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Gilbert Cesbron, Ce qu'on appelle vivre

Publié le 28/04/2011

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 (Au cours d'un entretien sur la non-violence avec un de ses amis, Gilbert Cesbron avoue qu'il eut, dans sa jeunesse, beaucoup d'admiration pour l'héroïsme militaire, mais qu'il découvrit peu à peu l'existence de plusieurs sorte de courage.)    De la non-violence. — Il n'existe pas qu'un seul courage, le fameux courage des braves ; mais il existe des courages : le « courage de papier «, celui dont parlait Mauriac, et qui consiste à écrire, parce qu'on les croit vraies ou utiles, des choses qui peuvent vous valoir des ennuis ; et puis le « courage de feu «, ce courage qui fait qu'on va au devant d'un risque de souffrance et de mort ; enfin il en existe un troisième qui, à mes yeux, est le courage des courages : Je l'appelle le « courage de pierre «, parce qu'il conduit un personnage en prison pour ses convictions non-violentes. Mais surtout, il est acculé au mépris des autres -7- et c'est pourquoi ce courage-là est beaucoup plus exigeant. La certitude d'être incompris est finalement une épreuve plus grave que celle d'être blessé.    Très longtemps on a confondu la non-violence avec le pacifisme bêlant, et le pacifisme — bêlant ou non — avec la lâcheté. La non-violence semblait le contraire même du courage alors qu'elle exige plus de courage que n'en requiert la violence. D'abord parce que nous avons des tendances à l'agressivité et que la violence satisfait en nous bien des désirs viscéraux. Ensuite parce que la violence entraîne une pluie de médailles et l'estime de tous. La violence, hélas, c'est très flatteur. Les héros des films de violence plaisent au public et séduisent les femmes et les jeunes. Ce sont des « héros « au sens propre du mot. Tandis que la non-violence entraîne encore le mépris ; et aussi des risques plus grands que la violence, puisqu'on est désarmé.    L'un des grands moments de l'histoire du monde et qui a décidé de l'histoire de l'Inde s'est joué au moment de la « marche du sel «. Les Anglais refusaient que les Hindous puisent de l'eau de mer pour la faire évaporer et se procurer ainsi du sel sans payer de droits. Gandhi a senti que c'était là une injustice et, de plus, un symbole ; et il a décidé que tel jour, à telle heure, sur telle plage, des Hindous iraient puiser de l'eau de mer — et il en a prévenu les autorités. Ils étaient donc là, des centaines d'Hindous, en rang, avec des récipients. L'armée britannique aussi était là, avec des matraques. A l'heure dite, le premier rang s'est ébranlé pour aller puiser de l'eau dans la mer et les soldats anglais ont abattu tous les hommes de ce premier rang. A ce moment-là, s'est joué le sort de la libération de l'Inde... Le second rang allait-il comprendre la leçon du matraquage et reculer ? Le deuxième rang a fait un pas en avant et il n'a pas été matraqué..    Voilà l'exemple type de la non-violence.   Gilbert Cesbron, Ce qu'on appelle vivre, 1977.    Questions :    1. Vous ferez de ce texte, à votre choix, un résumé d'une dizaine de lignes ou une analyse. Vous indiquerez clairement votre choix en tête de votre copie.    2. Vous expliquerez les expressions suivantes :    — le pacifisme bêlant,    — la violence satisfait en nous bien des désirs viscéraux,    — une pluie de médailles.

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