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La psychanalyse selon Freud

Publié le 16/03/2011

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psychanalyse

« Toutes les fois que la psychanalyse envisageait tel ou tel événement psychique comme un produit des tendances sexuelles, on lui objectait avec colère que l'homme ne se compose pas seulement de sexualité, qu'il existe dans la vie psychologique d'autres tendances et intérêts que ceux de nature sexuelle qu'on ne doit pas faire tout dériver de la sexualité, etc... Eh bien! Je ne connais rien de plus réconfortant que le fait de se trouver pour une fois d'accord avec ses adversaires; la psychanalyse n'a jamais oublié qu'il y a des tendances autres que sexuelles, et elle a élevé tout son édifice sur le principe de la séparation nette et tranchée entre tendances sociales et tendances se rapportant au moi, et elle affirme, sans attendre les objections, que les névroses sont des produits non de la société, mais du conflit entre le moi et le sexe.    Il convient de noter que les tendances sexuelles et l'instinct de conservation ne se comportent pas de la même façon à l'égard de la nécessité réelle : les instincts, ayant pour but la conservation et tout ce qui s'y rattache, sont plus accessibles à l'échec, ils apprennent de bonne heure à se plier à la nécessité et à conformer leur développement aux indications de la réalité; ceci se conçoit, attendu qu'ils ne peuvent pas se procurer autrement les objets dont ils ont besoin et sans lesquels l'individu risque de périr. Les tendances sexuelles, qui n'ont pas besoin d'objet au début, et ignorent ce besoin sont plus difficiles à éduquer, menant une existence pour ainsi dire parasitaire, associée à celle des autres organes du corps, susceptibles de trouver une satisfaction autonome sans dépasser le corps de l'individu, elles échappent à l'influence éducatrice de la nécessité réelle, et chez la plupart des hommes elles gardent, sous certains rapports, toute la vie durant, ce caractère arbitraire, capricieux, réfractaire, énigmatique; ajoutez à cela qu'un jeune être cesse d'être accessible à l'éducation au moment même où ses besoins sexuels atteignent leur intensité définitive.    En ce qui concerne les tendances sexuelles, il est évident que du commencement à la fin de leur développement, elles sont un moyen d'acquisition de plaisir, et elles remplissent cette fonction sans faiblir; tel est également au début l'objectif des tendances du moi (Ichtriebe), mais sous la pression de la grande éducatrice qu'est la nécessité, les tendances du moi ne tardent pas à remplacer le plaisir par une modification : la tâche d'écarter la peine s'impose à elles avec la même urgence que celle d'écarter le plaisir; le moi apprend qu'il est indispensable de renoncer à la satisfaction immédiate, de différer l'acquisition du plaisir, de supposer certaines peines et de renoncer en général à certaines sources de plaisir; le moi ainsi éduqué est devenu raisonnable, il ne se laisse plus dominer par le principe de plaisir (lust), mais se conforme au principe de réalité qui, au fond, a également pour but le plaisir, mais un plaisir qui, s'il est différé, a l'avantage d'offrir la certitude que procure le contact avec la réalité et la conformité à ses exigences; le passage du principe de plaisir au principe de réalité constitue un des progrès les plus importants dans le développement du moi; les tendances sexuelles ne franchissent que tard, et comme forcées et contraintes, cette phase de développement du moi... La question de savoir jusqu'à quel point il convient de pousser la séparation entre tendances sexuelles et tendances découlant de l'instinct de conservation est sans grande importance pour la psychanalyse, celle-ci n'a d'ailleurs aucune compétence pour résoudre la question. Toutefois la biologie nous fournit certains indices permettant de supposer que cette séparation a une signification profonde; la sexualité est en effet la seule fonction de l'organisme vivant qui dépasse l'individu et assure son rattachement à l'espèce; il est facile de se rendre compte que l'exercice de cette fonction, loin d'être toujours aussi utile à l'individu que l'exercice de ses autres fonctions, lui crée au prix d'un plaisir excessivement intense des dangers qui menacent sa vie et la suppriment même assez souvent. Il est en outre probable que c'est à la faveur de processus métaboliques particuliers, distincts de tous les autres, qu'une partie de la vie individuelle peut être transmise à la postérité à titre de dispositions. Enfin, l'être individuel qui se considère comme l'essentiel et ne voit dans sa sexualité qu'un moyen de satisfaction parmi tant d'autres, ne forme, au point de vue biologique, qu'un épisode dans une série de générations, qu'une excroissance caduque d'un protoplasme virtuellement immortel, qu'une sorte de possesseur temporaire d'un fidéicommis destiné à lui survivre. «

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