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fille lui souhaita une bonne nuit, et le laissa seul.

Publié le 15/12/2013

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fille lui souhaita une bonne nuit, et le laissa seul. Il se trouvait dans une grande chambre, accompagnée de placards énormes ; le lit aurait pu servir pour un bataillon tout entier ; les deux armoires, en chêne bruni par le temps, auraient contenu le bagage d'une petite armée : mais ce qui frappa le plus l'attention de Tom, ce fut un étrange fauteuil, au dos élevé, à l'air refrogné, sculpté de la manière la plus bizarre, couvert d'un damas à grands ramages, et dont les pieds étaient soigneusement enveloppés dans de petits sacs rouges, comme s'ils avaient eu la goutte dans les talons. De tout autre fauteuil singulier, Tom aurait pensé simplement que c'était un singulier fauteuil ; mais il y avait dans ce fauteuil-là quelque chose, - il lui aurait été impossible de dire quoi, - quelque chose qu'il n'avait jamais remarqué dans aucune autre pièce d'ameublement, quelque chose qui semblait le fasciner. Il s'assit auprès du feu et il regarda de tous ses yeux le vieux fauteuil, pendant plus d'une demi-heure. Damnation sur ce fauteuil ! C'était une vieillerie si étrange, qu'il n'en pouvait pas détacher ses regards. « Sur ma foi ! dit Tom en se déshabillant lentement et en considérant toujours le vieux fauteuil, qui se tenait d'un air mystérieux auprès du lit, je n'ai jamais vu rien de si drôle de ma vie ni de mes jours ; farcement drôle ! dit Tom, qui, grâce au punch, était devenu singulièrement penseur. Farcement drôle ! » Il secoua la tête avec un air de profonde sagesse et regarda le fauteuil sur nouveaux frais ; mais il eut beau regarder, il n'y pouvait rien comprendre. Ainsi, il se fourra dans son lit, se couvrit chaudement, et s'endormit. Au bout d'une demi-heure, Tom s'éveilla en sursaut au milieu d'un rêve confus de grands hommes et de verres de punch. Le premier objet qui s'offrit à son imagination engourdie, ce fut l'étrange fauteuil. « Je ne veux plus le regarder, » se dit Tom à lui-même, en fermant solidement ses paupières ; et il tâcha de se persuader qu'il allait se rendormir. Impossible ! une quantité de fauteuils bizarres dansaient devant ses yeux, battaient des entrechats avec leurs pieds, jouaient à saute-mouton et faisaient toutes sortes de bamboches. « Autant voir un fauteuil réel que deux ou trois douzaines de fauteuils imaginaires, » pensa Tom, en sortant sa tête de dessous la couverture. L'objet de son étonnement était toujours là, fantastiquement éclairé par la lumière vacillante du feu. Tom le contemplait fixement, lorsque soudain il le vit changer de figure. Les sculptures du dossier prirent graduellement les traits et l'expression d'une face humaine, vieillotte et ridée ; le damas à ramages devint un antique gilet flamboyant ; les pieds s'allongèrent, enfoncés dans des pantoufles rouges ; et le fauteuil, enfin, offrit l'apparence d'un très-vieux et très-vilain bourgeois du siècle précédent, qui se serait campé là, les poings sur les hanches. Tom s'assit sur son lit et se frotta les yeux, pour chasser cette illusion. Mais non ! le fauteuil était bien réellement un vieux gentleman ; et qui plus est, il commença à cligner de l'oeil en regardant Tom Smart. Tom était naturellement un gaillard audacieux, et par-dessus le marché il avait dans l'estomac cinq verres de punch. Quoiqu'il eût été d'abord un peu démoralisé, il sentit que sa bile s'échauffait en voyant l'antique gentleman le lorgner ainsi d'un air impudent. À la fin, il résolut de ne pas le souffrir et comme la vieille face continuait à cligner de l'oeil aussi vite qu'un oeil peut cligner, Tom