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Helika De ce moment, nous fûmes l'objet des prévenances et des

Publié le 11/04/2014

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Helika De ce moment, nous fûmes l'objet des prévenances et des égards de tout l'équipage, et si quelquefois le nègre et moi nous mîmes la main à la manoeuvre, c'était plutôt pour aider volontairement, car chacun, à l'exemple du capitaine, nous traitait d'une manière tout-à-fait respectueuse et amicale. Le bâtiment, en passant, devait toucher à Boston. Là je dus me séparer de mon compagnon d'infortune; non sans avoir offert au capitaine tout l'or que je tenais de ma bienfaitrice, pour qu'il me donnât l'assurance qu'il le rapatrierait dans un voyage qu'il devait faire vers les rives de sa terre natale. Pour moi le chemin de Boston au Canada m'était parfaitement connu. Au lieu d'accepter mon argent, le capitaine, les passagers même l'équipage firent une généreuse souscription pour nous deux. Ainsi nous quittâmes après les plus affectueuses expressions d'amitié et de bons souvenirs. Ce fut en me pressant cordialement la main que le capitaine me dit adieu, j'étais devenu son ami dans le voyage. J'appris, quelques années plus tard, lorsque je le revis par une circonstance toute fortuite et que le bâtiment se trouvait dans le même port de mer où j'étais, qu'il avait effectivement débarqué mon malheureux compagnon d'esclavage sur les rives de sa terre natale. Le bâtiment, ajoutait-il, était au large. Je fis mettre à l'eau un de mes plus forts canots et le nègre s'y embarqua en pleurant et me témoignant une reconnaissance sans bornes. En mettant le pied à terre, il se prosterna d'abord, embrassa les rivages d'où il avait été exilé, vint baiser la main de chacun des matelots qui l'avait conduit, puis poussant un cri d'un bonheur indicible, il s'élança vers les bois où ils le perdirent de vue!! Telle fut l'histoire qui me fut répétée par quelques-uns des matelots qui avaient conduit le canot. Un mois après mon débarquement à Boston, j'étais aux Trois-Rivières. Mais là m'attendait un des plus terribles drames dont ma vie si tourmentée a été quelquefois l'auteur, mais cette fois le témoin. LE MEURTRE. En y débarquant, le premier homme que je rencontrai face à face poussa un wooh! de surprise, ses yeux s'arrêtèrent sur moi avec une terreur et un étonnement indicibles. Il allait prendre la fuite, peut-être, lorsque je l'arrêtai en l'appelant par son nom. C'était un chef sauvage, lui aussi d'une tribu Souriquoise, nos alliés, et était l'ami le plus intime et le frère d'armes d'Attenousse. L'Ours Gris, dit-il d'une voix frémissante, est-ce toi ou ton esprit que le génie du bien envoie pour sauver Attenousse? Oh! si c'est toi, notre frère n'a plus rien à craindre, car tu peux tout. Le Dieu des blancs est grand, plus fort que ceux que ma tribu vénérait avant l'arrivée du Père à la Robe Noire ajouta-t-il, comme se parlant à lui-même. En prononçant ces paroles, Anakoui élevait ses yeux vers le ciel et versait des pleurs d'espérance. Hélas! les guerres sanglantes avaient laissé sur la figure de ce malheureux chef sauvage des traces patentes du raffinement de notre civilisation; il avait la figure balafrée en tous sens et de plus, il avait perdu un bras. Quel orgueil ne devons nous pas avoir aujourd'hui, en voyant les moyens de destruction que le siècle nous apporte, et combien doivent-être heureux ceux qui, nouveaux Caïns, ne demandent pas mieux que de tuer ou mutiler leurs frères!!! Ce fut la remarque que je me fis pendant qu'il me parlait dans un état de fiévreuse agitation. Véritablement, je crus qu'il était devenu fou, tant grande était son exaltation. Enfin, je le pris par la main et nous allâmes nous asseoir sous les grands arbres qui bordaient naguère encore, les charmants coteaux du rivage St. Laurent aux LE MEURTRE. 