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Il arriva bientôt à un espace découvert, où une petite

Publié le 29/03/2014

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Il arriva bientôt à un espace découvert, où une petite tente avait été montée pour le roi sous un grand arbre. Une grosse lanterne, couverte en dessus, était suspendue à une branche et elle jetait un pâle cercle de lumière. Là se tenaient Théoden et Eomer, et devant eux était accroupie sur le sol une étrange forme d’homme, noueuse comme une vieille pierre, et les poils de sa maigre barbe étaient éparpillés sur son menton plein de bosses comme de la mousse sèche. Il avait les jambes courtes et de gros bras, épais et trapu, il ne portait pour tout vêtement qu’une ceinture d’herbe autour de la taille. Merry eut l’impression de l’avoir déjà vu quelque part, et il se rappela soudain les Biscornus de Dunharrow. Il avait devant lui une de ces vieilles images amenée à la vie ou peut-être une créature descendue en droite ligne, au cours d’années sans fin, des modèles utilisés par les artisans oubliés de jadis.

Il y avait un silence quand Merry se glissa plus près, puis l’Homme Sauvage commença à parler, en réponse à quelque question, semblait-il. Il avait la voix profonde et gutturale, mais, à la surprise de Merry, il employa le Parler Commun, encore qu’avec hésitation et en y mêlant des mots bizarres.

« Non, père des Cavaliers, dit-il, nous ne nous battons pas. Chassons seulement. Tuons les gorgûn dans les bois, détestons les orques. Vous détestez les gorgûn aussi. Nous aidons comme nous pouvons. Les Hommes Sauvages ont de longues oreilles et de longs cheveux, connaissons tous les sentiers. Les Hommes Sauvages habités ici avant les Maisons de pierre, avant que les Hommes Grands venus de l’Eau. «

« Mais c’est d’aide dans la bataille que nous avons besoin, dit Eomer. Comment vous et les vôtres nous aiderez-vous ? «

« Apporter nouvelles, dit l’Homme Sauvage. Nous regardons des collines. Nous grimpons haute montagne et regardons en bas. Cité de pierre est fermée. Le feu brûle là dehors, maintenant dedans aussi. Vous voulez venir là ? Alors, se dépêcher. Mais les gorgûn et les hommes venus de loin il agita un bras court et noueux en direction de l’est installés sur route des chevaux. Beaucoup, beaucoup, plus que les Cavaliers. «

« Comment le savez-vous ? « demanda Eomer.

La figure plate et les yeux sombres du vieillard ne montrèrent rien, mais le mécontentement rendit son ton maussade. « Les Hommes Sauvages sont sauvages, libres, mais pas des enfants, répliqua-t-il. Je suis grand chef, Ghân-buri-Ghân. Je compte beaucoup de choses, les étoiles dans le ciel, les feuilles sur les arbres, les hommes dans l’obscurité. Vous avez une vingtaine de vingtaines comptée dix fois et cinq fois. Ils en ont davantage. Grande bataille, et qui gagnera ? Et beaucoup d’autres marchent autour des murs des Maisons de pierre. «

« Hélas ! son langage n’est que trop perspicace, dit Théoden. Et nos éclaireurs disent qu’ils ont creusé des tranchées et planté des pieux en travers de la route. Nous ne pouvons les balayer par une attaque brusquée. «

« Une grande hâte est pourtant nécessaire, dit Eomer. Mundburg est en flammes. «

« Laissez Ghân-buri-Ghân finir ! dit l’Homme Sauvage. Il connaît plus d’une route. Il vous conduira par route où pas de fosses, pas de gorgûn marchent, seulement Hommes Sauvages et bêtes. Beaucoup de chemins furent faits quand les gens des Maisons de pierre étaient plus forts. Ils découpaient les collines comme les chasseurs découpent la chair des bêtes. Les Hommes Sauvages pensent qu’ils mangeaient la pierre comme nourriture. Ils traversaient Druadan vers le Rimmon avec grandes charrettes. Ils n’y vont plus. Route est oubliée, mais pas par les Hommes Sauvages. Par-dessus la colline et derrière la colline, elle existe toujours sous l’herbe et les arbres, là derrière le Rimmon et redescendant sur le Dîn, et elle rejoint à la fin la route des Cavaliers. Les Hommes Sauvages vous montreront cette route. Alors, vous tuerez les gorgûn et chasserez le mauvais noir avec le fer brillant, et les Hommes Sauvages pourront retourner dormir dans la forêt sauvage. «

