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GABRIEL VICAIRE (1848-1900). Les cloches du pays

Publié le 01/05/2011

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Gabriel Vicaire, né à Belfort en 1848, est mort à Paris, en T900. — Ses œuvres principales sont : les Émaux Bressans (1884), les Déliquescences, sous le pseudonyme d'Adoré Floupette (1885), l'Heure enchantée (1890), Fleurs d Avril (1890). Il vécut, soit à Ambérieu (dans l'Ain), soit à Paris. Il est considéré comme le chantre de la Bresse. Plein de verve et de bonne humeur, aimant à puiser son inspiration dans les milieux populaires; rempli de sincérité et d'émotion aussi, lorsqu'il s'attendrit sur le passé qui fuit et disparaît, G. Vicaire est un poète qui ne manque ni de grâce, ni d'originalité.

Les cloches du pays (1884).

Combien je vous aime, ô voix argentines, Cloches du pays, sœurs de mes vingt ans! Avé Maria, laudes et matines, Combien mon cœur bat quand je vous entends! Aux jours bienheureux de ma prime enfance, 5 Quand j'étais encore jeune et pieux, Mon sommeil était sous votre défense, Et vous me faisiez des rêves joyeux. Rien n'était si beau que vos envolées Dans le grand soleil de l'après-midi; 10 Je suivais des yeux vos notes ailées Qui tourbillonnaient dans l'air attiédi ; Puis, rasant l'église et ses vieilles tombes, Planant sur le bourg à peine un moment, Comme un fol essaim de blanches colombes, 15 S'en allaient se perdre au bleu firmament ; Et sous votre toit de mousse et de lierre, Lorsque les voisins étaient endormis, Notre causerie était familière, Ainsi qu'il convient à de vieux amis. 20 O musique chère, heure sans pareille ! Que tous nos propos étaient ingénus ! Nous nous comprenions alors à merveille; Vos moindres secrets, je les ai connus.... L'horizon d'antan se trouble et recule 25 Et l'ombre envahit le cœur délaissé. Cloches de l'aurore et du crépuscule, Rendez-moi, de grâce, un peu du passé. Cloches qui riez quand l'aube s'allume, Cloches qui pleurez quand le jour s'enfuit, 30 Angélus du soir perdus dans la brume, Glas des trépassés qu'emporte la nuit, Carillons lancés à travers l'espace, Qui faites un bruit d'oiseaux envolés, Belles qui chantez pour le vent qui passe, 35 Comme l'alouette au milieu des blés, Cloches qui courez au ras des prairies, Cloches qui frôlez la cime des bois, Sur l'aile d'argent de vos sonneries Emportez mon âme au ciel d'autrefois! 40

(Émaux Bressans, Henri Leclerc, éditeur.)

QUESTIONS D'EXAMEN

I. — L'ensemble. — Une poésie lyrique d'une magnifique envolée, et tout empreinte de mélancolie. — 1° Quels sentiments inspirent au poète les cloches de son pays? (Il aime leurs voix argentines, et son cœur bat à les entendre...); 2° Que leur demande-t-il quand, après une longue absence, il les entend de nouveau? (Il leur demande de lui rendre un peu de son passé, de faire revivre en lui les sentiments qui l'animaient alors...); 3° Par quoi vous plaît surtout cette poésie? (Par sa souplesse et son rythme, — par ses belles strophes chantantes, qui évoquent si bien les sentiments divers que font naître les cloches dans l'âme de tous : Cloches qui riez..., cloches qui pleurez..., belles qui chantez..., — ou qui traduisent avec tant de justesse l'élan ou la légèreté des sonneries : Carillons lancés à travers l'espace..., cloches qui courez..., cloches qui frôle...).

II. — L'analyse de la poésie. — i° Distinguez les deux parties de la poésie : a) Impressions produites par les cloches sur le poète, alors qu'il était jeune; — b) Prière qu'il leur adresse après une longue absence; 2° Par une étude attentive de la première partie, dégagez quelques-unes des impressions du poète; 3° Quelle prière adresse-t-il aux cloches quand il revient, devenu homme, dans son pays? (Il leur demande de faire revivre pour lui un passé qui lui fut cher, — de faire renaître en son âme toutes ses impressions d'enfant...); 4° Montrez que sa prière est fervente et pleine d'élan (Cloches..., rendez-moi, de grâce...; Cloches..., emportez mon âme...); 5° N'insiste-t-il pas tout particulièrement auprès des cloches pour obtenir d'elles ce qu'il leur demande? (Le dernier vers : Emportez mon âme au ciel d'autrefois, exprime exactement la même idée que celle déjà exprimée par ce vers de la première strophe, 2e partie : Rendez-moi, de grâce, un peu du passé).

III. — Le style ; — les expressions. — 1° Quels vous paraissent être les caractères distinctifs du style dans cette poésie? (la netteté..., la souplesse..., l'harmonie..., le pittoresque : signaler quelques images : planant comme un fol essaim de blanches colombes..., carillons qui faites un bruit d'oiseaux envolés...)', 2° Expliquez l'expression : l'ombre envahit le cœur délaissé.

IV. — La grammaire. — 1° Indiquez l'étymologie et le sens du mot carillons, — la composition du mot envolés, et trouvez quelques mots de la même famille; 2° Analysez les pronoms contenus dans la 3e strophe : Rien n'était si beau.... Rédaction. — Traduisez les impressions que produit en vous la sonnerie des cloches.

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