Devoir de Philosophie

La barque s'approcha aussi près qu'elle put du rivage, mais il n'y avait pas assez de fond pour qu'elle pût toucher le bord ; Felton se mit à l'eau jusqu'à la ceinture, ne voulant confier à personne son précieux fardeau.

Publié le 04/11/2013

Extrait du document

fardeau
La barque s'approcha aussi près qu'elle put du rivage, mais il n'y avait pas assez de fond pour qu'elle pût toucher le bord ; Felton se mit à l'eau jusqu'à la ceinture, ne voulant confier à personne son précieux fardeau. Heureusement la tempête commençait à se calmer, et cependant la mer était encore violente ; la petite barque bondissait sur les vagues comme une coquille de noix. « Au sloop, dit Felton, et nagez vivement. « Les quatre hommes se mirent à la rame ; mais la mer était trop grosse pour que les avirons eussent grande prise dessus. Toutefois on s'éloignait du château ; c'était le principal. La nuit était profondément ténébreuse, et il était déjà resque impossible de distinguer le rivage de la barque, à plus forte raison n'eût-on pas pu distinguer la barque u rivage. Un point noir se balançait sur la mer. C'était le sloop. Pendant que la barque s'avançait de son côté de toute la force de ses quatre rameurs, Felton déliait la corde, uis le mouchoir qui liait les mains de Milady. Puis, lorsque ses mains furent déliées, il prit de l'eau de la mer et la lui jeta au visage. Milady poussa un soupir et ouvrit les yeux. « Où suis-je ? dit-elle. - Sauvée, répondit le jeune officier. - Oh ! sauvée ! sauvée ! s'écria-t-elle. Oui, voici le ciel, voici la mer ! Cet air que je respire, c'est celui de la liberté. Ah !... merci, Felton, merci ! « Le jeune homme la pressa contre son coeur. « Mais qu'ai-je donc aux mains ? demanda Milady ; il me semble qu'on m'a brisé les poignets dans un étau. « En effet, Milady souleva ses bras : elle avait les poignets meurtris. « Hélas ! dit Felton en regardant ces belles mains et en secouant doucement la tête. - Oh ! ce n'est rien, ce n'est rien ! s'écria Milady : maintenant je me rappelle ! « Milady chercha des yeux autour d'elle. « Il est là «, dit Felton en poussant du pied le sac d'or. On s'approchait du sloop. Le marin de quart héla la barque, la barque répondit. « Quel est ce bâtiment ? demanda Milady. - Celui que j'ai frété pour vous. - Où va-t-il me conduire ? - Où vous voudrez, pourvu que, moi, vous me jetiez à Portsmouth. - Qu'allez-vous faire à Portsmouth ? demanda Milady. - Accomplir les ordres de Lord de Winter, dit Felton avec un sombre sourire. - Quels ordres ? demanda Milady. - Vous ne comprenez donc pas ? dit Felton. - Non ; expliquez-vous, je vous en prie. - Comme il se défiait de moi, il a voulu vous garder lui-même, et m'a envoyé à sa place faire signer à Buckingham l'ordre de votre déportation. - Mais s'il se défiait de vous, comment vous a-t-il confié cet ordre ? - Étais-je censé savoir ce que je portais ? - C'est juste. Et vous allez à Portsmouth ? - Je n'ai pas de temps à perdre : c'est demain le 23, et Buckingham part demain avec la flotte. - Il part demain, pour où part-il ? - Pour La Rochelle. - Il ne faut pas qu'il parte ! s'écria Milady, oubliant sa présence d'esprit accoutumée. - Soyez tranquille, répondit Felton, il ne partira pas. « Milady tressaillit de joie ; elle venait de lire au plus profond du coeur du jeune homme : la mort de Buckingham y était écrite en toutes lettres. « Felton..., dit-elle, vous êtes grand comme Judas Macchabée ! Si vous mourez, je meurs avec vous : voilà tout ce que je puis vous dire. - Silence ! dit Felton, nous sommes arrivés. « En effet, on touchait au sloop. Felton monta le premier à l'échelle et donna la main à Milady, tandis que les matelots la soutenaient, car la er était encore fort agitée. Un instant après ils étaient sur le pont. « Capitaine, dit Felton, voici la personne dont je vous ai parlé, et qu'il faut conduire saine et sauve en France. - Moyennant mille pistoles, dit le capitaine. - Je vous en ai donné cinq cents. - C'est juste, dit le capitaine. - Et voilà les cinq cents autres, reprit Milady, en portant la main au sac d'or. - Non, dit le capitaine, je n'ai qu'une parole, et je l'ai donnée à ce jeune homme ; les cinq cents autres pistoles ne me sont dues qu'en arrivant à Boulogne. - Et nous y arriverons ? - Sains et saufs, dit le capitaine, aussi vrai que je m'appelle Jack Buttler. - Eh bien, dit Milady, si vous tenez votre parole, ce n'est pas cinq cents, mais mille pistoles que je vous donnerai. - Hurrah pour vous alors, ma belle dame, cria le capitaine, et puisse Dieu m'envoyer souvent des pratiques comme Votre Seigneurie ! - En attendant, dit Felton, conduisez-nous dans la petite baie de Chichester, en avant de Portsmouth ; vous savez qu'il est convenu que vous nous conduirez là. « Le capitaine répondit en commandant la manoeuvre nécessaire, et vers les sept heures du matin le petit bâtiment jetait l'ancre dans la baie désignée. Pendant cette traversée, Felton avait tout raconté à Milady : comment, au lieu d'aller à Londres, il avait frété le petit bâtiment, comment il était revenu, comment il avait escaladé la muraille en plaçant dans les interstices des pierres, à mesure qu'il montait, des crampons, pour assurer ses pieds, et comment enfin, arrivé aux barreaux, il avait attaché l'échelle, Milady savait le reste. De son côté, Milady essaya d'encourager Felton dans son projet, mais aux premiers mots qui sortirent de sa bouche, elle vit bien que le jeune fanatique avait plutôt besoin d'être modéré que d'être affermi. Il fut convenu que Milady attendrait Felton jusqu'à dix heures ; si à dix heures il n'était pas de retour, elle partirait. Alors, en supposant qu'il fût libre, il la rejoindrait en France, au couvent des Carmélites de Béthune.
fardeau

