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La Voix des femmes

Publié le 14/04/2013

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En 1848, la voix des femmes est encore peu entendue. Exclues du champ civique (le suffrage universel acquis sous la IIe République est exclusivement masculin), elles sont, au plan des droits civils, placées sous une tutelle masculine, exercée par le père ou l’époux. C’est contre cette double dépendance, et pour voir enfin consacrée l’égalité juridique entre les sexes, qu’œuvreront les féministes. Le droit au divorce est ainsi devenu un des symboles du mouvement en faveur de l’émancipation des femmes. Accordé dans des conditions libérales en 1792, le régime du divorce a été largement durci avec l’adoption du Code civil en 1804, avant d’être aboli sous la Restauration en 1816. Il faudra attendre l’adoption de la loi Naquet, en 1884, pour que le divorce soit reconnu par la loi.

La Voix des femmes

 

Journal quotidien, socialiste et politique, organe des intérêts de toutes.

 

 

Associer, c’est régner.

 

 

Associer, c’est régner par le droit du nombre ; mais le nombre, pour être fort, doit être grand. Agglomérer sans but, ce n’est pas unir, c’est embarrasser. Nous qui aimons l’ordre et qui avons rallié à notre cause les dévouements les plus éprouvés, nous n’embarrasserons ni le gouvernement, ni nous-mêmes, et nous organiserons. Ce que femme veut, Dieu le veut, le proverbe n’est pas d’hier, il ne s’agit que de le justifier…

 

 

…Voici ce qu’on lisait sur les murs de la ville de Rouen, le 25 mars :

 

 

Demande en DIVORCE.

 

 

Par les femmes séparées judiciairement ; habitant le département de la Seine-Inférieure.

 

 

Les FEMMES qui n’auraient point encore fait leur demande, sont invitées par leurs compagnes d’infortune de la faire dans le plus bref délai.

 

 

Cette demande se fait par pétition adressée à l’honorable citoyen Frédric Deschamps, commissaire du Gouvernement provisoire du département de la Seine-Inférieure.

 

 

Nous implorons la protection et l’opinion de nos très chers compatriotes, nos frères, nos amis.

 

 

Salut et Fraternité.

 

 

VIVE LA RÉPUBLIQUE

 

 

Rouen le 23 mars 1848.

 

 

On demande, dès maintenant, le divorce ; c’est un peu se hâter. Il ne faut rien précipiter et poser les principes avec mesure. Ce qu’il est bon de remarquer, c’est que l’inviolabilité du contrat de mariage semble plus sûre dans les pays où il est permis d’y porter atteinte et de le rompre. Pour qui demande-t-on le divorce ? pour les époux mal assortis. — Les autres n’ont pas à le craindre. Le bonheur rend doux tous les devoirs !…

 

 

Source : la Voix des femmes, journal quotidien, socialiste et politique, organe des intérêts de toutes, 3 avril 1848.

 

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