37 Helika Trois Rivières. Ce fut alors, qu'après avoir donné cours à son émotion, exprimée par des paroles incohérentes, que j'entendis, avec stupeur, le récit des événements qui s'étaient passés pendant mon absence. En voici le résumé: Le désastre de La Brise avait été publié à son de trompe par les vainqueurs. La nouvelle en était venue dans la colonie avec la rapidité et l'exactitude que comportent toujours un bruit fâcheux ou une mauvaise nouvelle. Pourtant il y avait un homme, mais celui-là était le seul, c'était un jeune canadien qui prétendait avoir fait partie de l'équipage de La Brise et avoir échappé vivant de cette malheureuse croisière avec un chef sauvage. Il ajoutait que ce chef et lui avaient été amenés en esclavage dans des directions diverses. Lui avait été dirigé sur une plantation au bord de la mer, et c'est à cette circonstance qu'il dût son évasion; s'étant jeté à la nage et ayant gagné un vaisseau européen qui était en partance. On sait qu'alors c'était un asile inviolable pour un blanc. Quant au chef, ajoutait-il, plus fort et plus vigoureux que moi, il a été vendu à un bien plus haut prix et a été envoyé dans la profondeur des terres, il doit être mort depuis longtemps d'après le rapport de nègres marrons qui s'étaient échappés de la même plantation, car jamais maître plus féroce et plus barbare ne pouvait faire subir de plus mauvais traitements à ses esclaves, aussi en était-il réputé parmi eux comme un monstre odieux de cruauté. Toutefois personne ne croyait un mot de cette histoire que Baptiste leur affirmait être vraie en tous points. Grand donc fut l'étonnement d'Anakoui, lorsqu'à mon tour, je lui assurai qu'elle était de la plus exacte vérité. Mais j'étais sur des charbons ardents et n'osais l'interrompre, crainte de blesser sa susceptibilité indienne. Quelles angoisses néanmoins ne ressentais-je pas à la pensée d'Angeline dont le souvenir était venu à chaque minute du jour et de la nuit, bouleverser mon cerveau depuis cinq longues années. Enfin je n'y pu tenir plus longtemps. Angeline, lui demandai-je, qu'est-elle donc devenue? je frémissais dans l'appréhension de sa réponse. --Assieds-toi, mon frère, me répondit Anakoui, je vais tout te dire: "Un des guerriers d'une tribu amie, un de tes compagnons d'armes que tu as bien connu autrefois lorsque tu étais plus jeune, est revenu de la guerre trois mois après être parti à la tête de ses braves guerriers. Pas un seul d'entre eux n'est arrivé dans la tribu sans montrer avec orgueil d'honorables blessures. "Attenousse est un grand chef. Angeline sous les soins de sa mère, avait souvent entendu, parler de lui et naturellement elle l'aima par reconnaissance d'abord de ce qu'il t'avait sauvé la vie lors de l'incendie dans les bois, elle l'aima par dessus tout, parce qu'il était bon, loyal et courageux, et qu'il l'avait sauvée des poursuites et des persécutions incessantes de Paulo. Ta fille, ajouterai-je, avait été élevée par toi aux récits des actes de bravoure et d'héroïsme. "Le missionnaire, continua Anakoui, chargé par toi de retirer les fonds pour procurer le confort aux deux femmes laissées sans autres secours que la procuration que tu lui donnais, n'est pas revenu s'asseoir dans nos foyers. Elles ont donc manqué de tout et le père à la Robe Noire ignorait tous ces faits, tu vas le voir dans la prison où il est venu d'après l'ordre de l'Évêque, son grand chef consoler et prendre soin des malheureux prisonniers." "Maintenant, mon frère, ne m'interromps pas, les moments sont précieux." "Pendant trois mois, les deux pauvres femmes essuyèrent toutes espèces de misères et de privations et ne durent leur subsistance qu'à la charité des sauvages dont les bras débiles ne pouvaient plus porter les armes et qui pourtant avaient été préposés aux soins des femmes et des enfants. Enfin, Attenousse arrivé, l'abondance régna dans leur cabane, il pourvut amplement à leur bien-être et ce ne fut que deux ans après ton départ, LE MEURTRE. 38

« Trois Rivières. Ce fut alors, qu'après avoir donné cours à son émotion, exprimée par des paroles incohérentes, que j'entendis, avec stupeur, le récit des événements qui s'étaient passés pendant mon absence.

