La Curée Ce ton railleur la blessait.
Publié le 11/04/2014
Extrait du document
«
Elle éclata de rire, des lueurs de folie luisaient dans ses yeux.
Elle continua, en serrant plus étroitement son
amant.
\24 Est-ce que nous faisons le mal, nous autres! Nous nous aimons, nous nous amusons comme il nous plaît.
Tout le monde en est là, n'est-ce pas?...
Vois, ton père ne se gêne guère.
Il aime l'argent et il en prend où il en
trouve.
Il a raison, ça me met à l'aise...
D'abord, je ne signerai rien, et puis tu reviendras tous les soirs.
J'avais
peur que tu ne veuilles plus, tu sais, pour ce que je t'ai dit...
Mais puisque ça ne te fait rien...
D'ailleurs, je lui
fermerai ma porte, tu comprends, maintenant.
Elle se leva, elle alluma la veilleuse.
Maxime hésitait, désespéré.
Il voyait la sottise qu'il avait commise, il se
reprochait durement d'avoir trop causé.
Comment annoncer son mariage maintenant! C'était sa faute, la
rupture était faite, il n'avait pas besoin de remonter dans cette chambre, ni surtout d'aller prouver à la jeune
femme que son mari la dupait.
Et il ne savait plus à quel sentiment il venait d'obéir, ce qui redoublait sa
colère contre lui-même.
Mais s'il eut la pensée, un instant, d'être brutal une seconde fois, de s'en aller, la vue
de Renée qui laissait tomber ses pantoufles, lui donna une lâcheté invincible.
Il eut peur, il resta.
Le lendemain, quand Saccard vint chez sa femme pour lui faire signer l'acte de cession, elle lui répondit
tranquillement qu'elle n'en ferait rien, qu'elle avait réfléchi.
D'ailleurs, elle ne se permit pas même une
allusion; elle s'était juré d'être discrète, ne voulant pas se créer des ennuis, désirant goûter en paix le
renouveau de ses amours.
L'affaire de Charonne s'arrangerait comme elle pourrait; son refus de signer n'était
qu'une vengeance; elle se moquait bien du reste.
Saccard fut sur le point de s'emporter.
Tout son rêve croulait.
Ses autres affaires allaient de mal en pis.
Il se trouvait à bout de ressources, se soutenant par un miracle
d'équilibre; le matin même, il n'avait pu payer la note de son boulanger.
Cela ne l'empêchait pas de préparer
une fête splendide pour le jeudi de la mi-carême.
Il éprouva, devant le refus de Renée, cette colère blanche
d'un homme vigoureux arrêté dans son oeuvre par le caprice d'un enfant.
Avec l'acte de cession en poche, il
comptait bien battre monnaie, en attendant l'indemnité.
Puis, quand il se fut un peu calmé et qu'il eut
l'intelligence nette, il s'étonna du brusque revirement de sa femme à coup sûr, elle avait dû être conseillée.
Il
flaira un amant.
Ce fut un pressentiment si net qu'il courut chez sa soeur pour l'interroger, lui demander si elle
ne savait rien de la vie cachée de Renée.
Sidonie se montra très aigre.
Elle ne pardonnait pas à sa belle-soeur
l'affront qu'elle lui avait fait en refusant de voir M.
de Saffré.
Aussi, quand elle comprit, aux questions de son
frère, que celui-ci accusait sa femme d'avoir un amant, s'écria-t-elle qu'elle en était certaine.
Et elle s'offrit
d'elle-même pour espionner « les tourtereaux » Cette pimbêche verrait comme cela de quel bois elle se
chauffait.
Saccard, d'habitude, ne cherchait pas les vérités désagréables; son intérêt seul le forçait à ouvrir des
yeux qu'il tenait sagement fermés.
Il accepta l'offre de sa soeur.
\24 Va, sois tranquille, je saurai tout, lui dit-elle d'une voix pleine de compassion...
Ah! mon pauvre frère, cc
n'est pas Angèle qui t'aurait jamais trahi! Un mari si bon, si généreux! Ces poupées parisiennes n'ont pas de
coeur...
Et moi qui ne cesse de lui donner de bons conseils!
PARTIE VI
\24\24\24\24-
Il y avait bal travesti, chez les Saccard, le jeudi de la mi-carême.
Mais la grande curiosité était le poème des
Amours du beau Narcisse et de la nymphe Echo, en trois tableaux, que ces dames devaient représenter.
L'auteur de ce poème, M.
Hupel de la Noue, voyageait depuis plus d'un mois, de sa préfecture à l'hôtel du
parc Monceau, afin de surveiller les répétitions et de donner son avis sur les costumes.
Il avait d'abord songé
à écrire son oeuvre en vers; puis il s'était décidé pour des tableaux vivants; c'était plus noble, disait-il, plus
près du beau antique.
La Curée
PARTIE VI 124.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- La Curée, ZOLA Roman naturaliste : se réclame de la science (lier littérature et science).
- La Curée (la Fortune des Rougon) de Zola (résumé)
- CURÉE (La). (résumé & analyse)
- Émile Zola LA CURÉE (1872)
- CURÉE (La) Émile Zola (résumé & analyse)