lui dit d'un ton courroucé : « Pourquoi diantre me faites-vous toutes ces grimaces-là ? - Parce que cela me plaît, Tom Smart, » répondit le fauteuil, ou le vieux gentleman, comme vous voudrez l'appeler. Cependant il cessa de cligner de l'oeil, mais il se mit à ricaner en montrant ses dents, comme un vieux singe décrépit. « Comment savez-vous mon nom, vieille face de casse-noisettes ? demanda Tom un peu ébranlé, quoiqu'il voulût avoir l'air de faire bonne contenance. - Allons ! allons ! Tom, ce n'est pas comme cela qu'on doit parler à de l'acajou massif. Dieu me damne ! on ne traiterait pas ainsi le plus mince plaqué. » En disant ces mots, le vieux gentleman avait l'air si féroce, que Tom commença à s'effrayer. « Je n'avais pas l'intention de vous manquer de respect, monsieur, répondit-il d'un ton beaucoup plus humble. - Bien ! bien ! reprit le bonhomme ; je le crois, je le crois. Tom ? - Monsieur ? - Je sais toute votre histoire, Tom ; toute votre histoire. Vous n'êtes pas riche, Tom. - C'est vrai ; mais comment savez-vous... ? - Cela n'y fait rien. Écoutez-moi, Tom : Vous aimez trop le punch. » Tom était sur le point de protester qu'il n'en avait pas tâté une goutte depuis le dernier anniversaire de sa fête, lorsque ses yeux rencontrèrent ceux du fauteuil. Il avait l'air si malin, que Tom rougit, et garda le silence. « Tom ! la veuve est une belle femme : une femme bien appétissante ! eh ! Tom ? » En parlant ainsi, le vieil amateur tourna la prunelle, fit claquer ses lèvres, et releva une de ses petites jambes grêles d'un air si roué, que Tom prit en dégoût la légèreté de ses manières, à son âge surtout. « Tom ! reprit le vieux gentleman, je suis son tuteur. - Vraiment ? - J'ai connu sa mère, Tom, et sa grand'mère aussi. Elle était folle de moi. C'est elle qui m'a fait ce gilet-là, Tom. - Oui-da ! - Et ces pantoufles-là, continua le vieux camarade en levant un de ses échalas. Mais n'en parlez pas, Tom ; je ne voudrais pas qu'on sût combien elle m'était attachée ; cela pourrait occasionner quelques désagréments dans sa famille. » En disant ces mots, le vieux débauché avait l'air si impertinent, que Tom a déclaré depuis qu'il aurait pu s'asseoir dessus sans le moindre remords. « J'étais la coqueluche des femmes dans mon temps. J'ai tenu bien des jolies femmes sur mes genoux pendant des heures entières ! Eh ! Tom, qu'en dites-vous ? » Le vieux farceur allait poursuivre et raconter sans doute quelque exploit de sa jeunesse, lorsqu'il lui prit un si violent accès de craquements qu'il lui fut impossible de continuer. « C'est bien fait, vieux libertin ! pensa Tom. Mais il ne dit rien. - Ah ! reprit son étrange interlocuteur, cette maladie m'incommode beaucoup maintenant. Je deviens vieux, Tom, et j'ai perdu presque tous mes bâtons. On m'a fait dernièrement une vilaine opération : on m'a mis dans le dos une petite pièce. C'était une épreuve terrible, Tom. - Je le crois, monsieur. - Mais il ne s'agit point de cela, Tom ; je veux vous marier à la veuve. - Moi ! monsieur ? - Vous. - Que Dieu bénisse vos cheveux blancs ! (le fauteuil conservait encore une partie de ses crins). Elle ne voudrait pas de moi ! Et Tom soupira involontairement, car il songeait au comptoir. - Allons donc ! dit le vieux gentleman avec fermeté. - Non, non. Il y a un autre vent qui souffle : un damné coquin, d'une taille superbe, avec des favoris noirs ! - Tom ! reprit le vieillard solennellement, il ne l'épousera jamais ! - Ah ! si vous aviez été dans le comptoir, vieux gentleman, vous conteriez un autre conte. - Bah ! bah ! je sais toute cette histoire-là... - Quelle histoire ? - Les baisers dérobés derrière la porte, et cætera, » dit le vieillard avec un regard impudent qui