En voici le résumé: Le désastre de La Brise avait été publié à son de trompe par les vainqueurs.

La nouvelle en était venue dans la colonie avec la rapidité et l'exactitude que comportent toujours un bruit fâcheux ou une mauvaise nouvelle. Pourtant il y avait un homme, mais celui-là était le seul, c'était un jeune canadien qui prétendait avoir fait partie de l'équipage de La Brise et avoir échappé vivant de cette malheureuse croisière avec un chef sauvage. Il ajoutait que ce chef et lui avaient été amenés en esclavage dans des directions diverses.

Lui avait été dirigé sur une plantation au bord de la mer, et c'est à cette circonstance qu'il dût son évasion; s'étant jeté à la nage et ayant gagné un vaisseau européen qui était en partance.

On sait qu'alors c'était un asile inviolable pour un blanc.

Quant au chef, ajoutait-il, plus fort et plus vigoureux que moi, il a été vendu à un bien plus haut prix et a été envoyé dans la profondeur des terres, il doit être mort depuis longtemps d'après le rapport de nègres marrons qui s'étaient échappés de la même plantation, car jamais maître plus féroce et plus barbare ne pouvait faire subir de plus mauvais traitements à ses esclaves, aussi en était-il réputé parmi eux comme un monstre odieux de cruauté. Toutefois personne ne croyait un mot de cette histoire que Baptiste leur affirmait être vraie en tous points. Grand donc fut l'étonnement d'Anakoui, lorsqu'à mon tour, je lui assurai qu'elle était de la plus exacte vérité. Mais j'étais sur des charbons ardents et n'osais l'interrompre, crainte de blesser sa susceptibilité indienne. Quelles angoisses néanmoins ne ressentais-je pas à la pensée d'Angeline dont le souvenir était venu à chaque minute du jour et de la nuit, bouleverser mon cerveau depuis cinq longues années. Enfin je n'y pu tenir plus longtemps.

Angeline, lui demandai-je, qu'est-elle donc devenue? je frémissais dans l'appréhension de sa réponse. —Assieds-toi, mon frère, me répondit Anakoui, je vais tout te dire: “Un des guerriers d'une tribu amie, un de tes compagnons d'armes que tu as bien connu autrefois lorsque tu étais plus jeune, est revenu de la guerre trois mois après être parti à la tête de ses braves guerriers.

Pas un seul d'entre eux n'est arrivé dans la tribu sans montrer avec orgueil d'honorables blessures. “Attenousse est un grand chef.

Angeline sous les soins de sa mère, avait souvent entendu, parler de lui et naturellement elle l'aima par reconnaissance d'abord de ce qu'il t'avait sauvé la vie lors de l'incendie dans les bois, elle l'aima par dessus tout, parce qu'il était bon, loyal et courageux, et qu'il l'avait sauvée des poursuites et des persécutions incessantes de Paulo.

Ta fille, ajouterai-je, avait été élevée par toi aux récits des actes de bravoure et d'héroïsme. “Le missionnaire, continua Anakoui, chargé par toi de retirer les fonds pour procurer le confort aux deux femmes laissées sans autres secours que la procuration que tu lui donnais, n'est pas revenu s'asseoir dans nos foyers.

Elles ont donc manqué de tout et le père à la Robe Noire ignorait tous ces faits, tu vas le voir dans la prison où il est venu d'après l'ordre de l'Évêque, son grand chef consoler et prendre soin des malheureux prisonniers.” “Maintenant, mon frère, ne m'interromps pas, les moments sont précieux.” “Pendant trois mois, les deux pauvres femmes essuyèrent toutes espèces de misères et de privations et ne durent leur subsistance qu'à la charité des sauvages dont les bras débiles ne pouvaient plus porter les armes et qui pourtant avaient été préposés aux soins des femmes et des enfants.

Enfin, Attenousse arrivé, l'abondance régna dans leur cabane, il pourvut amplement à leur bien-être et ce ne fut que deux ans après ton départ, Helika LE MEURTRE.

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