Eomer et le roi s’entretinrent dans leur propre langue. Après quelque temps, Théoden se tourna vers l’Homme Sauvage. « Nous accepterons votre offre, dit-il. Car même si nous laissons derrière nous une armée d’ennemis, qu’importe ? Si la Cité de Pierre tombe, il n’y aura pas de retour. Si elle est sauvée, l’armée orque aura elle-même la retraite coupée. Si vous êtes loyal, Ghân-buri-Ghân, nous vous donnerons une riche récompense, et vous aurez à jamais l’amitié de la Marche. «

« Les hommes morts ne sont pas des amis pour les hommes vivants, et ils ne leur offrent pas de présents, dit l’Homme Sauvage. Mais si vous survivez à l’Obscurité, laissez les Hommes Sauvages tranquilles dans les forêts, et ne les chassez plus comme des bêtes. Ghân-buri-Ghân ne vous mènera pas dans un piège. Il ira lui-même avec le père des Cavaliers, et s’il vous mène dans une mauvaise route, vous le tuerez. «

« Soit ! « dit Théoden.

« Combien faudra-il de temps pour dépasser l’ennemi et revenir à la route ? demanda Eomer. Il nous faudra aller au pas, si vous nous guidez, et je ne doute pas que le chemin soit étroit. «

« Les Hommes Sauvages vont vite à pied, dit Ghân. Le chemin est assez large pour quatre chevaux dans la Vallée Fardière, là-bas il agita la main en direction du sud mais il est étroit au début et à la fin. L’Homme Sauvage pourrait aller d’ici au Dîn entre le lever du soleil et midi. «

« Il faut donc compter au moins sept heures pour les guides, dit Eomer, mais mieux vaut prévoir quelque dix heures en tout. Des choses imprévues peuvent nous retarder et, si notre armée est tout étirée, il faudra un certain temps pour la remettre en ordre avant de sortir des collines. Quelle heure est-il maintenant ? «

« Qui sait ? dit Théoden. Tout est nuit à présent. «

« Tout est sombre, mais pas nuit, dit Ghân. Quand le Soleil sort, nous la sentons, même si elle est cachée. Elle monte déjà au-dessus des montagnes de l’Est. C’est l’ouverture du jour dans les champs du ciel. «

« Eh bien, il faut partir dès que possible, dit Eomer. Même ainsi, nous ne pouvons espérer arriver au secours de Gondor aujourd’hui. «

Merry n’attendit pas d’en entendre plus long, mais il s’éloigna à pas de loup pour se préparer à l’ordre de marche. C’était la dernière étape avant la bataille. Il ne lui paraissait guère probable que beaucoup y survécussent. Mais il pensa à Pippin et aux flammes dans Minas Tirith, et il domina sa propre peur.

Tout alla bien ce jour-là, et ils n’eurent aucune indication, visuelle ou auditive, que l’ennemi les attendît dans un guet-apens. Les Hommes Sauvages avaient disposé un écran de chasseurs attentifs, de façon qu’aucun orque ou espion rôdeur ne pût connaître les mouvements dans les collines. La lumière était plus terne que jamais comme ils approchaient. De la cité investie, et les Cavaliers passèrent en longues files telles des ombres noires d’hommes et de chevaux. Chaque compagnie était guidée par un homme des bois, mais le vieux Ghân marchait auprès du roi. Le départ avait été plus lent qu’on ne s’y était attendu, car il avait fallu du temps aux Cavaliers, qui marchaient en tenant leur cheval par la bride, pour trouver des sentiers sur les croupes épaissement boisées derrière leur camp et descendre dans la Vallée Fardière cachée. L’après-midi tirait à sa fin quand les guides arrivèrent à de vastes halliers gris qui s’étendaient au-delà du flanc ouest de l’Amon Dîn et qui masquaient une grande coupure dans la ligne de collines courant à l’est et à l’ouest de Nardol en Din. Par cette coupure, la route charretière oubliée descendait jadis pour rejoindre la route principale de la Cité à travers l’Anôrien, mais à présent, depuis bien des générations d’hommes, les arbres en avaient disposé à leur façon, et elle avait disparu, défoncée et enterrée sous les feuilles d’années sans nombre. Mais les fourrés offraient aux Cavaliers leur dernier espoir d’abri avant l’entrée dans la bataille à découvert, car, au-delà, s’étendaient la route et les plaines de l’Anduin, tandis qu’à l’est et au sud les pentes étaient nues et rocheuses là où les collines contournées se rassemblaient pour grimper, bastion après bastion, dans la grande masse et les épaulements du Mindolluin.