« – Allons ! allons !Tom,cen’est pascomme celaqu’on doitparler àde l’acajou massif.Dieume damne ! onnetraiterait pasainsi leplus mince plaqué. » Endisant cesmots, levieux gentleman avait l’airsiféroce, queTom commença às’effrayer. « Je n’avais pasl’intention devous manquer derespect, monsieur, répondit-il d’unton beaucoup plushumble. – Bien ! bien !repritlebonhomme ; jelecrois, jelecrois.

Tom ? – Monsieur ? – Je sais toute votrehistoire, Tom ;toutevotrehistoire.

Vousn’êtes pasriche, Tom. – C’est vrai ;maiscomment savez-vous… ? – Cela n’yfait rien.

Écoutez-moi, Tom :Vousaimez troplepunch. » Tom était surlepoint deprotester qu’iln’en avait pastâté unegoutte depuis ledernier anniversaire desafête, lorsque sesyeux rencontrèrent ceuxdufauteuil.

Ilavait l’airsimalin, que Tom rougit, etgarda lesilence. « Tom ! laveuve estune belle femme : unefemme bienappétissante ! eh !Tom ? » Enparlant ainsi, levieil amateur tournalaprunelle, fitclaquer seslèvres, etreleva unedeses petites jambes grêlesd’unairsiroué, queTom pritendégoût lalégèreté deses manières, àson âge surtout.

« Tom ! repritlevieux gentleman, jesuis sontuteur. – Vraiment ? – J’ai connu samère, Tom,etsa grand’mère aussi.Elleétait folledemoi.

C’est ellequim’a fait ce gilet-là, Tom. – Oui-da ! – Et ces pantoufles-là, continualevieux camarade enlevant undeses échalas.

Maisn’enparlez pas, Tom ; jene voudrais pasqu’on sûtcombien ellem’était attachée ; celapourrait occasionner quelquesdésagréments danssafamille. » Endisant cesmots, levieux débauché avait l’airsiimpertinent, queTom adéclaré depuisqu’ilaurait pus’asseoir dessussansle moindre remords. « J’étais lacoqueluche desfemmes dansmontemps.

J’aitenu biendesjolies femmes surmes genoux pendant desheures entières ! Eh !Tom, qu’en dites-vous ? » Levieux farceur allait poursuivre etraconter sansdoute quelque exploitdesajeunesse, lorsqu’illuiprit unsiviolent accès decraquements qu’illuifut impossible decontinuer. « C’est bienfait,vieux libertin ! pensaTom.Maisilne dit rien. – Ah ! reprit sonétrange interlocuteur, cettemaladie m’incommode beaucoupmaintenant.

Je deviens vieux,Tom,etj’ai perdu presque tousmesbâtons.

Onm’a faitdernièrement une vilaine opération : onm’a misdans ledos une petite pièce.

C’était uneépreuve terrible,Tom. – Je lecrois, monsieur. – Mais ilne s’agit pointdecela, Tom ; jeveux vousmarier àla veuve. – Moi ! monsieur ? – Vous. – Que Dieu bénisse voscheveux blancs !(lefauteuil conservait encoreunepartie deses crins). Elle nevoudrait pasdemoi ! EtTom soupira involontairement, carilsongeait aucomptoir. – Allons donc ! ditlevieux gentleman avecfermeté. – Non, non.Ilya un autre ventquisouffle : undamné coquin, d’unetaillesuperbe, avecdes favoris noirs ! – Tom ! repritlevieillard solennellement, ilne l’épousera jamais ! – Ah ! sivous aviez étédans lecomptoir, vieuxgentleman, vousconteriez unautre conte. – Bah ! bah !jesais toute cettehistoire-là… – Quelle histoire ? – Les baisers dérobés derrièrelaporte, etcætera, » ditlevieillard avecunregard impudent qui. »

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