« Milady tressaillit dejoie ; ellevenait delire auplus profond ducœur dujeune homme : lamort de Buckingham yétait écrite entoutes lettres. « Felton…, dit-elle,vousêtesgrand comme JudasMacchabée ! Sivous mourez, jemeurs avecvous : voilà tout ceque jepuis vous dire. – Silence ! ditFelton, noussommes arrivés. » En effet, ontouchait ausloop. Felton monta lepremier àl’échelle etdonna lamain àMilady, tandisquelesmatelots lasoutenaient, carla mer était encore fortagitée. Un instant aprèsilsétaient surlepont. « Capitaine, ditFelton, voicilapersonne dontjevous aiparlé, etqu’il fautconduire saineetsauve enFrance. – Moyennant millepistoles, ditlecapitaine. – Je vous enaidonné cinqcents. – C’est juste,ditlecapitaine. – Et voilà lescinq cents autres, repritMilady, enportant lamain ausac d’or. – Non, ditlecapitaine, jen’ai qu’une parole, etjel’ai donnée àce jeune homme ; lescinq cents autres pistoles ne me sont dues qu’en arrivant àBoulogne. – Et nous yarriverons ? – Sains etsaufs, ditlecapitaine, aussivraiquejem’appelle JackButtler. – Eh bien, ditMilady, sivous tenez votreparole, cen’est pascinq cents, maismille pistoles quejevous donnerai. – Hurrah pourvousalors, mabelle dame, crialecapitaine, etpuisse Dieum’envoyer souventdespratiques comme VotreSeigneurie ! – En attendant, ditFelton, conduisez-nous danslapetite baiedeChichester, enavant dePortsmouth ; vous savez qu’ilestconvenu quevous nous conduirez là. » Le capitaine réponditencommandant lamanœuvre nécessaire, etvers lessept heures dumatin lepetit bâtiment jetaitl’ancre danslabaie désignée. Pendant cettetraversée, Feltonavaittoutraconté àMilady : comment, aulieu d’aller àLondres, ilavait frété le petit bâtiment, commentilétait revenu, comment ilavait escaladé lamuraille enplaçant danslesinterstices des pierres, àmesure qu’ilmontait, descrampons, pourassurer sespieds, etcomment enfin,arrivé aux barreaux, ilavait attaché l’échelle, Miladysavaitlereste. De son côté, Milady essayad’encourager Feltondanssonprojet, maisauxpremiers motsquisortirent desa bouche, ellevitbien quelejeune fanatique avaitplutôt besoin d’êtremodéré qued’être affermi. Il fut convenu queMilady attendrait Feltonjusqu’à dixheures ; siàdix heures iln’était pasderetour, elle partirait. Alors, ensupposant qu’ilfûtlibre, illa rejoindrait enFrance, aucouvent desCarmélites deBéthune.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles