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LA FUGUE - Georges Bernanos, Monsieur Ouine.

Publié le 08/03/2011

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bernanos

   Philippe est un adolescent qui, lassé de l'atmosphère familiale, tente une fugue.    « Au fond, pense Philippe, leur nature m'embête. Je n'ai jamais aimé que les routes. La route, elle, sait ce qu'elle veut. Non pas demain : aujourd'hui. Aujourd'hui même. «    « Aujourd'hui... répète-t-il en hâtant le pas, comme enivré. Aujourd'hui même ! «    La belle route ! La chère route ! Vertigineuse amie, promesse immense  L'homme qui l'a faite de ses mains pouce à pouce, fouillée jusqu'au cœur, jusqu'à son cœur de pierre puis enfin polie, caressée, ne la reconnaît plus, croit en elle. La grande chance, la chance suprême, la chance unique de sa vie est là, sous ses yeux, sous ses pas, brèche fabuleuse, déroulement sans fin, miracle de solitude et d'évasion, arche sublime lancée vers l'azur. Il l'a faite, il s'est donné à lui-même ce jouet magnifique et sitôt qu'il a foulé la piste couleur d'ambre, il oublie que son propre calcul en a tracé d'avance l'itinéraire inflexible. Au premier pas sur le sol magique arraché par son art à l'accablante, à la hideuse fertilité de la terre, nu et stérile, bombé comme une armure, le plus abandonné reprend patience et courage, rêve qu'il est peut-être une autre issue que la mort à son âme misérable... Qui n'a pas vu la route à l'aube, entre ces deux rangées d'arbres, toute fraîche, toute vivante, ne sait ce que c'est que l'espérance.    « Aujourd'hui, répète encore Philippe, aujourd'hui même... «    Georges Bernanos, Monsieur Ouine.    Faites un commentaire composé de ce passage ; vous pourrez étudier, par exemple, par quels moyens l'auteur analyse, en même temps qu'il l'exprime, la fascination lyrique de l'évasion.

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