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Keraban Le Tetu, Vol.

Publié le 12/04/2014

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Keraban Le Tetu, Vol. II --Comment le hasard vous a-t-il amene?... demanda Ahmet. --Ce n'est point un hasard! repondit Selim, et, depuis longtemps deja, je me serais mis a la recherche de ma fille, si, au moment ou ce capitaine l'enlevait de la villa, je n'eusse ete blesse.... --Blesse, mon pere? --Oui! ... Un coup de feu parti de cette tartane! Pendant un mois, retenu par cette blessure, je n'ai pu quitter Odessa! Mais, il y a quelques jours, une depeche d'Ahmet.... --Une depeche? s'ecria Keraban, que ce mot malsonnant mit soudain en eveil. --Oui ... une depeche ... datee de Trebizonde! --Ah! c'etait une.... --Sans doute, mon oncle, repondit Ahmet, qui sauta au cou de Keraban, et pour la premiere fois qu'il m'arrive d'envoyer un telegramme a votre insu, avouez que j'ai bien fait! --Oui ... mal bien fait! repondit Keraban en hochant la tete, mais que je ne t'y reprenne plus, mon neveu! --Alors, reprit Selim, apprenant par cette depeche que tout peril n'etait peut etre pas ecarte pour votre petite caravane, j'ai reuni ces braves serviteurs, je suis arrive a Scutari, je me suis lance sur la route du littoral.... --Et par Allah! ami Selim, st'ecria Keraban, vous etes arrive a temps! ... Sans vous, nous etions perdus! ... Et cependant, on se battait bien dans notre petite troupe! --Oui! ajouta le seigneur Yanar, et ma soeur a montre qu'elle savait, au besoin, faire le coup de feu! --Quelle femme!" murmura Van Mitten. En ce moment, les nouvelles lueurs de l'aube commencaient a blanchir l'horizon. Quelques nuages, immobilises au zenith, se nuancaient des premiers rayons du jour. "Mais ou sommes-nous, ami Selim, demanda le seigneur Keraban, et comment avez-vous pu nous rejoindre dans cette region ou un traitre avait entraine notre caravane.... --Et loin de notre route? ajouta Ahmet. --Mais non mes amis, mais non! repondit Selim. Vous etes bien sur le chemin de Scutari, a quelques lieues seulement de la mer! --Hein? ... fit Keraban. --Les rives du Bosphore sont la! ajouta Selim en tendant sa main vers le nord-ouest. --Les rives du Bosphore?" s'ecria Ahmet. Et tous de gagner, en remontant les roches, le plateau superieur qui s'etendait au-dessus des gorges de Nerissa. XIII. DANS LEQUEL, APRES AVOIR TENU TETE A SON ANE, LE SEIGNEUR KERABAN TIENT TETE A S 97 Keraban Le Tetu, Vol. II " Voyez ... voyez!...." dit Selim. En effet, un phenomene se produisait, en ce moment,--phenomene naturel qui, par un simple effet de refraction, faisait apparaitre au loin les parages tant desires. A mesure que se faisait le jour, un mirage relevait peu a peu les objets situes au-dessous de l'horizon. On eut dit que les collines, qui s'arrondissaient a la lisiere de la plaine, s'enfoncaient dans le sol comme une ferme de decor. "La mer! ... C'est la mer!" s'ecria Ahmet! Et tous de repeter avec lui: "La mer! ... La mer!" Et, bien que ce ne fut qu'un effet de mirage, la mer n'en etait pas moins la, a quelques lieues a peine. "La mer! ... La mer! ... ne cessait de repeter le seigneur Keraban. Mais, si ce n'est pas le Bosphore, si ce n'est pas Scutari, nous sommes au dernier jour du mois, et.... --C'est le Bosphore! ... C'est Scutari! ..." s'ecria Ahmet. Le phenomene venait de s'accentuer, et, maintenant, toute la silhouette d'une ville, batie en amphitheatre, se decoupait sur les derniers plans de l'horizon. "Par Allah! c'est Scutari! repeta Keraban. Voila son panorama qui domine le detroit! ... Voila la mosquee de Buyuk Djami!" Et, en effet, c'etait bien Scutari, que Selim venait de quitter trois heures auparavant. "En route, en route!" s'ecria Keraban. Et, comme un bon Musulman qui, en toutes choses, reconnait la grandeur de Dieu: "Ilah il Allah!" ajouta-t-il en se tournant vers le soleil levant. Un instant apres, la petite caravane s'elancait vers la route qui longe la rive gauche du detroit. Quatre heures apres, a cette date du 30 septembre,--dernier jour fixe pour la celebration du mariage d'Amasia et d'Ahmet,--le seigneur Keraban, ses compagnons et son ane, apres avoir acheve ce tour de la mer Noire, apparaissaient sur les hauteurs de Scutari et saluaient de leurs acclamations les rives du Bosphore. XIV. DANS LEQUEL VAN MITTEN ESSAIE DE FAIRE COMPRENDRE LA SITUATION A LA NOBLE SARABOUL. C'etait en un des plus heureux sites qui se puisse rever, a mi-cote de la colline sur laquelle se developpe Scutari, que s'elevait la villa du seigneur Keraban. Scutari, ce faubourg asiatique de Constantinople, l'ancienne Chrysopolis, ses mosquees aux toits d'or, tout le bariolage de ses quartiers ou se presse une population de cinquante mille habitants, son debarcadere flottant sur les eaux du detroit, l'immense rideau des cypres de son cimetiere,--ce champ de repos prefere des riches Musulmans, qui craignent que la capitale suivant une legende, ne soit prise pendant que les fideles seront a la priere--puis, a une lieue de la, le mont Boulgourlou qui domine cet ensemble et permet a la vue de s'etendre XIV. DANS LEQUEL VAN MITTEN ESSAIE DE FAIRE COMPRENDRE LA SITUATION A LA NOBLE SARA 98

