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Iphigénie en Aulide SCÈNE VIACHILLE, IPHIGÉNIE ACHILLE Madame, je me tais, et demeure immobile.

Publié le 12/04/2014

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achille
Iphigénie en Aulide SCÈNE VIACHILLE, IPHIGÉNIE ACHILLE Madame, je me tais, et demeure immobile. Est-ce à moi que l'on parle, et connaît-on Achille ? Une mère pour vous croit devoir me prier ; Une reine à mes pieds se vient humilier ; Et, me déshonorant par d'injustes alarmes, Pour attendrir mon coeur on a recours aux larmes ! Qui doit prendre à vos jours plus d'intérêt que moi ? Ah ! sans doute on s'en peut reposer sur ma foi. L'outrage me regarde. Et quoi qu'on entreprenne, Je réponds d'une vie où j'attache la mienne. Mais ma juste douleur va plus loin m'engager : C'est peu de vous défendre, et je cours vous venger, Et punir à la fois le cruel stratagème Qui s'ose de mon nom armer contre nous-même. IPHIGÉNIE Ah ! demeurez, Seigneur, et daignez m'écouter. ACHILLE Quoi ! Madame, un barbare osera m'insulter ? Il voit que de sa soeur je cours venger l'outrage ; Il sait que le premier lui donnant mon suffrage, Je le fis nommer chef de vingt rois ses rivaux ; Et pour fruit de mes soins, pour fruit de mes travaux, Pour tout le prix enfin d'une illustre victoire, Qui le doit enrichir, venger, combler de gloire, Content et glorieux du nom de votre époux Je ne lui demandais que l'honneur d'être à vous. Cependant aujourd'hui, sanguinaire, parjure ; C'est peu de violer l'amitié, la nature ; C'est peu que de vouloir, sous un couteau mortel, Me montrer votre coeur fumant sur un autel : D'un appareil d'hymen couvrant ce sacrifice, Il veut que ce soit moi qui vous mène au supplice ? Que ma crédule main conduise le couteau ? Qu'au lieu de votre époux je sois votre bourreau ? Et quel était pour vous ce sanglant hyménée, Si je fusse arrivé plus tard d'une journée ? SCÈNE VIACHILLE, IPHIGÉNIE 37 Iphigénie en Aulide Quoi donc ! à leur fureur livrée en ce moment, Vous iriez à l'autel me chercher vainement, Et d'un fer imprévu vous tomberiez frappée, En accusant mon nom qui vous aurait trompée ? Il faut de ce péril, de cette trahison, Aux yeux de tous les Grecs lui demander raison. A l'honneur d'un époux vous-même intéressée, Madame, vous devez approuver ma pensée. Il faut que le cruel qui m'a pu mépriser Apprenne de quel nom il osait abuser. IPHIGÉNIE Hélas ! si vous m'aimez, si pour grâce dernière Vous daignez d'une amante écouter la prière, C'est maintenant, Seigneur, qu'il faut me le prouver. Car enfin ce cruel, que vous allez braver, Cet ennemi barbare, injuste, sanguinaire, Songez, quoi qu'il ait fait, songez qu'il est mon père. ACHILLE Lui, votre père ? Après son horrible dessein, Je ne le connais plus que pour votre assassin. IPHIGÉNIE C'est mon père, Seigneur, je vous le dis encore, Mais un père que j'aime, un père que j'adore, Qui me chérit lui-même, et dont, jusqu'à ce jour, Je n'ai jamais reçu que des marques d'amour. Mon coeur, dans ce respect élevé dès l'enfance, Ne peut que s'affliger de tout ce qui l'offense ; Et loin d'oser ici, par un prompt changement, Approuver la fureur de votre emportement, Loin que par mes discours je l'attise moi-même, Croyez qu'il faut aimer autant que je vous aime, Pour avoir pu souffrir tous les noms odieux Dont votre amour le vient d'outrager à mes yeux. Et pourquoi voulez-vous qu'inhumain et barbare, Il ne gémisse pas du coup qu'on me prépare ? Quel père de son sang se plaît à se priver ? Pourquoi me perdrait-il, s'il pouvait me sauver ? J'ai vu, n'en doutez point, ses larmes se répandre. Faut-il le condamner avant que de l'entendre ? Hélas ! de tant d'horreurs son coeur déjà troublé Doit-il de votre haine être encore accablé ? SCÈNE VIACHILLE, IPHIGÉNIE 38
achille

« Quoi donc ! à leur fureur livrée en ce moment, Vous iriez à l'autel me chercher vainement, Et d'un fer imprévu vous tomberiez frappée, En accusant mon nom qui vous aurait trompée ? Il faut de ce péril, de cette trahison, Aux yeux de tous les Grecs lui demander raison.

A l'honneur d'un époux vous-même intéressée, Madame, vous devez approuver ma pensée.

Il faut que le cruel qui m'a pu mépriser Apprenne de quel nom il osait abuser.

IPHIGÉNIE Hélas ! si vous m'aimez, si pour grâce dernière Vous daignez d'une amante écouter la prière, C'est maintenant, Seigneur, qu'il faut me le prouver.

Car enfin ce cruel, que vous allez braver, Cet ennemi barbare, injuste, sanguinaire, Songez, quoi qu'il ait fait, songez qu'il est mon père.

ACHILLE Lui, votre père ? Après son horrible dessein, Je ne le connais plus que pour votre assassin.

IPHIGÉNIE C'est mon père, Seigneur, je vous le dis encore, Mais un père que j'aime, un père que j'adore, Qui me chérit lui-même, et dont, jusqu'à ce jour, Je n'ai jamais reçu que des marques d'amour.

Mon coeur, dans ce respect élevé dès l'enfance, Ne peut que s'affliger de tout ce qui l'offense ; Et loin d'oser ici, par un prompt changement, Approuver la fureur de votre emportement, Loin que par mes discours je l'attise moi-même, Croyez qu'il faut aimer autant que je vous aime, Pour avoir pu souffrir tous les noms odieux Dont votre amour le vient d'outrager à mes yeux.

Et pourquoi voulez-vous qu'inhumain et barbare, Il ne gémisse pas du coup qu'on me prépare ? Quel père de son sang se plaît à se priver ? Pourquoi me perdrait-il, s'il pouvait me sauver ? J'ai vu, n'en doutez point, ses larmes se répandre.

Faut-il le condamner avant que de l'entendre ? Hélas ! de tant d'horreurs son coeur déjà troublé Doit-il de votre haine être encore accablé ? Iphigénie en Aulide SCÈNE VI\24ACHILLE, IPHIGÉNIE 38. »

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