La Curée Voici les deux cent mille francs de billets souscrits par ma femme; vous les lui donnerez en paiement, et vous ajouterez cent mille francs que je vous porterai demain dans la matinée.
Publié le 11/04/2014
Extrait du document
«
Alors Saccard se dandina, fut galant.
Laure d'Aurigny vint les rejoindre un moment; elle se plaignait de ce
que Maxime lui rendît à peine visite une fois par mois.
Mais il prétendit avoir été très occupé, ce qui fit rire
tout le monde.
Il ajouta que désormais on ne verrait plus que lui.
\24 J'ai écrit une tragédie, dit-il, et j'ai trouvé le cinquième acte hier seulement...
Je compte me reposer chez
toutes les belles femmes de Paris.
Il riait, il goûtait ses allusions, que lui seul pouvait comprendre.
Cependant, il ne restait plus dans le salon,
aux deux coins de la cheminée, que Rozan et Larsonneau.
Les Saccard se levèrent, ainsi que la dame blonde,
qui demeurait dans la maison.
Alors la d'Aurigny alla parler bas au duc.
Il parut surpris et contrarié.
Voyant
qu'il ne se décidait pas à quitter son fauteuil:
\24 Non, vrai, pas ce soir, dit-elle à mi-voix.
J'ai une migraine!.
Demain, je vous le promets.
Rozan dut obéir.
Laure attendit qu'il fût sur le palier pour dire vivement à l'oreille de Larsonneau:
\24 Hein! grand Lar, je suis de parole...
Fourre-le dans sa voiture.
Quand la dame blonde prit congé de ces messieurs, pour remonter à son appartement, qui était à l'étage
supérieur, Saccard fut étonné de ce que Maxime ne la suivait pas.
\24 Eh bien? lui demanda-t-il.
\24 Ma foi, non, répondit le jeune homme J'ai réfléchi...
Puis il eut une idée qu'il crut très drôle:
\24 Je te cède la place si tu veux.
Dépêche-toi, elle n'a pas encore fermé sa porte.
Mais le père haussa doucement les épaules, en disant:
\24 Merci, j'ai mieux que cela pour l'instant, mon petit.
Les quatre hommes descendirent.
En bas, le duc voulait absolument prendre Larsonneau dans sa voiture; sa
mère demeurait au Marais, il aurait laissé l'agent d'expropriation à sa porte, rue de Rivoli.
Celui-ci refusa,
ferma la portière lui-même, dit au cocher de partir.
Et il resta sur le trottoir du boulevard Haussmann avec les
deux autres, causant, ne séloignant pas.
\24 Ah! ce pauvre Rozan! dit Saccard, qui comprit tout à coup.
Larsonneau jura que non, qu'il se moquait pas mal de ça, qu'il était un homme pratique.
Et, comme les deux
autres continuaient à plaisanter et que le froid était très vif, il finit par s'écrier:
\24 Ma foi, tant pis, je sonne!...
Vous êtes des indiscrets, messieurs.
\24 Bonne nuit! lui cria Maxime, lorsque la porte se referma.
Et, prenant le bras de son père, il remonta avec lui le boulevard.
Il faisait une de ces claires nuits de gelée où
il est si bon de marcher sur la terre dure, dans l'air glacé.
Saccard disait que Larsonneau avait tort, qu'il fallait
être simplement le camarade de la d'Aurigny.
Il partit de là pour déclarer que l'amour de ces filles était
vraiment mauvais.
Il se montrait moral, il trouvait des sentences, des conseils étonnants de sagesse.
La Curée
PARTIE V 118.
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