AGRIPPA D'AUBIGNÉ : Les Tragiques - PRINCES (vers 1487 - fin) : FUYEZ, LOTHS, DE SODOME ET GOMORRHE BRÛLANTES
Publié le 29/09/2011
Extrait du document
Que je vous plains, esprits qui, au vice contraires,
Endurez de ces cours les séjours nécessaires !
Heureux si, non infects en ces infections,
Rois de vous, vous régnez sur vos affections.
Mais quoique vous pensez gagner plus de louange
De sortir impollus hors d'une noire fange,
Sans tache hors du sang, hon du feu sans brûler,
Que d'un lieu non souillé sortir sans vous souiller,
Pourtant il vous serait plus beau en toutes sortes
10 D'être les gardiens des magnifiques portes
De ce temple éternel de la maison de Dieu,
Qu'entre les ennemis tenir le premier lieu;
Plutôt porter la croix, les coups et les injures,
Que des ords cabinets les clefs à vos ceintures ;
Car Dieu pleut sur les bons et sur ·les vicieux,
Dieu frappe les méchants et les bons parmi eux.
Fuyez, Loths, de Sodome et Gomorrhe brûlantes !
N'ensevelissez point vos âmes innocentes
Avec ces réprouvés ; car combien que vos yeux
20 Ne froncent le sourcil encontre les hauts cieux,
Combien qu'avec les Rois vous ne hochiez la tête
Contre le ciel ému, armé de la tempête,
Pource que des tyrans le support vous tirez,
Pource qu'ils sont de vous comme dieux adorés,
Lorsqu'ils veulent au pauvre et au juste méfaire
Vous êtes compagnons du méfait pour vous taire.
Lorsque le ftls de Dieu, vengeur de son mépris,
Viendra pour vendanger de ces Rois les esprits,
De sa verge de fer brisant, épouvantable,
JO Ces petits dieux enflés en la terre habitable,
«
Vous y serez oompris.
Comme lorsque !"éclat o·un foudre exterminant vient renverser à plat Les chênes résistants et les cèdres superbes, Vous verrez là-dessous les plus petites herbes.
La fleur qui craint le vent, le naissant arbrisseau,
En son nid !"écureuil.
e_n son aire !"oiseau.
Sous ce dais qui changeait les grêles en rosée, La bauge du sanglier.
du cerf la reposée.
La ruche de !"abeille et la loge au berger.
40 Avoir eu part à !"ombre.
avoir part au danger.
J.
- INVECTIVE PASSIONNÈE D'UNE POÈTE MILITANT, DÈFENSEUR DE SA
FOl: Extrait de son œuvre principale Les TNgiques, qu'on a pu
appeler
l'épopée 121 de la foi, long poème historique aux accents
lyriques , satiriques ou épiques, écrit dans
le feu de J'action par un
compagnon d'armes d'Henri
de Navarre -futur Henri IV -au
milieu des violences des guerres de
religion, en tant qu'adepte fervent
et dévoué
de la Réforme et du parti protestant.
II.
- VIVE EXHORTATION 131 ADRESSÉE AUX JUSTES.
POUR LES INCITER À
FUIR LA CORRUPTION DE LA COUR ET ÉVITER AINSI LE TERRIBLE -C:HÀTIMENT
DE DIEU:
Vers 1-16 : J'exhortation.
Vers
17-26 : la corruption de la cour .
Vers
27-40: le châtiment de Dieu.
III.
- LA PROGRESSION DANS L'EXHORTATION:
Vers 1-8: «Que je vous plains ...
».
Mise en garde contre une indulgence coupable des justes
vis-à-vis d'eux-mêmes.
Vers 9-16: «Pourtant il vous serait plus beau ....
»
Appel à une plus grande conscience de leurs devoirs .
Vers 17-16 : «Fuyez, l...oths, de Sodome ...
»
121 Epopée : voir plan de présentation.
131 Exhortation : disoours vigoureux pour enoourager quelqu"un à se lancer
dans une action difficile..
»
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