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L'emprise économique

Publié le 12/06/2011

Extrait du document

« Au point de vue économique, pourquoi des colonies ?... La forme première de la colonisation, c'est celle qui offre un asile et du travail au surcroît de population des pays pauvres ou de ceux qui renferment une population exubérante. Mais il y a une autre forme de colonisation : c'est celle qui s'adapte aux peuples qui ont, ou bien un superflu de capitaux, ou bien un excédent de produits. Et c'est là la forme moderne, actuelle, la plus répandue et la plus féconde... Les colonies sont, pour les pays riches, un placement de capitaux des plus avantageux... Je dis que la France, qui a toujours regorgé de capitaux et en a exporté des quantités considérables à l'étranger [...], a intérêt à considérer ce côté de la question coloniale. « Mais, messieurs, il y a un autre côté plus important de cette question, qui domine de beaucoup celui auquel je viens de toucher. La question coloniale, c'est, pour les pays voués par la nature même de leur industrie à une grande exportation, comme la nôtre, la question même des débouchés... Au temps où nous sommes et dans la crise que traversent toutes les industries européennes, la fondation d'une colonie, c'est la création d'un débouché... N'êtes-vous pas frappés du mouvement qui, depuis un si petit nombre d'années, deux ans à peine, s'est emparé de l'esprit public en Allemagne ?... Le gouvernement allemand a compris qu'il devait se préoccuper, dans l'état du monde, de la question des débouchés : c'est alors qu'avec la vigueur et la résolution qu'il sait mettre en toutes choses, il s'est jeté — on peut se servir de cette expression — dans la politique coloniale... «

Jules FERRY, avocat et homme d'État français (1832-1893), extrait du discours à la Chambre des députés du 28 juillet 1885.

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