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La Terre Il se crut vole, il se fouilla, palissant.

Publié le 11/04/2014

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La Terre Il se crut vole, il se fouilla, palissant. Mais les vingt francs etaient bien dans sa poche, la gueuse avait du faire du commerce avec ses oies; et le tour lui sembla drole, il eut un ricanement paternel, en la laissant se sauver. Jesus-Christ n'etait severe que sur un point, la morale. Aussi, une demi-heure plus tard, entra-t-il dans une grande colere. Il s'en allait a son tour, il fermait sa porte, lorsqu'un paysan endimanche, qui passait en bas, sur la route, le hela. --Jesus-Christ! ohe, Jesus-Christ! --Quoi? --C'est ta fille qu'est sur le dos. --Et puis? --Et puis, y a un homme dessus. --Ou ca donc? --La, dans le fosse, au coin de la piece a Guillaume. Alors, il leva ses deux poings au ciel, furieusement. --Bon! merci! je prends mon fouet!... Ah! nom de Dieu de salope qui me deshonore! Il etait rentre chez lui, pour decrocher, derriere la porte, a gauche, le grand fouet de roulier dont il ne se servait que dans ces occasions; et il partit, le fouet sous le bras, se courbant, filant le long des buissons, comme a la chasse, afin de tomber sur les amoureux sans etre vu. Mais, lorsqu'il deboucha, au detour de la route, Nenesse qui faisait le guet, du haut d'un tas de pierres, l'apercut. C'etait Delphin qui etait sur la Trouille, et chacun son tour d'ailleurs, l'un en sentinelle avancee, lorsque l'autre rigolait. --Mefiance! cria Nenesse, v'la Jesus-Christ! Il avait vu le fouet, il detala comme un lievre, a travers champs. Dans le fosse herbu, la Trouille, d'une secousse avait jete Delphin de cote. Ah! fichu sort, son pere! Et elle eut pourtant la presence d'esprit de donner au gamin la piece de cent sous. --Cache-la dans ta chemise, tu me la rendras.... Vite, tire-toi des pieds, nom d'un chien! Jesus-Christ arrivait en ouragan, ebranlant la terre de son galop, faisant tournoyer son grand fouet, dont les claquements sonnaient ainsi que des coups de feu. --Ah, salope! ah, catin! tu vas la danser! Dans sa rage, lorsqu'il eut reconnu le fils au garde champetre, il le manqua, pendant que celui-ci, mal reculotte, s'enfuyait a quatre pattes parmi les ronces. Elle, empetree, la jupe en l'air, ne pouvait nier. D'un coup, qui cingla les cuisses, il la mit debout, la tira hors du fosse. Et la chasse commenca. III 119 La Terre --Tiens, fille de putain!... Tiens, vois si ca va te le boucher! La Trouille, sans une parole, habituee a ces courses, galopait avec des sauts de chevre. L'ordinaire tactique de son pere etait de la ramener ainsi a la maison, ou il l'enfermait. Aussi essayait-elle de s'echapper vers la plaine, esperant le lasser. Cette fois, elle faillit reussir, grace a une rencontre. Depuis un instant, M. Charles et Elodie, qu'il menait a la fete, etaient la, arretes, plantes au milieu de la route. Ils avaient tout vu, la petite les yeux ecarquilles de stupefaction innocente, lui rouge de honte, crevant d'indignation bourgeoise. Et le pis encore fut que cette Trouille impudique, en le reconnaissant, voulut se mettre sous sa protection. Il la repoussa, mais le fouet arrivait; et pour l'eviter, elle tourna autour de son oncle et de sa cousine, tandis que son pere, avec des jurons et des mots de caserne, lui reprochait sa conduite, tournant lui aussi, claquant a la volee, de toute la vigueur de son bras. M. Charles, emprisonne dans ce cercle abominable, etourdi, ahuri, dut se resigner a enfoncer la face d'Elodie dans son gilet. Et il perdait la tete a ce point, qu'il devint lui-meme tres grossier. --Mais, sale trou, veux-tu bien nous lacher! Mais qui est-ce qui m'a foutu cette famille, dans ce bordel de pays! Delogee, la Trouille sentit qu'elle etait perdue. Un coup de fouet, qui l'enveloppa aux aisselles, la fit virer comme une toupie; un autre la culbuta, en lui arrachant une meche de cheveux. Des lors, ramenee dans le bon chemin, elle n'eut plus que l'idee de rentrer au terrier, le plus vivement possible. Elle sauta les haies, franchit les fosses, coupa a travers les vignes, sans craindre de s'empaler au milieu des echalas. Mais ses petites jambes ne pouvaient lutter, les coups pleuvaient sur ses epaules rondes, sur ses reins encore fremissants, sur toute cette chair de fillette precoce, qui s'en moquait d'ailleurs, qui finissait par trouver ca drole, d'etre chatouillee si fort. Ce fut en riant d'un rire nerveux qu'elle rentra d'un bond et qu'elle se refugia dans un coin, ou le grand fouet ne l'atteignait plus. --Donne tes cent sous, dit le pere. C'est pour te punir. Elle jura qu'elle les avait perdus en courant. Mais il ricana d'incredulite, et il la fouilla. Comme il ne trouvait rien, il s'emporta de nouveau. --Hein? tu les as donnes a ton galant... Nom de Dieu de bete! qui leur fout du plaisir et qui les paye! Et il s'en alla, hors de lui, en l'enfermant, en criant qu'elle resterait la toute seule jusqu'au lendemain, car il comptait ne pas rentrer. La Trouille, derriere son dos, se visita le corps, zebre seulement de de deux ou trois bleus, se recoiffa, se rhabilla. Ensuite, tranquillement, elle defit la serrure, travail pour lequel elle avait acquis une extreme adresse; puis, elle decampa, sans meme prendre le soin de refermer la porte: ah bien! les voleurs seraient joliment voles, s'il en venait! Elle savait ou retrouver Nenesse et Delphin, dans un petit bois, au bord de l'Aigre. En effet, ils l'y attendaient; et ce fut le tour de son cousin Nenesse. Lui, avait trois francs, l'autre, six sous. Lorsque Delphin lui eut rendu sa piece, elle decida en bonne fille qu'on mangerait le tout ensemble. Ils revinrent vers la fete, elle leur fit tirer des macarons, apres s'etre achete un gros noeud de satin rouge, qu'elle se piqua dans les cheveux. Cependant, Jesus-Christ arrivait chez Lengaigne, quand il rencontra Becu, qui avait sa plaque astiquee sur une blouse neuve. Il l'apostropha violemment. --Dis donc, toi, si c'est comme ca que tu fais ta tournee!... Sais-tu ou je l'ai trouve, ton Delphin? --Ou ca? III 120

