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Kossuth, Souvenirs et Écrits de mon exil (extrait)

Publié le 14/04/2013

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Lors du « Printemps des peuples «, Lajos Kossuth, leader du mouvement nationaliste hongrois, fait sécession avec l’empire autrichien en proclamant l’indépendance hongroise, en mars 1849. Mais, au mois d’août de la même année, la victoire autrichienne de Temesvar met un terme à cette expérience émancipatrice. Kossuth fuit son pays pour se réfugier d’abord en Turquie et en Angleterre, puis aux États-Unis et en Italie. Amnistié en 1875, il est élu à la Chambre hongroise et publie un recueil de souvenirs dans lequel il justifie son passé nationaliste, occasion de rédiger un vibrant plaidoyer en faveur de la démocratie et du progrès.

Souvenirs et Écrits de mon exil de Lajos Kossuth

 

[…] J’ai stimulé l’esprit national ; j’ai lutté et souffert pour procurer à mes concitoyens cette liberté de la parole et de la plume, qui sont les principaux instruments du progrès chez les peuples renaissants : j’ai développé et stimulé l’esprit démocratique, la vraie démocratie — qui est bien éloignée de la licence, car elle exige le respect des droits d’autrui non moins que celui de ses propres droits ; je me suis occupé d’affranchir mon pays de la tyrannie économique dont le gouvernement de Vienne l’écrasait, empêchant le progrès, le développement de l’industrie et du commerce, étouffant tous les germes de la prospérité publique : témoignage éclatant de l’état anormal, inouï même, de la Hongrie, où le gouvernement était lui-même l’ennemi principal du bien-être général ! Car la richesse est une force, un élément de puissance, et pour ceux qui alors gouvernaient la Hongrie, il fallait que le pays fût pauvre, ignorant, arriéré, qu’il s’oubliât lui-même et fût oublié des autres. Aujourd’hui, après tant d’années, lorsque je regarde le chemin parcouru, lorsque je songe aux millions d’hommes affranchis, changés de tenanciers corvéables en libres propriétaires ; lorsque je songe au sublime enseignement de fraternité qui ressort du fait que tous les artisans de l’ère nouvelle, tous les précurseurs de la démocratie et de l’égalité politique sortaient des rangs de cette noblesse qui renonçait à ses privilèges pour jeter les bases d’une existence nationale et pour cimenter cette existence par l’union des différentes couches sociales, je pense à une nuit du 4 août hongroise, mais qui là ne fut pas l’effet d’une exaltation passagère. […] L’avenir est à la démocratie. L’ordre moral du monde a ses droits comme l’ordre matériel. Passer du régime du petit nombre par le régime d’un seul, pour arriver au régime de tous, au self government du peuple entier, est la grande loi que la logique de l’histoire a prescrite au développement progressif de la société européenne. La machine à vapeur, le télégraphe, la chimie industrielle, tous ces grands agents de transformation de la matière brute, qui servent à augmenter dans de larges proportions et à répandre le bien-être de l’humanité, ne sont-ils pas de puissants propagateurs des principes de liberté, de mouvement, de progrès, de démocratie enfin ? […]

 

 

Source : Kossuth (L.), Souvenirs et écrits de mon exil, « Avant-propos «, Plon, Paris, 1880.

 

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