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La Terre desertion de la culture; mais enfin la mere, flattee, avait decide le pere.

Publié le 11/04/2014

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La Terre desertion de la culture; mais enfin la mere, flattee, avait decide le pere. Et, depuis le matin, Nenesse nocait avec les camarades du village, pour les adieux. Un instant, il parut contrarie de trouver la un etranger. Puis, se decidant: --Dis donc, mere, je vas leur payer a diner chez Macqueron. Me faudrait des sous. Fanny le regarda fixement, la bouche ouverte pour refuser. Mais elle etait si vaniteuse, que la presence de Jean la retint. Bien sur que leur fils pouvait depenser vingt francs sans les gener! Et elle disparut, raide et muette. --Tu es donc avec quelqu'un? demanda le pere a Nenesse. Il avait apercu une ombre a la porte. Il s'avanca, et reconnaissant le garcon reste dehors: --Tiens! c'est Delphin.... Entre donc, mon brave! Delphin se risqua, saluant, s'excusant. Lui, etait en cotte et en blouse bleues, chausse de ses gros souliers de labour, sans cravate, la peau deja cuite par le travail au grand soleil. --Et toi, reprit Delhomme qui le tenait en grande estime, est-ce que tu vas partir aussi pour Chartres, un de ces jours? Delphin ecarquilla les yeux; puis, violemment: --Ah! nom de Dieu, non! J'y claquerais, dans leur ville! Le pere eut, sur son garcon, un regard oblique, tandis que l'autre continuait, venant au secours du camarade: --Bon pour Nenesse d'aller la-bas, lui qui porte la toilette et qui joue du piston! Delhomme sourit, car le talent de son fils sur le piston le gonflait d'orgueil. Fanny, d'ailleurs, revenait, la main pleine de pieces de quarante sous, et elle en compta dix, longuement, dans celle de Nenesse, des pieces toutes blanches d'etre restees sous un tas de ble. Elle ne se fiait point a son armoire, elle cachait ainsi son argent, par petites sommes, au fond de tous les coins de la maison, dans le grain, dans le charbon, dans le sable; si bien que, lorsqu'elle payait, son argent etait tantot d'une couleur, tantot d'une autre, blanc, noir ou jaune. --Ca va tout de meme, dit Nenesse pour remerciement. Viens-tu, Delphin? Et les deux gaillards filerent, on entendit leurs rires qui s'eloignaient. Jean alors vida son verre, en voyant le pere Fouan, qui ne s'etait pas retourne pendant la scene, quitter la fenetre et sortir dans la cour. Il prit conge, il retrouva le vieux debout, au milieu de la nuit noire. --Voyons, pere Fouan, voulez-vous aller chez Buteau pour m'avoir Francoise?... C'est vous le maitre, vous n'avez qu'a parler. Le vieillard, dans l'ombre, repetait d'une voix saccadee: --Je ne peux pas... je ne peux pas... QUATRIEME PARTIE 161 La Terre Puis, il eclata, il avoua. C'etait fini avec les Delhomme, il s'en irait le lendemain vivre chez Buteau, qui lui avait offert de le prendre. Si son fils le battait, il souffrirait moins que d'etre tue par sa fille a coups d'epingle. Exaspere de ce nouvel obstacle, Jean parla enfin. --Faut que je vous dise, pere Fouan, c'est que nous avons couche, Francoise et moi. Le vieux paysan eut une simple exclamation. --Ah! Puis, apres avoir reflechi: --Est-ce que la fille est grosse? Jean, certain qu'elle ne pouvait l'etre, puisqu'ils avaient triche, repondit: --Possible tout de meme. --Alors, il n'y a qu'a attendre.... Si elle est grosse, on verra. A ce moment, Fanny parut sur la porte, appelant son pere pour la soupe. Mais il se tourna, il gueula: --Tu peux te la foutre au cul, ta soupe! Je vas dormir. Et il monta se coucher, le ventre vide, par rage. Jean reprit le chemin de la ferme, d'un pas ralenti, si tourmente de chagrin, qu'il se retrouva sur le plateau, sans avoir eu conscience de la route. La nuit, d'un bleu sombre, criblee d'etoiles, etait lourde et brulante. Dans l'air immobile, on sentait de nouveau l'approche, le passage au loin de quelque orage, dont on ne voyait, du cote de l'est, que des reverberations d'eclairs. Et, comme il levait la tete, il apercut, a gauche, des centaines d'yeux phosphorescents qui flambaient, pareils a des chandelles, et qui se tournaient vers lui, au bruit de ses pas. C'etaient les moutons dans leur parc, le long duquel il passait. La voix lente du pere Soulas s'eleva. --Eh bien, garcon? Les chiens, etendus a terre, n'avaient pas bouge, flairant un homme de la ferme. Chasse de la cabane roulante par la chaleur, le petit porcher dormait dans un sillon. Et, seul, le berger restait debout, au milieu de la plaine rase, noyee de nuit. --Eh bien, garcon, est-ce fait? Sans meme s'arreter, Jean repondit: --Il a dit que, si la fille est grosse, on verra. Deja, il avait depasse le parc, lorsque cette reponse du vieux Soulas lui arriva, grave dans le vaste silence: --C'est juste, faut attendre. QUATRIEME PARTIE 162
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« Puis, il eclata, il avoua.

C'etait fini avec les Delhomme, il s'en irait le lendemain vivre chez Buteau, qui lui avait offert de le prendre.

Si son fils le battait, il souffrirait moins que d'etre tue par sa fille a coups d'epingle. Exaspere de ce nouvel obstacle, Jean parla enfin. —Faut que je vous dise, pere Fouan, c'est que nous avons couche, Francoise et moi. Le vieux paysan eut une simple exclamation. —Ah! Puis, apres avoir reflechi: —Est-ce que la fille est grosse? Jean, certain qu'elle ne pouvait l'etre, puisqu'ils avaient triche, repondit: —Possible tout de meme. —Alors, il n'y a qu'a attendre....

Si elle est grosse, on verra. A ce moment, Fanny parut sur la porte, appelant son pere pour la soupe.

Mais il se tourna, il gueula: —Tu peux te la foutre au cul, ta soupe! Je vas dormir. Et il monta se coucher, le ventre vide, par rage. Jean reprit le chemin de la ferme, d'un pas ralenti, si tourmente de chagrin, qu'il se retrouva sur le plateau, sans avoir eu conscience de la route.

La nuit, d'un bleu sombre, criblee d'etoiles, etait lourde et brulante.

Dans l'air immobile, on sentait de nouveau l'approche, le passage au loin de quelque orage, dont on ne voyait, du cote de l'est, que des reverberations d'eclairs.

Et, comme il levait la tete, il apercut, a gauche, des centaines d'yeux phosphorescents qui flambaient, pareils a des chandelles, et qui se tournaient vers lui, au bruit de ses pas.

C'etaient les moutons dans leur parc, le long duquel il passait. La voix lente du pere Soulas s'eleva. —Eh bien, garcon? Les chiens, etendus a terre, n'avaient pas bouge, flairant un homme de la ferme.

Chasse de la cabane roulante par la chaleur, le petit porcher dormait dans un sillon.

Et, seul, le berger restait debout, au milieu de la plaine rase, noyee de nuit. —Eh bien, garcon, est-ce fait? Sans meme s'arreter, Jean repondit: —Il a dit que, si la fille est grosse, on verra. Deja, il avait depasse le parc, lorsque cette reponse du vieux Soulas lui arriva, grave dans le vaste silence: —C'est juste, faut attendre.

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