La compagnie de tête reçut l’ordre de faire halte et à mesure que les files qui suivaient débouchaient de l’auge de la Vallée Fardière, elles s’étalèrent et passèrent à des lieux de campement sous les arbres gris.

Le roi appela les capitaines à un conseil. Eomer envoya des éclaireurs surveiller la route, mais le vieux Ghân hocha la tête.

« Inutile d’envoyer des Cavaliers, dit-il. Les Hommes Sauvages ont déjà vu tout ce qu’on peut voir dans le mauvais air. Ils viendront bientôt me parler ici. «

Les capitaines arrivèrent, et alors sortirent précautionneusement d’entre les arbres d’autres formes biscornues tellement semblables au vieux Ghân que Merry avait peine à les différencier. Ils parlèrent à Ghân en une langue étrangement gutturale.

Ghân se tourna bientôt vers le roi. « Les Hommes Sauvages racontent beaucoup de choses, dit-il. Tout d’abord, soyez prudents. Il y a encore de nombreux hommes qui campent au-delà du Dîn, à une heure de marche par-là il agita le bras en direction de l’ouest, vers les collines noires. Mais on n’en voit pas d’ici aux nouveaux murs des Gens de la Pierre. Beaucoup s’affairent là. Les murs ne se dressent plus : les gorgûn les ont jetés bas avec le tonnerre de terre et avec des massues de fer noir. Ils ne prennent pas garde et ne regardent pas alentour. Ils croient que leurs amis surveillent toutes les routes ! « Sur quoi, le vieux Ghân émit un curieux gargouillement, il sembla qu’il riait.

« Bonnes nouvelles ! s’écria Eomer. Même dans cette obscurité, il y a de nouveau une lueur d’espoir. Les ruses de notre Ennemi nous servent souvent malgré lui. Cette maudite obscurité a été pour nous un manteau. Et maintenant, dans leur soif de détruire Gondor et de n’en plus laisser pierre sur pierre, ses orques m’ont débarrassé de ma plus grande crainte. Le mur extérieur aurait pu être longtemps tenu contre nous. À présent, nous pouvons passer rapidement pour peu que nous arrivions jusque-là. «

« Je vous remercie encore une fois, Ghân-buri-Ghân des bois, dit Théoden. La bonne fortune vous accompagne pour ce qui est de nous informer et de nous guider ! «

« Tuez les gorgûn! Tuez les orques ! Aucune autre parole ne plaît aux Hommes Sauvages, répondit Ghân. Chassez le mauvais air et l’obscurité avec le fer brillant ! «

« Nous sommes venus de loin pour accomplir ces choses, dit le roi, et nous allons tenter de le faire. Mais ce que nous accomplirons, demain seul le montrera. «

Ghân-buri-Ghân s’accroupit et toucha la terre de son front calleux en signe d’adieu. Puis il se leva comme pour partir. Mais il se tint soudain le regard levé comme un animal des bois alarmé qui flaire un air étrange. Une lueur parut dans ses yeux.

« Le vent tourne «, s’écria-t-il, et là-dessus, en un éclair, sembla-t-il, il disparut avec ses compagnons dans les ténèbres, pour n’être plus jamais revu par aucun Cavalier de Rohan. Peu après, les tambours battirent de nouveau faiblement dans le lointain à l’est. Il ne se présenta cependant dans le coeur d’aucun membre de l’armée la crainte d’une déloyauté des Hommes Sauvages en dépit de leur apparence étrange et disgracieuse.

