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Félix DAVIN (1807-1836) : « La vie telle qu’elle est... »

Publié le 14/01/2018

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va souvent jusqu’à la minutie du détail ; il sait vous émouvoir et vous faire palpiter dès l'abord, rien qu’à vous décrire une allée, une salle à manger, un ameublement. Il a une multitude de remarques rapides sur les vieilles

 

filles, les vieilles femmes, les filles disgraciées et contrefaites, les jeunes

 

femmes étiolées et malades, les amantes sacrifiées et dévouées, les célibataires, les avares. On se demande où il a pu, avec son train d’imagination pétulante, discerner, amasser tout cela. » Nous-même, nous avions cherché longtemps auparavant à lui rendre cette justice en nous exprimant ainsi : « Souvent, M. de Balzac n’a encore décrit que l’intérieur d’une cuisine, d’une arrière-boutique, d’une chambre à coucher, que sais-je ? et déjà l'intérêt arrive, le drame palpite, l’action est entamée; de l'arrangement de ces meubles, de la disposition de ces intérieurs et de leur minutieuse description, s’exhale une révélation lumineuse du caractère de ceux qui les habitent, de leurs passions, de leurs intérêts dominants, de toute leur vie en un mot.

 

Introduction aux Études de mœurs et aux Études

 

philosophiques in Balzac, Pléiade, XI, pp. 244-245

Félix DAVIN (1807-1836)

« La vie telle qu’elle est... »

Féélix Davin a publié deux très importantes introductions en tête des Études de mœurs et des Études philosophiques. Il s'est fait, dans ces deux textes, le porte-parole de Balzac. Il a écrit sans doute sous sa dictée; en tout cas, Balzac a dû remanier lui-même le canevas qu'il avait préparé.

 

Eugénie Grandet a imprimé le cachet à la révolution que M. de Balzac a portée dans le roman. Là s'est accomplie la conquête de la vérité absolue dans l'art ; là est le drame appliqué aux choses les plus simples de la vie privée. C'est une succession de petites causes qui produit des effets puissants, c'est la fusion terrible du trivial et du sublime, du pathétique et du grotesque ; enfin c'est la vie telle qu'elle est, et le roman tel qu'il doit être. Les Célibataires, nous l'avons dit, sont une des œuvres les plus caractéristiques de l'auteur. Là ne se rencontre aucun des éléments indispensables aux romanciers ordinaires ; ni amour ni mariage ; peu ou point d'événements ; et cependant le drame y est animé, mouvant, fortement noué. Cette lutte sourde, tortueuse des petits intérêts de deux prêtres, intéresse tout autant que les conflits les plus pathétiques de passions ou d'empires. C'est là le grand secret de M. de Balzac : rien n'est petit sous sa plume, il élève, il dramatise les trivialités les plus humbles d'un sujet. Le critique dont nous avons déjà parlé faisait allusion sans doute à cette face de son talent en disant : « M. de Balzac a un sentiment de la vie privée très profond, et qui

« va souvent jusqu'à la minut ie du détail ; il sait vous émouv oir et vous faire palpiter dès l'abord, rien qu'à vous décrire une allée , une salle à manger , un ameub lement .

Il a une mult itude de remarques rapides sur les vieilles fil les, les vieilles femmes, les filles disgraciées et contrefa ites, les jeunes femmes étiolées et malades, les amantes sacrifiées et dévouées, les céli­ ba tair es, les ava res.

On se dema nde où il a pu, avec son train d'imagi nation pétu lante, discerner, amasser tout cela .

)) Nous -même , nous avions cherché long temps auparavant à lui rendre cette justice en nous exprimant ainsi : « Souvent, M.

de Balz ac n'a encore décrit que l'in tér ieur d'une cuisi ne, d'une arrière -boutique, d'une chambre à cou cher, que sais-je ? et déjà l'intérêt arr ive, le drame palpi te, l'action est entamée; de l'arrangement de ces meu bles, de la disp osition de ces intérieu rs et de leur minutieuse description, s' exhale une révélation lumineuse du caractère de ceux qui les habitent, de leurs passions, de leurs intérêts dominants, de tou te leur vie en un mot .

zso Introduction aux Élt1des de mœurs et aux Études philosoPhiques in Balzac, Pléiade, XI, pp.

244-245. »

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