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Jean-Jacques Servan-Schreiber, le Défi mondial

Publié le 28/03/2011

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Partie du programme abordée: L'intelligence humaine. Conseils pratiques : Le résumé tentera de restituer l'essentiel du sens : le passage de l'éloge du Japon à l'éloge de l'intelligence humaine... La discussion est, apparemment, assez éloignée de la thématique du texte. Pour aborder le sujet, on prendra soin de chercher des exemples illustrant la thèse inverse (le Japon est aussi le pays le plus attaché à son passé). Difficulté du sujet : * *  

La performance du Japon, aussi athlétique, brillante, unique même, qu'elle puisse être, n'a pas grand intérêt en soi — sauf si l'on est Japonais. Elle ne mérite l'attention des autres peuples du monde, au moment où tous affrontent l'ère des épreuves, que si elle recèle une part universelle, que si elle renferme et peut livrer un secret qui dépasse le Japon. En somme, l'aventure japonaise moderne a-t-elle un fondement proprement humain, une recette qui vaille ailleurs, si elle est comprise, si on veut bien la saisir? L'observation, l'étude, la fréquentation des Japonais à l'œuvre, chez eux, parmi eux, permettent d'avancer cette idée centrale : ce n'est pas malgré l'holocauste nucléaire, l'anéantissement mental sous le choc de la bombe, que les Japonais ont parcouru ensuite la voie qui les a conduits à la tête du développement entre tous les peuples. C'est par la métamorphose intellectuelle suscitée par l'événement que l'esprit japonais, contraint à la re-création, s'est trouvé à son tour à l'origine d'une réaction en chaîne de cette matière inépuisable: l'intelligence humaine. Pour masquer l'angoisse qui gagne l'Occident, on s'est accroché à l'image, diffusée à satiété, des Japonais «alcooliques du travail, vivant dans des clapiers à lapins«. Ou bien encore on explique leur succès par la faiblesse des salaires, l'absence de Sécurité sociale, la rigueur des mesures contre l'absentéisme ouvrier, l'inexistence des vacances, l'obéissance mécanique à des gestes conditionnés, l'habitude de «copier« aveuglément ce que les autres ont inventé, etc. Clichés d'un autre âge que l'esprit occidental n'a cessé de cultiver pour se rassurer sur sa supériorité. Et que les Japonais n'ont rien fait pour dissiper, se contentant de continuer, en silence, à piocher toujours plus profond dans le gisement unique et inépuisable qu'ils ont découvert par la force des choses et qui s'avère, d'année en année, plus fécond, plus riche, plus précieux : celui de l'intelligence. Or, cette ressource-là, il est clair que les Japonais n'en ont ni le monopole, ni la propriété particulière. Si tel est le secret, alors il nous appartient aussi. Nous — je veux dire nous Européens, nous Indiens, nous Africains, nous Arabes, nous Américains ou Chinois, nous Blancs, Noirs, Jaunes, du Nord et du Sud — nous tous, quatre milliards et demi d'humains. Il n'y a pas d'intelligence japonaise. Seulement une intelligence humaine, la seule spécificité des Japonais étant qu'ils ont pris le parti, les premiers, de l'exploiter à fond. Entre un homme né en Europe centrale et un homme né à Tokyo, à Calcutta, à Paris, à Lagos ou à Jérusalem, il n'y a aucune différence qui vaille. Chacun possède en lui la même force dont peuvent jaillir, le jour où il est «le dos au mur«, des facultés d'invention illimitées. Le dos au mur, nous y sommes. Notre monde de 1980 est au bord de la désagrégation. Nul ne sait plus quel geste accomplir pour lui faire retrouver l'élan vital qui semble l'avoir déserté. Le passé ne nous livre plus de quoi féconder l'avenir. En prendre conscience, c'est créer, du même coup, nos chances de renaissance. C'est une question de regard. Si l'œil reste tourné vers le passé pour tenter en vain de le prolonger, nous sommes condamnés. Si le regard se tourne vers un horizon nouveau à atteindre, alors la force, la créativité, la puissance de l'intelligence feront le reste. Le parcours commencera. Jean-Jacques Servan-Schreiber, le Défi mondial, 1988 (extrait). Résumé (8 points) Vous résumerez ce texte en 135 mots. Une marge de 10% en plus ou en moins est admise. Vous indiquerez à la fin de votre résumé le nombre de mots utilisés. Vocabulaire (2 points) Vous expliquerez, dans leur contexte, les deux expressions soulignées du texte : 1) «l'anéantissement mental«, 2) «alcooliques du travail«. Discussion (10 points) Pensez-vous, comme Jean-Jacques Servan-Schreiber, que «le passé ne nous livre plus de quoi féconder l'avenir«? Vous appuierez votre réflexion sur des exemples précis.

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