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Keraban Le Tetu, Vol.

Publié le 12/04/2014

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Keraban Le Tetu, Vol. II Toutes ces hypotheses etaient fort plausibles. On devait craindre, maintenant, que cette intervention d'un traitre n'eut compromis l'arrivee du seigneur Keraban et des siens sur les rives du Bosphore, en les eloignant de leur but. Mais, ce n'etait pas l'instant de raisonner sur tout cela: il fallait agir sans perdre un instant. "Eh bien, dit Keraban, il nous suivra, cet ane, et pourquoi ne nous suivrait-il pas?" Et, ce disant, il alla prendre l'animal par sa longe, puis, il essaya de le tirer a lui. "Allons!" dit-il. L'ane ne bougea pas. "Viendras-tu de bon gre?" reprit Keraban, en lui donnant une forte secousse. L'ane, qui, sans doute, etait fort tetu de sa nature, ne bougea pas davantage. "Pousse-le, Nizib!" dit Keraban. Nizib, aide de Bruno, essaya de pousser l'ane par derriere ... L'ane recula plutot qu'il n'avanca, "Ah! tu t'entetes! s'ecria Keraban, qui commencait a se facher serieusement. --Bon! murmura Bruno, tetu contre tetu! --Tu me resistes ... a moi? reprit Keraban. --Votre maitre a trouve le sien! dit Bruno a Nizib, en prenant soin de n'etre point entendu. --Cela m'etonnerait." repondit Nizib sur le meme ton. Cependant, Ahmet repetait avec impatience: "Mais il faut partir! ... Nous ne pouvons tarder d'une minute ... quitte a abandonner cet ane! --Moi! ... lui ceder! ... jamais!" s'ecria Keraban. Et, prenant la tete du baudet par les oreilles, puis, les secouant comme s'il eut voulu les arracher: "Marcheras-tu?" s'ecria-t-il. L'ane ne bougea pas. "Ah! tu ne veux pas m'obeir! ... dit Keraban. Eh bien, je saurai t'y forcer quand meme." Et voila Keraban courant a l'entree de la caverne, et y ramassant quelques poignees d'herbe seche, dont il fit une petite botte qu'il presenta a l'ane. Celui-ci fit un pas en avant. "Ah! ah! s'ecria Keraban, il faut cela pour te decidera marcher!... Eh bien, par Mahomet, tu marcheras!" Un instant apres, cette petite botte d'herbe etait attachee a l'extremite des brancards de la charrette, mais a une distance suffisante pour que l'ane, meme en allongeant la tete, ne put l'atteindre. Il arriva donc ceci: c'est que XIII. DANS LEQUEL, APRES AVOIR TENU TETE A SON ANE, LE SEIGNEUR KERABAN TIENT TETE A S 93 Keraban Le Tetu, Vol. II l'animal, sollicite par cet appat qui allait toujours se deplacer en avant de lui, se decida a marcher dans la direction de la passe. "Tres ingenieux! dit Van Mitten. --Eh bien, imitez-le!" s'ecria la noble Saraboul, en l'entrainant a la suite de la charrette. Elle aussi, c'etait un appat qui se deplacait, mais un appat que Van Mitten, en cela bien different de l'ane, redoutait surtout d'atteindre! Tous, suivant la meme direction, en troupe serree, eurent bientot abandonne le campement, ou la position n'eut pas ete tenable. "Ainsi, Ahmet, dit Keraban, a ton avis, ce Saffar, c'est bien le meme insolent personnage qui, par pur entetement, a fait ecraser ma chaise de poste au railway de Poti? --Oui, mon oncle, mais c'est, avant tout, le miserable qui a fait enlever Amasia, et c'est a moi qu'il appartient! --Part a deux, neveu Ahmet, part a deux, repondit Keraban, et qu'Allah nous vienne en aide!" A peine le seigneur Keraban, Ahmet et leurs compagnons avaient-ils remonte le defile d'une cinquantaine de pas, que le sommet des roches se couronnait d'assaillants. Des cris etaient jetes dans l'air, des coups de feu eclataient de toutes parts. "En arriere! En arriere!" cria Ahmet, qui fit reculer tout son monde jusqu'a la lisiere du campement. Il etait trop tard pour abandonner les gorges de Nerissa, trop tard pour aller chercher sur les plateaux superieurs une meilleure position defensive. Les hommes a la solde de Saffar, au nombre d'une douzaine, venaient d'attaquer. Leur chef les excitait a cette criminelle agression, et, dans la situation qu'ils occupaient, tout l'avantage etait pour eux. Le sort du seigneur Keraban et de ses compagnons etait donc absolument a leur merci. "A nous! a nous! cria Ahmet, dont la voix domina le tumulte. --Les femmes au milieu." repondit Keraban. Amasia, Saraboul, Nedjeb, formerent aussitot un groupe, autour duquel Keraban, Ahmet, Van Mitten, Yanar, Nizib et Bruno vinrent se ranger. Ils etaient six hommes pour resister a la troupe de Saffar,--un contre deux,--avec le desavantage de la position. Presque aussitot, ces bandits, en poussant d'horribles vociferations, firent irruption par la passe et roulerent, comme une avalanche, au milieu du campement. "Mes amis, cria Ahmet, defendons-nous jusqu'a la mort!" Le combat s'engagea aussitot. Tout d'abord, Nizib et Bruno avaient ete touches legerement, mais ils ne rompirent pas, ils lutterent, et non moins vaillamment que la courageuse Kurde, dont le pistolet repondit aux detonations des assaillants. XIII. DANS LEQUEL, APRES AVOIR TENU TETE A SON ANE, LE SEIGNEUR KERABAN TIENT TETE A S 94

