Gilbert CESBRON (Martin, huit ans, vit chez son parrain, dans un immeuble ultra-moderne.)

Le temps semble long quand on n'a rien à faire, pas faim du tout, et qu'aucune grande personne ne vous presse. Martin est descendu se faire tremper par le tourniquet d'arrosage, lequel fait croire au gazon domestique qu'il pleut. Il a joué, dans le plus élevé des immeubles, à rendre fou l'ascenseur à mémoire en lui commandant vingt manœuvres contradictoires, mais n'est pas parvenu à le déconcerter. L'autre va longtemps continuer à monter, descendre, remonter aveuglément, tandis que Martin, devant la télévision, conduit un orchestre symphonique avec un macaroni qu'il a couru chercher à la cuisine. Quand le concert prend fin, il allume Hifi1 afin de pouvoir continuer; mais elle n'est pas dans ses bons jours : elle ronfle, siffle, tonitrue, murmure puis se tait définitivement; Hifi a partie liée avec les grandes personnes. Le maestro lui tourne le dos, essaie de manger sa baguette, court la cracher par la fenêtre. De là, qu'aperçoit-il? Un merle perché sur l'antenne de la télévision. «Ne bouge pas! « Il se précipite pour voir si l'oiseau apparaît sur l'écran. Rien... mais on y annonce un film de cow-boys; Martin court chercher sa carabine ainsi qu'une assiettée de gâteaux et revient s'accroupir à l'indienne sur le tapis, juste avant que la diligence ne soit attaquée. G. CESBRON, C'est Mozart qu'on assassine.

1. «Hifi« : est interprété par Martin comme un prénom. sujets au choix 1) Imaginez d'autres comportements de ce petit garçon, lorsque le temps lui semble long. 2) «Hifi« — ou la télévision — interviennent-elles de la même façon dans votre vie, dans vos loisirs? 3) Comment occupez-vous vous-même votre temps, «lorsque aucune grande personne ne vous presse«?