Le gorille Vous avez bien fait, me dit Laure, car si vous aviez accepté ce que M.
Publié le 12/04/2014
Extrait du document
«
question.»
\24Que dis-tu de cela, Adrien? fit Mayran en passant à M.
de Vermont le journal qu'il venait de lire.
\24J'ai vu ailleurs de semblables ordures, repartit le sceptique; dans certains pays d'Amérique, cela se fait
couramment et avec non moins d'effronterie.
\24Cela ne se pratique pas encore avec impunité en France, repartit Paul avec emportement, et malheur à
l'auteur, quel qu'il soit, de cette infamie! L'ayant lue, vous vous en souvenez, je levai brusquement la séance et
je repartis pour la campagne.
Mayran, en sa qualité de général, se montrait d'autant plus froid que les situations étaient plus graves.
\24Il y a ici quelqu'un en mauvaise passe, dit-il, mais qui? La réputation de Mme Berwick, dont on mettra le
nom sur l'initiale incriminée.
Berwick, qui évidemment ne se bat pas! Le journaliste? Il se retranchera derrière
Berwick.
Il excipera, comme on dit, de sa bonne foi, et si Paul pourfend le journaliste, le banquier reste
debout.
\24Une provocation, dit Adrien, n'atteint donc pas le coupable.
Elle met Mme Berwick en cause, et elle
n'expose que Paul.
\24Il doit être pourtant possible de forcer Berwick à se battre, et je l'y forcerai, dussé-je le souffleter
publiquement et périodiquement.
\24Tu iras en correctionnelle pour voies de fait, lui dit Vermont; et devant les tribunaux le nom de ta pauvre
Dulcinée sera livré en pâture aux quolibets.
Est-ce là ton but? Non, évidemment.
Le général était pensif.
\24Il y a, dit-il, une chose que je n'aperçois pas.
Quel intérêt Berwick a-t-il à diffamer sa femme, dans une
feuille publique et à provoquer, de la part de l'homme qui s'intéresse à elle, des représailles inévitables?
\24Affaire de chantage, riposta M.
de Vermont.
Avec le tendre intérêt que notre ami porte à sa fille, il payera,
pour faire taire, comme il a payé déjà pour sauver Mme Berwick d'un ignoble guet-apens!
\24On n'a pas tous les jours 300,000 fr.
sous la main, ajouta M.
de Breuilly avec une ironique tristesse.
En
attendant, messieurs, continua-t-il avec emportement, les faits se réduisent à ceci: Laure est aux mains d'un
assassin, d'un empoisonneur, et Laure est ma fille! Elle n'a de protecteur que moi.
Je tuerai le gorille, je tuerai
Berwick.
Parlons seulement des voies, moyens et armes.
Vous serez naturellement mes témoins, et je suis
l'offensé.
\24Dieu sait, dit le général, si je respecte tes sentiments, ton anxiété, ta colère.
Mais voilà de ces extrémités
auquel l'amour nous porte, et que, pour ma part, j'avoue n'avoir jamais connues! Et encore, s'il s'agissait de
Charlotte elle-même, qui n'est plus, mais c'est de sa fille qu'il s'agit, et sa fille ne porte pas ton nom!
\24C'est pourtant le seul enfant qui me reste, repartit le comte avec un sanglot dans la gorge; tu n'as pas comme
moi, Gustave, perdu les deux autres!
\24J'aimerais mieux pour toi, répliqua Mayran, que tu n'eusses jamais rencontré ni adopté cette enfant-là! Mais
revenons à notre sujet: il y a devant nous, comme tu le dis, un gorille qui torture une femme.
Une femme qui
est ta fille! Il faut tuer le gorille pour la sauver.
Eh bien! Nous allons au journal; nous demandons à parler à Le gorille
XIV 54.
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