme lui tous ces différents verts, Plus sombres ou plus gais, plus foncés ou plus clairs. Remarquez-les surtout lorsque la pâle automne, Près de la voir flétrir, embellit sa couronne; 5 Que de variété! que de pompe et d'éclat! Le pourpre, l'orangé, l'opale, l'incarnat, De leurs riches couleurs étalent l'abondance. Hélas! tout cet éclat marque leur décadence. Tel est le sort commun. Bientôt les aquilons 10 Des dépouilles des bois vont joncher les vallons De moment en moment la feuille sur la terre. En tombant interrompt le rêveur solitaire. Mais ces ruines même ont pour moi des attraits. Là, si mon cœur nourrit quelques profonds regrets, 15 Si quelque souvenir vient rouvrir ma blessure, J'aime à mêler mon deuil au deuil de la nature; De ces bois desséchés, de ces rameaux flétris, Seul, errant, je me plais à fouler les débris. Ils sont passés les jours d'ivresse et de folie : 20 Viens, je me livre à toi, tendre mélancolie; Viens, non le front chargé de nuages affreux Dont marche enveloppé le chagrin ténébreux, Mais l'œil demi-voilé, mais telle qu'en automne A travers des vapeurs un jour plus doux rayonne; 25 Viens, le regard pensif, le front calme et les yeux Tout prêts à s'humecter de pleurs délicieux.    Les jardins, Chant II   

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