« Nous n’avons pas besoin d’autres directives, dit Elfhelm. Car il y a dans l’armée des cavaliers qui ont été à Mundburg du temps de la paix. À commencer par moi-même. Quand nous arriverons à la route, elle tournera vers le sud, et nous aurons encore sept lieues à parcourir pour atteindre le mur de la région urbaine. Sur presque tout le chemin, il y a beaucoup d’herbe de part et d’autre de la route. C’est sur cette section que les messagers de Gondor comptaient pour atteindre leur maximum de vitesse. Nous pourrons la parcourir vivement et sans faire

grand bruit. «

« Dans ce cas, puisque nous devons nous attendre à des événements redoutables et que nous aurons besoin de toute notre force, dit Eomer, je suis d’avis que nous nous reposions maintenant et que nous partions de nuit, notre départ sera ainsi calculé de façon que nous arrivions dans les champs quand demain sera aussi clair qu’il pourra l’être ou quand notre seigneur donnera le signal. «

Le roi acquiesça, et les capitaines s’en furent. Mais Elfhelm ne tarda pas à revenir. « Les éclaireurs n’ont rien constaté au-delà du bois gris, seigneur, dit-il, à part la présence de deux hommes : deux hommes morts et deux chevaux morts. «

« Et alors ? « demanda Eomer.

« Eh bien, voici, seigneur : C’étaient des messagers de Gondor, Hirgon était peut-être l’un d’eux. En tout cas sa main serrait encore la Flèche Rouge, mais sa tête avait été tranchée. Et ceci aussi : Certains signes indiquaient qu’ils fuyaient vers l’ouest quand ils sont tombés. À mon avis, ils avaient trouvé le mur extérieur déjà aux mains de l’ennemi, ou celui-ci l’assaillait au moment de leur retour et cela devait être la nuit avant-dernière, s’ils s’étaient servis des chevaux frais des postes, comme ils avaient accoutumé. N’ayant pu atteindre la Cité, ils auront fait demi-tour. «

« Hélas ! dit Théoden. Dans ce cas, Denethor n’aura eu aucune nouvelle de notre chevauchée, et il désespérera de notre venue. «

«La nécessité ne souffre aucun délai, mais mieux vaut tard que jamais«, dit Eomer, et peut-être le vieil adage se révélera-t-il plus véridique que jamais auparavant depuis que les hommes s’expriment par la bouche. «

C’était la nuit. Des deux côtés de la route, l’armée de Rohan faisait mouvement en silence. La route longeant alors la base du Mindolluin tourna vers le sud. Au loin et presque droit devant eux, il y avait une lueur rouge sous le ciel noir, et les bords de la grande montagne se détachaient sur ce fond. Ils approchaient du Ramenas du Pelennor, mais le jour n’était pas encore arrivé.

Le roi chevauchait au milieu de la compagnie de tête, entouré des hommes de sa maison. L’éored d’Elfhelm venait ensuite, et Merry remarqua alors que Dernhelm avait quitté sa place et qu’il s’avançait régulièrement dans l’obscurité, jusqu’au moment où il se trouva juste derrière la garde du roi. Il y eut un arrêt. Merry entendit des voix qui parlaient doucement devant lui. Des estafettes qui s’étaient aventurées presque jusqu’au mur étaient de retour. Elles vinrent auprès du roi.

« Il y a de grands feux, seigneur, dit l’un des hommes. La Cité est tout envahie par les flammes, et le champ est rempli d’ennemis. Mais ils semblent être tous dirigés vers l’assaut. Pour autant qu’on puisse le conjecturer, il en reste peu sur le mur extérieur et ils ne prennent pas garde, tout à leur ouvrage de destruction. «

« Vous rappelez-vous les paroles de l’Homme Sauvage, seigneur ? dit un autre. Je vis, en temps de paix, sur le Plateau découvert, je m’appelle Widfara, et à moi aussi l’air apporte des messages. Le vent tourne déjà. Il vient un souffle du Sud, il y a dedans une saveur de mer, si légère soit-elle. Le matin apportera des nouveautés. Au-dessus de la fumée, ce sera l’aube quand vous passerez le mur. «

« Si vous dites vrai, Widfara, puissiez-vous vivre au-delà de ce jour des années bénies ! « dit Théoden. Il se tourna vers les hommes de sa maison qui se trouvaient près de lui et il leur parla alors d’une voix claire, de sorte que nombre des Cavaliers de la première éored l’entendirent aussi :

« Voici l’heure venue, Cavaliers de la Marche, fils d’Eorl ! Les ennemis et le feu sont devant vous, et vos foyers loin derrière. Mais, bien que vous combattiez sur un champ étranger, la gloire que vous récolterez là sera vôtre à jamais. Vous avez prononcé des serments, remplissez les maintenant, envers votre seigneur, votre pays et la ligue de l’amitié ! «

Les hommes heurtèrent leurs boucliers de leurs lances.

