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Jean Rostand, Inquiétudes d'un biologiste

Publié le 28/04/2011

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Depuis quelques années, les amis de la nature se sont donné pour tâche de dénoncer les incessantes agressions dont elle est l'objet. Agressions contre le sol, contre l'atmosphère, contre les eaux, contre les flores, contre les faunes... Agressions par la pollution radioactive, par les insecticides et les herbicides, par les hydrocarbures... Agressions qui, soit en réduisant le potentiel nourricier de la planète, soit en empoisonnant les aliments ou l'air respirable, soit en rompant les fragiles équilibres naturels, finiront par se retourner contre l'homme.    Et peut-être sied-il de marquer le singulier renversement d'attitude qui, désormais, se trouve imposé à notre espèce. L'homme avait, jusqu'ici, le sentiment qu'il logeait dans une nature immense, inépuisable, hors de mesure avec lui-même. L'idée ne pouvait lui venir qu'il aurait, un jour, à ménager, à épargner cette géante, qu'il lui faudrait apprendre à n'en pas gaspiller les ressources, à ne la pas souiller en y déposant les excréments de ses techniques.    Or, voilà que maintenant, lui, si chétif, et qui se croyait si anodin, il s'avise qu'on ne peut tout se permettre envers la nature ; voilà qu'il doit s'inquiéter pour elle des suites lointaines de son action ; voilà qu'il comprend que même dans une mer « toujours recommencée «, on ne peut impunément déverser n'importe quoi... D'où vient ce revirement ? D'une part, de l'accroissement de la population, qui fait de l'homme un animal toujours plus « gros « et plus envahissant ; d'autre part, des progrès de la civilisation technique qui étendent démesurément ses pouvoirs.    Je sais, il y a des gens qui disent, enivrés par nos petits bonds dans le cosmos : « Eh bien, quand l'homme aura épuisé le capital nourricier de sa planète, quand il aura pillé tous les magasins terrestres, quand il se sera rendu son logis inhabitable avec ses ordures radioactives, avec ses pétroles, avec sa chimie, il émigrera sur un autre globe, qu'il mettra à sac et souillera à son tour. «    N'y comptons pas trop... En attendant que ces rêves prennent corps, conduisons-nous en bon « terricoles «. Respectons cette petite boule qui nous supporte.    Locataires consciencieux, ne dégradons pas les lieux où nous respirons. L'humanité n'est pas une passante. Un poète a dit : naître, vivre et mourir dans la même maison... Il y a apparence que le sort de l'homme est de naître, de vivre et de mourir sur la même planète.    Jean Rostand, Inquiétudes d'un biologiste.    Questions :    1. Résumez le texte en une dizaine de lignes.    2. Que signifie :    — peut-être sied-il,    — chétif,    — anodin.    3. Rédigez, en une quarantaine de lignes, un programme d'application de la directive de Jean Rostand : « Respectons cette petite boule qui nous supporte. «   

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