« “ Voyez ...

voyez!....” dit Selim. En effet, un phenomene se produisait, en ce moment,—phenomene naturel qui, par un simple effet de refraction, faisait apparaitre au loin les parages tant desires.

A mesure que se faisait le jour, un mirage relevait peu a peu les objets situes au-dessous de l'horizon.

On eut dit que les collines, qui s'arrondissaient a la lisiere de la plaine, s'enfoncaient dans le sol comme une ferme de decor. “La mer! ...

C'est la mer!” s'ecria Ahmet! Et tous de repeter avec lui: “La mer! ...

La mer!” Et, bien que ce ne fut qu'un effet de mirage, la mer n'en etait pas moins la, a quelques lieues a peine. “La mer! ...

La mer! ...

ne cessait de repeter le seigneur Keraban.

Mais, si ce n'est pas le Bosphore, si ce n'est pas Scutari, nous sommes au dernier jour du mois, et.... —C'est le Bosphore! ...

C'est Scutari! ...” s'ecria Ahmet. Le phenomene venait de s'accentuer, et, maintenant, toute la silhouette d'une ville, batie en amphitheatre, se decoupait sur les derniers plans de l'horizon. “Par Allah! c'est Scutari! repeta Keraban.

Voila son panorama qui domine le detroit! ...

Voila la mosquee de Buyuk Djami!” Et, en effet, c'etait bien Scutari, que Selim venait de quitter trois heures auparavant. “En route, en route!” s'ecria Keraban. Et, comme un bon Musulman qui, en toutes choses, reconnait la grandeur de Dieu: “Ilah il Allah!” ajouta-t-il en se tournant vers le soleil levant. Un instant apres, la petite caravane s'elancait vers la route qui longe la rive gauche du detroit.

Quatre heures apres, a cette date du 30 septembre,—dernier jour fixe pour la celebration du mariage d'Amasia et d'Ahmet,—le seigneur Keraban, ses compagnons et son ane, apres avoir acheve ce tour de la mer Noire, apparaissaient sur les hauteurs de Scutari et saluaient de leurs acclamations les rives du Bosphore. XIV.

DANS LEQUEL VAN MITTEN ESSAIE DE FAIRE COMPRENDRE LA SITUATION A LA NOBLE SARABOUL. C'etait en un des plus heureux sites qui se puisse rever, a mi-cote de la colline sur laquelle se developpe Scutari, que s'elevait la villa du seigneur Keraban. Scutari, ce faubourg asiatique de Constantinople, l'ancienne Chrysopolis, ses mosquees aux toits d'or, tout le bariolage de ses quartiers ou se presse une population de cinquante mille habitants, son debarcadere flottant sur les eaux du detroit, l'immense rideau des cypres de son cimetiere,—ce champ de repos prefere des riches Musulmans, qui craignent que la capitale suivant une legende, ne soit prise pendant que les fideles seront a la priere—puis, a une lieue de la, le mont Boulgourlou qui domine cet ensemble et permet a la vue de s'etendre Keraban Le Tetu, Vol.

II XIV.

DANS LEQUEL VAN MITTEN ESSAIE DE FAIRE COMPRENDRE LA SITUATION A LA NOBLE SARABOUL.

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