« l'animal, sollicite par cet appat qui allait toujours se deplacer en avant de lui, se decida a marcher dans la direction de la passe. “Tres ingenieux! dit Van Mitten. —Eh bien, imitez-le!” s'ecria la noble Saraboul, en l'entrainant a la suite de la charrette. Elle aussi, c'etait un appat qui se deplacait, mais un appat que Van Mitten, en cela bien different de l'ane, redoutait surtout d'atteindre! Tous, suivant la meme direction, en troupe serree, eurent bientot abandonne le campement, ou la position n'eut pas ete tenable. “Ainsi, Ahmet, dit Keraban, a ton avis, ce Saffar, c'est bien le meme insolent personnage qui, par pur entetement, a fait ecraser ma chaise de poste au railway de Poti? —Oui, mon oncle, mais c'est, avant tout, le miserable qui a fait enlever Amasia, et c'est a moi qu'il appartient! —Part a deux, neveu Ahmet, part a deux, repondit Keraban, et qu'Allah nous vienne en aide!” A peine le seigneur Keraban, Ahmet et leurs compagnons avaient-ils remonte le defile d'une cinquantaine de pas, que le sommet des roches se couronnait d'assaillants.

Des cris etaient jetes dans l'air, des coups de feu eclataient de toutes parts. “En arriere! En arriere!” cria Ahmet, qui fit reculer tout son monde jusqu'a la lisiere du campement. Il etait trop tard pour abandonner les gorges de Nerissa, trop tard pour aller chercher sur les plateaux superieurs une meilleure position defensive.

Les hommes a la solde de Saffar, au nombre d'une douzaine, venaient d'attaquer.

Leur chef les excitait a cette criminelle agression, et, dans la situation qu'ils occupaient, tout l'avantage etait pour eux. Le sort du seigneur Keraban et de ses compagnons etait donc absolument a leur merci. “A nous! a nous! cria Ahmet, dont la voix domina le tumulte. —Les femmes au milieu.” repondit Keraban. Amasia, Saraboul, Nedjeb, formerent aussitot un groupe, autour duquel Keraban, Ahmet, Van Mitten, Yanar, Nizib et Bruno vinrent se ranger.

Ils etaient six hommes pour resister a la troupe de Saffar,—un contre deux,—avec le desavantage de la position. Presque aussitot, ces bandits, en poussant d'horribles vociferations, firent irruption par la passe et roulerent, comme une avalanche, au milieu du campement. “Mes amis, cria Ahmet, defendons-nous jusqu'a la mort!” Le combat s'engagea aussitot.

Tout d'abord, Nizib et Bruno avaient ete touches legerement, mais ils ne rompirent pas, ils lutterent, et non moins vaillamment que la courageuse Kurde, dont le pistolet repondit aux detonations des assaillants.

Keraban Le Tetu, Vol.

II XIII.

DANS LEQUEL, APRES AVOIR TENU TETE A SON ANE, LE SEIGNEUR KERABAN TIENT TETE A SON PLUS MORTEL ENNEMI.

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