Han d'Islande --Nous verrons, dit le brigand.
Publié le 12/04/2014
Extrait du document
«
Oui, et il y a une manière de serrer le noeud coulant....
tandis que, si tu deviens raisonnable, je te pendrai
mieux.
Peu m'importe ce que tu feras demain de mon cou! répondit le monstre d'un air railleur.
Allons, ne pourrais-tu te contenter de deux écus royaux? Qu'en feras-tu?
Adresse-toi à ton camarade, dit le brigand en montrant le guichetier; il me demande deux ducats d'or pour
un peu de paille et de feu.
Aussi, dit le bourreau, apostrophant le guichetier avec humeur, par la scie de saint Joseph! il est révoltant de
faire payer du feu et de la méchante paille au poids de l'or.
Deux ducats! Le guichetier répliqua aigrement:
Je suis bien bon de n'en pas exiger quatre!C'est vous, maître Nychol, qui êtes aussi arabe que le chiffre 2,
de refuser à ce pauvre prisonnier deux ducats d'or de son cadavre, que vous pourrez vendre au moins vingt
ducats à quelque savant ou à quelque médecin.
Je n'ai jamais payé un cadavre plus de quinze ascalins, dit le bourreau.
Oui, repartit le guichetier, le cadavre d'un mauvais voleur ou d'un misérable juif, cela peut-être; mais
chacun sait que vous tirerez ce que vous voudrez du corps de Han d'Islande.
Han d'Islande hocha la tête.
De quoi vous mêlez-vous? dit Orugix brusquement; est-ce que je m'occupe, moi, de vos rapines, des
vêtements, des bijoux que vous volez aux prisonniers, de l'eau sale que vous versez dans leur maigre bouillon,
des tourments que vous leur faites éprouver pour tirer d'eux de l'argent?Non! je ne donnerai point deux
ducats d'or.
Point de paille et point de feu, à moins de deux ducats d'or, répondit l'obstiné guichetier.
Point de cadavre à moins de deux ducats d'or, répéta le brigand immobile.
Le bourreau, après un moment de silence, frappa la terre du pied:
Allons, le temps me presse.
Je suis appelé ailleurs.
Il tira de sa veste un sac de cuir qu'il ouvrit lentement et
comme à regret.
Tiens, maudit démon d'Islande, voilà tes deux ducats.
Satan ne donnerait certes pas de ton âme ce que je
donne de ton corps.
Le brigand reçut les deux pièces d'or.
Aussitôt le guichetier avança la main pour les reprendre.
Un instant, compagnon, donne-moi d'abord ce que je t'ai demandé.
Le guichetier sortit, et revint un moment après, apportant une botte de paille fraîche et un réchaud plein de
charbons ardents, qu'il plaça près du condamné.
C'est cela, dit le brigand en lui remettant les deux ducats, je me chaufferai cette nuit.Encore un mot,
ajouta-t-il d'une voix sinistre:Le cachot ne touche-t-il pas à la caserne des arquebusiers de Munckholm? Han d'Islande
XLIX 241.
»
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