Devoir de Philosophie

La vie et les métiers des provinces françaises

Publié le 07/12/2011

Extrait du document

 

Le Musée national des Arts et traditions populaires, à Paris, présente au public un nouveau programme, d'une rare ampleur et d'un intérêt considérable en ce qui concerne la civilisation traditionneile de la vieiLle France qui disparaît lentement sous nos yeux. La « galerie culturelle « qui vient d'être ouverte couvre un espace de deux miUe cinq c~nts mètres carrés et rassemble quatre mille objets; elle a pour but de reconstituer et de faire revivre certains des aspects de la vie et des métiers des provinces françaises. A la différence de la « galerie d'étude « destinée aux spécialistes, celle-ci veut donner un reflet global de ce qu'était la culture française pré-industrielle; à l'aide de présentations claires et vivantes, qui sont une réussite muséographique, elle vise à intéresser un vaste public, les jeunes comme des adultes. Cette création est importante : il était temps de faire accéder les curieux à l'univers quotidien de nos ·grands-pàrents ou de nos aieux.

« qui sont des tissus domestiques de lin ou de laine, ainsi que des travaux d'aiguille en pro­ venance de différentes régions du Québec.

C'est un artisanat où les teintures végétales sont à l'honneur.

Ces couvertures et couvre-lits, qui datent au moins de la seconde moitié du xix• siècle, sont d'émouvants témoignages sur les techniques et les disciplines des travaux d()mes­ tiques de la province.

Dans tout pays froid, il faut se couvrir, chaudement pendant l'hiver.

Au Québec, cette nécessité favorise la conservation et l'enrichis­ sement d'une traditio·n du tissage qui remonte aux origines françaises de la population et, par là, plonge en plein terroir français.

Très tôt, la couverture de lit a perdu sa seule fonction utilitaire pour devenir décorative.

Tant par la variété des techniques que .par le choix des cou­ leurs ct l'originalité des dessins, cet art domes­ tique a atteint un étonnant degré de perfection au XIX" siècle avec des pièces qui portent des noms aux belles sonorités : la par.esse-bouton­ nue, la boutonnue, la planchée, le point-de­ croix, la brodée, la fleurie, l'appliquée et combien d'autres encore dont l'appellation ap­ partient de la même maniè!'e à la tel'lllinolo­ gie paysanne.

La simplicité des motifs en fait la princi.pale beauté; les éléments décoratirfs traduisent les réalités quotidiennes de la vie terrienne.

Comment mi.eux résumer l'esprit de ces tissages qu'en citant le mot d'une paysanne de Charlevoix à qui on demandait un jour pour­ quoi elle mettait tant d'étoiles et de conifères dans ses tissages, et qui répondait : « Comment en serait-il autrement ? Ici, le ciel et la terre en sont pleins ! » Ce bel art populaire mé­ ritait l'hommage qui lui est rendu.

Il y a en lui des trouvailles .et des réussites .qui le haus­ sent au niveau des meilleures réalisations du folklore de tradition française.

Les hommes et leur mort Louis-Vincent Thomas professeur à la Sor­ bonne et fondateur de la Société de thanato­ logie, publi.e chez Payot un livre qui devrait donner à réfléchir, une Anthropologie de la mort, qui est, jusqu'à présent, la seule étude contemporaine sur le sujet.

La seule surtout qui tente d'analyser ce que signifie la mort dans les sociétés industrielles actuelles par rapport à des sociétés archaïques, ou, si on préfère, tra­ ditionnelles, telles qu'elles subsistent en Afri­ que, continent où l'auteur a beaucoup vécu et où il a pu justement trouver des données de comparaisons.

Car on ne meurt pas en Europe ou en Amérique, aujourd'hui, comme on meurt dans les jeunes pays noirs, et le mort .euro­ péen ou américain n'a rien à vo~r avec le mort africain.

L'Afrique est naturellement prise ici comme modèle, et sans doute, en généralisant, pourrait-on lui substituer l'Amérique indienne ou l'Asie bouddhique.

Sa·ns aller chercher si loin, un ,pays, la, Grèce, est un bon exemple des traditions anciennes relatives à la mort.

Ce qui ap!paraît en tout cas, à la lecture du gros livre de Louis-Vincent Thomas, c'est que la mort n'est plus perçue dans notre univers comme un phénomène mystique.

L'idée d'une vie dans l'Au-delà semble avoir tendance à dis-paraître progressivement.

Et c.ela va si loin que pour un douzième de la population française, les vieux parents mis à l'asile de vieiLlards ne comptent plus et qu'on ne cherche même pas à savoir s'ils sont vivants ou non ! Dans des pays déchristianisés ou fortement marqués par le matérialisme, le Danemark ou d'autres, les morts sont si peu importants qu'il faut parfois chercher lO'ngtemps les héritiers avant de pou­ voir les intéresser au sort de leurs parents.

Il pourrait y avoir dans ces faits la démonstration d'un éclatement de la famille qui irait jusqu'à la négation complète des liens familiaux.

Mais ce n'est pas exactement le cas.

Plus précisément, dans nos sociétés occiden.tales, pourtant si mar­ quées depuis toujours par les religions chto­ niennes, donc par l'idée de la survi.e dans une autre existence, la mort est devenue quelque chose d'encombrant, d'ennuyeux, sinon de hon­ teux.

C'est un mal contre lequel on ne peut rien mais qu'i.l vaut mieux ne pas avouer.

On ne porte plus le deuil.

Les cimetières, dans certaines villes de France, ferment leurs portes à midi.

Linhumation est une cérémonie, si on peut dire, qui se célèbre à la sauvette.

L'im­ portant, pour les défunts en sursis que nous sommes tous est de ·pouvoir payer son enter­ rement avant que le moment en soit venu, pour épargner aux vivants cette inutile dépense.

Sans vouloir pousser les choses jusqu'au paradoxe, on peut tout de même s'étonner d'une telle transformation, qui est récente.

Il n'y a pas une génération, la mort était encore un drame et le rituel qui l'accompagnait n'avait rien perdu de sa signification.

Même chez les agnostiques, ce rituel s'imposait.

Sa disparition serait-eUe le témoignage d'une crise générale ? Louis-Vincent Thomas se garde de cO'nclure.

Il prend seulement le contre-exemple de l'Afrique où les morts sont toujours vénérés, continuent à participer à la vie des vivants, à les secou­ rir, à favoriser les moissons.

La mort a,ppar­ tient à chacun et tout le groupe est responsable de celle d'un des siens.

La mort, sur le conti­ nent noir, n'est ·pas un accident définitif, elle n'est qu'un passage.

Ce qui fait que la société est toujours composés de mortels et de défunts.

On reste là dans le domaine des croyances néo­ lithiques qui a été celui de nos civilisations jusqu'au seuil du xx• siècle, sinon jusqu'à la guerre de 1939.

Le folklore français est, à cet égard, d'une richesse inégalable.

Le rituel mortuaire traduisait la pérennité de l'existence de l'individu en deux états successifs et diffé­ rents.

Ce qui n'est pas seulement une conception chrétienne de la mort, mais en effet une tra­ dition qui remonte aux âges Iles plus lointains.

Dès lors, la question qui se pose est d'un autre ordre.

L'absence ou le refus de la mort dans nos sociétés urbanisées et industrialisées tient-il à un défaut de religion ou est-il lié à une transformation des structures ? Nous avons perdu le contact de la terre, celui de la nature et de la végétation.

La mort et la résur­ rection en font partie.

Pas notre béton !. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles