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Denis Diderot, Les Deux Amis de Bourbonne

Publié le 30/03/2011

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Le conte, d'où est extrait ce texte, a été écrit par Diderot à Bourbonne-les-Bains : surnommé « Le Balafré « à cause d'une estafilade qu'il a reçue en sauvant la vie à son ami Olivier, Félix s'est fait contrebandier pour laisser à Olivier la femme qu'ils aimaient tous deux. Vous n'ignorez pas qu'il y quatre tribunaux en France, Caen, Reims, Valence et Toulouse, où les contrebandiers sont jugés; et que le plus sévère des quatre, c'est celui de Reims, où préside un nommé Coleau, l'âme la plus féroce que la nature ait encore formée. Félix fut pris les armes à la main, conduit devant le terrible Coleau, et condamné à mort, comme cinq cents autres qui l'avaient précédé. Olivier apprit le sort de Félix. Une nuit, il se lève d'à côté de sa femme, et, sans rien lui dire, il s'en va à Reims. Il s'adresse au juge Coleau ; il se jette à ses pieds, et lui demande la grâce de voir et d'embrasser Félix. Coleau le regarde, se tait un moment, et lui fait signe de s'asseoir. Olivier s'assied. Au bout d'une demi-heure, Coleau tire sa montre et dit à Olivier : « Si tu veux voir et embrasser ton ami vivant, dépêche-toi, il est en chemin ; et si ma montre va bien, avant qu'il soit dix minutes il sera pendu. « Olivier, transporté de fureur, se lève, décharge sur la nuque du cou au juge Coleau un énorme coup de bâton, dont il l'étend presque mort ; court vers la place, arrive, crie, frappe le bourreau, frappe les gens de la justice, soulève la populace indignée de ces exécutions. Les pierres volent, Félix délivré s'enfuit ; Olivier songe à son salut : mais un soldat de maréchaussée lui avait percé les flancs d'un coup de baïonnette, sans qu'il s'en fût aperçu. Il gagna la porte de la ville, mais il ne put aller plus loin ; des voituriers charitables le jetèrent sur leur charrette et le déposèrent à la porte de sa maison un moment avant qu'il expirât ; il n'eut que le temps de dire à sa femme : « Femme, approche, que je t'embrasse ; je me meurs, mais le balafré est sauvé. « Denis Diderot, Les Deux Amis de Bourbonne, 1770.

1. Vous ferez de ce texte un commentaire composé. Vous pourrez, par exemple, montrer comment l'art de conteur réussit à donner un caractère dramatique à une banale histoire de contrebandier et à conférer une réelle grandeur à son héros. 2. Mais ces indications ne sont pas contraignantes et vous pourrez orienter le commentaire à votre guise.

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