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Faut-il désespérer de la jeunesse ou doit-on hisser le grand pavois ?

Publié le 28/04/2011

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Faut-il désespérer de la jeunesse ou doit-on hisser le grand pavois ? Tant pis ou tant mieux ? Les jeunes Français de 1977 — plusieurs sondages récents l'attestent — ne sont pas des idéalistes, ils sont peu politisés, ils veulent fonder un foyer, gagner de l'argent, habiter une petite ville sans pollution, ils aiment bien leurs parents et leurs maîtres, ils lisent peu, prient rarement et ne militent pas. Devrons-nous alors remiser au magasin des antiquités la jeunesse turbulente, inquiète, révoltée, que 1968 avait révélée aux adultes effarés ? (...) Quelle que soit l'irritation qu'on peut ressentir devant la prolifération des sondages, on ne peut les balayer d'un revers de la main quand, sur un même sujet, ils concordent massivement. Ils sont alors un aliment pour la réflexion. Que la conclusion en soit amère ou joyeuse. Quelques tendances parmi d'autres. Selon une enquête de l'hebdomadaire « La Vie «, les trois quarts des jeunes Français placent au premier rang de leur préoccupations les études, le travail et le logement. Viennent ensuite, pour 16 l'indépendance, la famille et les enfants et, loin derrière, les problèmes liés à la pollution. Est-ce la fin de l'idéalisme ? Pour 6 les jeunes veulent changer la société et 1,4 °/o ont décidé que le sens de leur vie découlait de l'Évangile. L'enquête réalisée par le « Guide de l'étudiant « va dans le même sens : les trois quarts des jeunes estiment qu'aucune organisation politique ou autre n'exprime leurs analyses et leurs espoirs. Plus d'un sur deux se déclare opposé à toute idée de vie en communauté. Sécurité d'abord : 45 % des jeunes interrogés souhaitent entrer dans l'enseignement, la fonction publique ou dans un grand service public. L'entreprise privée qui vient en tête du palmarès de celles où ils aimeraient entrer est I.B.M. Les aventuriers ne sont pas légions. Seule marque de non-conformisme — mais en est-ce vraiment une aujourd'hui ? — 56 % des étudiants se déclarent « sympathisants des mouvements écologistes «.

L'incontestable repli sur soi que traduisent toutes ces enquêtes peut être une nouveauté ou, à l'inverse, une constante. Ou bien les adultes s'étaient illusionnés jusque-là sur les aspirations de la jeunesse, ou bien les jeunes ont changé. Aucune des deux hypothèses n'est réjouissante : s'il faut attendre des sondages pour connaître et comprendre les jeunes, c'est que nous ne leur portons pas assez d'intérêt ou d'attention. Si l'on admet que les jeunes sont devenus depuis peu, dans des proportions importantes, des individualistes étriqués aux ambitions matérialistes, c'est qu'il s'est passé quelque chose, dans notre société, de l'ordre de la rupture. La fin des idéaux de la jeunesse serait l'un des signes inquiétants d'une crise d'identité de la société, d'un affaissement des valeurs. Les jeunes jusqu'alors étaient censés nous pousser en avant, annoncer les remises en cause, exprimer les aspirations altruistes que les adultes — empêtrés dans leurs habitudes et leurs obligations — ne pouvaient plus raisonnablement prôner. Si cette fonction d'aiguillon, de stimulant, devait disparaître chez les jeunes, qui l'assumerait ? Bruno Frappat, « Au Ralenti ? «, Le Monde, 13 octobre 1977. Questions : 1. Faites une analyse ou un résumé du texte (en une douzaine de lignes). 2. Expliquez les expressions suivantes : — porteuse des espérances et des soucis du monde, — ambitions matérialistes. 3. Vous reconnaissez-vous dans ce portrait de la jeunesse de 1977 ? Quelle que soit votre opinion, vous vous appuierez sur des arguments et exemples précis (développement composé de trente à quarante lignes).   

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