« Eomer, mon fils ! Tu mènes la première éored, dit Théoden, et elle ira derrière l’étendard du roi, au centre. Elfhelm, menez voir la compagnie à droite quand nous passerons le mur. Et Grimbold mènera la sienne vers la gauche. Que les autres compagnies qui sont derrière suivent ces trois qui commandent, selon l’occasion. Frappez partout où l’ennemi s’assemblera. Nous ne pouvons faire d’autres plans, ne sachant pas encore comment les choses sont sur le terrain. En avant maintenant, et ne craignez aucune obscurité ! «

La compagnie de tête partit aussi vite qu’elle le pouvait, car une profonde obscurité régnait encore, quelque changement que pût prévoir Widfara. Merry chevauchait en croupe de Dernhelm, agrippé de la main gauche tandis qu’il s’efforçait avec l’autre de libérer son épée dans son fourreau. Il ressentait amèrement la vérité de la parole du vieux roi : Que feriez-vous dans une telle bataille, Meriadoc? « Uniquement ceci, se dit-il : encombrer un cavalier, espérant au mieux de rester dans mon assiette et de ne pas être piétiné à mort par des sabots galopants. « Il n’y avait pas plus d’une lieue jusqu’à l’endroit où se dressaient autrefois les murs extérieurs. Les Cavaliers les atteignirent bientôt trop tôt pour Merry. Des cris sauvages éclatèrent, et il y eut un fracas d’armes, mais il fut bref. Les orques occupés aux murs étaient peu nombreux et stupéfaits, et ils furent vite tués ou chassés. Le roi s’arrêta de nouveau devant la ruine de la porte du nord dans le Ramenas. La première éored se rangea derrière lui et sur chacun de ses côtés. Dernhelm resta tout près du roi, bien que la compagnie d’Elfhelm se trouvât loin sur la droite. Les hommes de Grimbold s’écartèrent et passèrent à une grande brèche dans le mur, plus loin à l’est.

Merry jeta un regard de derrière le dos de Dernhelm. Au loin, à dix milles ou plus peut-être, il y avait un

« « Eh bien, il faut partir dès que possible, dit Eomer.

Même ainsi, nous ne pouvons espérer arriver au secours de Gondor aujourd’hui. » Merry n’attendit pas d’en entendre plus long, mais il s’éloigna à pas de loup pour se prépa rer à l’ordre de marche.

C’était la dernière étape avant la bataille.

Il ne lui paraissait guère probable que beaucoup y survécussent.

Mais il pensa à Pippin et aux flammes dans Minas Tirith, et il domina sa propre peur. Tout alla bien ce jour -là, et ils n ’eurent aucune indication, visuelle ou auditive, que l’ennemi les attendît dans un guet -apens.

Les Hommes Sauvages avaient disposé un écran de chasseurs attentifs, de façon qu’aucun orque ou espion rôdeur ne pût connaître les mouvements dans les collines.

La lumière était plus terne que jamais comme ils approchaient.

De la cité investie, et les Cavaliers passèrent en longues files telles des ombres noires d’hommes et de chevaux.

Chaque compagnie était guidée par un homme des bois, mais le vieux Ghân marchai t auprès du roi.

Le départ avait été plus lent qu’on ne s’y était attendu, car il avait fallu du temps aux Cavaliers, qui marchaient en tenant leur cheval par la bride, pour trouver des sentiers sur les croupes épaissement boisées derrière leur camp et des cendre dans la Vallée Fardière cachée.

L’après - midi tirait à sa fin quand les guides arrivèrent à de vastes halliers gris qui s’étendaient au -delà du flanc ouest de l’Amon Dîn et qui masquaient une grande coupure dans la ligne de collines courant à l’est e t à l’ouest de Nardol en Din.

Par cette coupure, la route charretière oubliée descendait jadis pour rejoindre la route principale de la Cité à travers l’Anôrien, mais à présent, depuis bien des générations d’hommes, les arbres en avaient disposé à leur faç on, et elle avait disparu, défoncée et enterrée sous les feuilles d’années sans nombre.