« —Tiens, fille de putain!...

Tiens, vois si ca va te le boucher! La Trouille, sans une parole, habituee a ces courses, galopait avec des sauts de chevre.

L'ordinaire tactique de son pere etait de la ramener ainsi a la maison, ou il l'enfermait.

Aussi essayait-elle de s'echapper vers la plaine, esperant le lasser.

Cette fois, elle faillit reussir, grace a une rencontre.

Depuis un instant, M.

Charles et Elodie, qu'il menait a la fete, etaient la, arretes, plantes au milieu de la route.

Ils avaient tout vu, la petite les yeux ecarquilles de stupefaction innocente, lui rouge de honte, crevant d'indignation bourgeoise.

Et le pis encore fut que cette Trouille impudique, en le reconnaissant, voulut se mettre sous sa protection.

Il la repoussa, mais le fouet arrivait; et pour l'eviter, elle tourna autour de son oncle et de sa cousine, tandis que son pere, avec des jurons et des mots de caserne, lui reprochait sa conduite, tournant lui aussi, claquant a la volee, de toute la vigueur de son bras.

M.

Charles, emprisonne dans ce cercle abominable, etourdi, ahuri, dut se resigner a enfoncer la face d'Elodie dans son gilet.

Et il perdait la tete a ce point, qu'il devint lui-meme tres grossier. —Mais, sale trou, veux-tu bien nous lacher! Mais qui est-ce qui m'a foutu cette famille, dans ce bordel de pays! Delogee, la Trouille sentit qu'elle etait perdue.

Un coup de fouet, qui l'enveloppa aux aisselles, la fit virer comme une toupie; un autre la culbuta, en lui arrachant une meche de cheveux.

Des lors, ramenee dans le bon chemin, elle n'eut plus que l'idee de rentrer au terrier, le plus vivement possible.

Elle sauta les haies, franchit les fosses, coupa a travers les vignes, sans craindre de s'empaler au milieu des echalas.

Mais ses petites jambes ne pouvaient lutter, les coups pleuvaient sur ses epaules rondes, sur ses reins encore fremissants, sur toute cette chair de fillette precoce, qui s'en moquait d'ailleurs, qui finissait par trouver ca drole, d'etre chatouillee si fort.

Ce fut en riant d'un rire nerveux qu'elle rentra d'un bond et qu'elle se refugia dans un coin, ou le grand fouet ne l'atteignait plus. —Donne tes cent sous, dit le pere.

C'est pour te punir. Elle jura qu'elle les avait perdus en courant.

Mais il ricana d'incredulite, et il la fouilla.

Comme il ne trouvait rien, il s'emporta de nouveau. —Hein? tu les as donnes a ton galant...

Nom de Dieu de bete! qui leur fout du plaisir et qui les paye! Et il s'en alla, hors de lui, en l'enfermant, en criant qu'elle resterait la toute seule jusqu'au lendemain, car il comptait ne pas rentrer. La Trouille, derriere son dos, se visita le corps, zebre seulement de de deux ou trois bleus, se recoiffa, se rhabilla.

Ensuite, tranquillement, elle defit la serrure, travail pour lequel elle avait acquis une extreme adresse; puis, elle decampa, sans meme prendre le soin de refermer la porte: ah bien! les voleurs seraient joliment voles, s'il en venait! Elle savait ou retrouver Nenesse et Delphin, dans un petit bois, au bord de l'Aigre.

En effet, ils l'y attendaient; et ce fut le tour de son cousin Nenesse.

Lui, avait trois francs, l'autre, six sous. Lorsque Delphin lui eut rendu sa piece, elle decida en bonne fille qu'on mangerait le tout ensemble.

Ils revinrent vers la fete, elle leur fit tirer des macarons, apres s'etre achete un gros noeud de satin rouge, qu'elle se piqua dans les cheveux. Cependant, Jesus-Christ arrivait chez Lengaigne, quand il rencontra Becu, qui avait sa plaque astiquee sur une blouse neuve.

Il l'apostropha violemment. —Dis donc, toi, si c'est comme ca que tu fais ta tournee!...

Sais-tu ou je l'ai trouve, ton Delphin? —Ou ca? La Terre III 120. »

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