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-- Fuyez !

Publié le 30/10/2013

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-- Fuyez ! Fuyez ! cria Glorfindel ; puis, d'une voix forte et claire, il ordonna au cheval en langue elfique : Noro lim, noro lim, Asfaloth ! Aussitôt, le cheval bondit en avant et fila comme le vent sur le dernier pan de la route. Au même moment, les chevaux noirs s'élancèrent à sa poursuite, et des Cavaliers vint un terrible cri, tel que Frodon l'avait entendu remplissant d'horreur les bois dans le lointain Quartier de l'Est. Il y fut répondu, et au grand effroi de Frodon et de ses amis, des bois et des rochers au loin sur la gauche surgirent en trombe quatre autres Cavaliers. Deux couraient sur Frodon et deux galopaient à bride abattue vers le Gué pour lui couper tout moyen d'échapper. Ils lui semblaient voler comme le vent et devenir rapidement plus grands et plus sombres à mesure que leur course convergeait avec la sienne. Frodon regarda un instant en arrière par-dessus son épaule. Il ne pouvait plus voir ses amis. Les Cavaliers derrière lui perdaient du terrain, même leurs grands coursiers ne pouvaient rivaliser de vitesse avec le cheval elfique de Glorfindel. Il reporta son regard en avant et son espoir s'évanouit. Il semblait n'avoir aucune chance d'atteindre le Gué avant que le chemin ne soit coupé par ceux qui étaient restés embusqués. Il les voyait clairement à présent : ils avaient rejeté leurs capuchons et leurs manteaux noirs, et ils étaient revêtus de robes blanches et grises. Ils avaient dans leurs mains pâles des épées nues ; des heaumes leur couvraient la tête. Leurs yeux froids étincelaient, et ils l'interpellaient d'une voix terrible. La peur emplissait entièrement à présent l'esprit de Frodon. Il ne pensait plus à son épée. Aucun cri ne sortit de sa gorge. Il ferma les yeux et s'agrippa à la crinière du cheval. Le vent sifflait à ses oreilles, et les clochettes du harnais sonnaillaient follement. Un souffle glacial le perça comme une lance au moment où, dans un ultime effort, le cheval elfique, volant comme avec des ailes, passa tel un éclair de feu blanc sous le nez du Cavalier de tête. Frodon entendit l'éclaboussement de l'eau. Elle écumait autour de ses pieds. Il sentit le rapide effort de remontée comme le cheval quittait la rivière et escaladait le sentier rocailleux. Il grimpait le long de la rive escarpée. Il avait passé le Gué. Mais les poursuivants le serraient de près. Au haut du talus, le cheval s'arrêta et fit demi-tour, hennissant furieusement. Il y avait Neuf Cavaliers en bas au bord de l'eau, et le courage de Frodon fléchit devant l'expression menaçante de leurs visages levés vers lui. Il ne voyait rien qui pût les empêcher de traverser aussi aisément qu'il l'avait fait lui-même ; et il sentait qu'il était vain de tenter d'échapper par le sentier incertain menant du Gué au bord de Fondcombe, dès que les Cavaliers auraient traversé. De toute façon, il sentait qu'il lui était instamment commandé de s'arrêter. La haine l'aiguillonna de nouveau, mais il n'avait plus la force de résister. Soudain, le Cavalier de tête éperonna son cheval. Celui-ci se cabra, refusant devant l'eau. Avec un grand effort, Frodon se redressa sur sa selle et brandit son épée. -- Allez-vous-en ! cria-t-il. Retournez au Pays de Mordor et ne me suivez pas plus avant ! Sa voix sonna grêle et aiguë à ses propres oreilles. Les Cavaliers s'arrêtèrent, mais Frodon n'avait pas le pouvoir de Bombadil. Ses ennemis s'esclaffèrent d'un rire dur et glacial. -- Revenez ! Revenez ! crièrent-ils. En Mordor, nous vous emmènerons ! -- Allez-vous-en ! murmura-t-il. -- L'Anneau ! L'Anneau ! crièrent-ils implacablement. Et tout aussitôt le chef poussa son cheval dans l'eau, suivi de près par deux autres. -- Par Elbereth et Luthien la Belle, dit Frodon dans un dernier effort, brandissant son épée, vous n'aurez ni l'Anneau ni moi ! Alors, le chef, qui était déjà au milieu du Gué, se dressa menaçant sur ses étriers et leva la main. Frodon fut frappé de mutisme. Il sentit sa langue se coller à son palais et son coeur battre à tout rompre. Son épée se brisa et tomba de sa main tremblante. Le cheval elfique se dressa et s'ébroua. Le premier des chevaux noirs avait presque posé pied sur la rive. À ce moment vint un grondement précipité : le retentissement de flots ruant tumultueusement une grande quantité de pierres. Frodon vit indistinctement en dessous de lui s'élever la rivière, dans le lit de laquelle chargeait une cavalerie de vagues empanachées. Des flammes blanches parurent à Frodon papilloter sur les crêtes, et il imagina presque voir dans l'eau des cavaliers blancs sur des blancs chevaux aux crinières bouillonnantes. Les trois cavaliers immobiles au milieu du Gué furent submergés ; ils disparurent soudain sous l'écume en courroux. Ceux qui étaient derrière reculèrent en désarroi. Dans les dernières lueurs de sa conscience, Frodon entendit des cris, et il lui sembla voir, au-delà des Cavaliers qui hésitaient sur la rive, une brillante figure de lumière blanche ; et derrière couraient de vagues petites formes agitant des flammes rougeoyantes dans la brume grise qui tombait sur le monde. Les chevaux noirs furent pris de folie et, bondissant de terreur, ils emportèrent leurs cavaliers dans les flots impétueux. Leurs cris perçants furent noyés dans le grondement de la rivière qui les emportait. Frodon se sentit alors tomber, et le grondement et la confusion lui parurent s'enfler et l'engouffrer en même temps que ses ennemis. Il n'entendit ni ne vit plus rien.       LIVRE II      

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