Mais les fourrés offraient aux Cavaliers leur dernier espoir d’abri avant l’entrée dans la bataille à découvert, car, au -delà, s’étendaient la route et les plaines de l ’Anduin, tandis qu’à l’est et au sud les pentes étaient nues et rocheuses là où les collines contournées se rassemblaient pour grimper, bastion après bastion, dans la grande masse et les épaulements du Mindolluin. La compagnie de tête reçut l’ordre de fair e halte et à mesure que les files qui suivaient débouchaient de l’auge de la Vallée Fardière, elles s’étalèrent et passèrent à des lieux de campement sous les arbres gris. Le roi appela les capitaines à un conseil.

Eomer envoya des éclaireurs surveiller la route, mais le vieux Ghân hocha la tête. « Inutile d’envoyer des Cavaliers, dit - il.

Les Hommes Sauvages ont déjà vu tout ce qu’on peut voir dans le mauvais air.

Ils viendront bientôt me parler ici. » Les capitaines arrivèrent, et alors sortirent précautio nneusement d’entre les arbres d’autres formes biscornues tellement semblables au vieux Ghân que Merry avait peine à les différencier.

Ils parlèrent à Ghân en une langue étrangement gutturale. Ghân se tourna bientôt vers le roi.

« Les Hommes Sauvages racont ent beaucoup de choses, dit- il.

Tout d’abord, soyez prudents.

Il y a encore de nombreux hommes qui campent au -delà du Dîn, à une heure de marche par -là il agita le bras en direction de l’ouest, vers les collines noires.

Mais on n’en voit pas d’ici aux nouv eaux murs des Gens de la Pierre.

Beaucoup s’affairent là.

Les murs ne se dressent plus : les gorgûn les ont jetés bas avec le tonnerre de terre et avec des massues de fer noir.

Ils ne prennent pas garde et ne regardent pas alentour.

Ils croient que leurs a mis surveillent toutes les routes ! » Sur quoi, le vieux Ghân émit un curieux gargouillement, il sembla qu’il riait. « Bonnes nouvelles ! s’écria Eomer.

Même dans cette obscurité, il y a de nouveau une lueur d’ espoir.

Les ruses de notre Ennemi nous servent souvent malgré lui.

Cette maudite obscurité a été pour nous un manteau.

Et maintenant, dans leur soif de détruire Gondor et de n’en plus laisser pierre sur pierre, ses orques m’ont débarrassé de ma plus grande crainte.

Le mur extérieur aurait pu être longtemps tenu contre nous.

À présent, nous pouvons passer rapidement pour peu que nous arrivions jusque - là.

» « Je vous remercie encore une fois, Ghân -buri - Ghân des bois, dit Théoden.

La bonne fortune vous accompa gne pour ce qui est de nous informer et de nous guider ! » « Tuez les gorgûn ! Tuez les orques ! Aucune autre parole ne plaît aux Hommes Sauvages, répondit Ghân.

Chassez le mauvais air et l’obscurité avec le fer brillant ! » « Nous sommes venus de loin pour accomplir ces choses, dit le roi, et nous allons tenter de le faire.

Mais ce que nous accomplirons, demain seul le montrera. » Ghân -buri - Ghân s’accroupit et toucha la terre de son front calleux en signe d’adieu.

Puis il se leva comme pour partir.

Mais il se tint soudain le regard levé comme un animal des bois alarmé qui flaire un air étrange.

Une lueur parut dans ses yeux. « Le vent tourne », s’écria-t- il, et là -dessus, en un éclair, sembla -t- il, il disparut avec ses compagnons dans les ténèbres, pour n’êt re plus jamais revu par aucun Cavalier de Rohan.

Peu après, les tambours battirent de nouveau faiblement dans le lointain à l’est.

Il ne se présenta cependant dans le cœur d’aucun membre de l’armée la crainte d’une déloyauté des Hommes Sauvages en dépit de leur apparence étrange et disgracieuse.

« Nous n’avons pas besoin d’autres directives, dit Elfhelm.

Car il y a dans l’armée des cavaliers qui ont été à Mundburg du temps de la paix.

À commencer par moi - même.

Quand nous arriverons à la route, elle tournera vers le sud, et nous aurons encore sept lieues à parcourir pour atteindre le mur de la région urbaine.

Sur presque tout le chemin, il y a beaucoup d’herbe de part et d’autre de la route.

C’est sur cette section que les messagers de Gondor comptaient pour atteindre leur maximum de vitesse.

Nous pourrons la parcourir vivement et sans faire. »

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